Coronavirus : des conseils aux séniors pour bien vivre le confinement et rester en forme…

Le confinement pour les séniors peut avoir des conséquences physiques et mentales fâcheuses. Quels conseils de spécialistes pour les éviter ?

Coronavirus : des conseils aux séniors pour bien vivre le confinement et rester en forme. Sport à domicile

Comme tous les Français, Gérard S., Parisien de 82 ans, est en confinement depuis plusieurs jours. Veuf, il vit seul. Lui qui a l’habitude de se rendre à la salle de sport tous les jours, et de se balader dans Paris, ne sort plus désormais que pour se ravitailler à l’heure de moindre affluence. « Je sais que je suis la cible du virusalors je fais très attention », témoigne-t-il soucieux. Seulement voilà, si le confinement est une nécessité absolue pour protéger les personnes les plus fragiles. « Il peut entrainer également des conséquences fâcheuses sur la santé physique et mentale de nos aînés », expose Gaël Chetelat, directrice de recherche à l’Inserm qui dirige l’étude européenne Silver Santé Study dont le but est d’identifier les facteurs déterminants de la santé mentale et du bien-être des seniors. Tout d’abord, l’isolement peut, retarder les secours : « Si d’ordinaire ces personnes reçoivent des visites (famille, voisins, aide-ménagère…etc) qui aujourd’hui ne viennent plus, il y a un risque de passer à côté d’une chute ou d’une pathologie, expose Gaël Chetelat. C’est pourquoi il faut que les personnes âgées aient absolument un référent à qui demander de l’aide par téléphone, au cas où. »

Se lever toutes les heures 

Mais le confinement, c’est aussi la restriction des déplacements. « Sur le plan physique, les principaux risques du confinement sont liés à l’inactivité physique et à la sédentarité, qui entraînent une diminution  de la masse musculaire et des capacités cardio-respiratoires », assure ainsi Lucile Bigot, docteure en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), responsable scientifique et technique au sein de la société Mooven qui propose de l’activité physique par Visio conférence. Or pour assurer les tâches de la vie quotidienne, « les capacités musculaires et cardiorespiratoires sont essentielles tout au long de la journée car elles permettent de se lever, d’attraper un paquet dans le placard, de se baisser pour ramasser un objet… Si on ne maintient pas une activité physique régulière, la diminution de ces fonctions engendre petit à petit le désengagement dans les tâches quotidiennes jusqu’à entrainer une perte réelle d’autonomie ».

Lucile Bigot est  très claire sur ce point : « Pour éviter cela, il faut sortir et marcher si possible au moins 30 minutes par jour à bonne allure ». Mais en cette période où les déplacements extérieurs sont limités « il faut absolument penser à se lever au minimum toutes les 1h à 1h30, et mobiliser les grands groupes musculaires, c’est-à-dire les bras, les jambes, et réaliser de petits exercices quelques minutes ». Gérard S. a  réservé un coin de son appartement, pour y installer une serviette au sol et y faire des mouvements de gymnastique, conscient qu’« il faut se faire une routine pour garder la motivation » 

Avoir une activité physique dynamique

Pour aider les personnes confinées à faire de l’exercice à domicile, le ministère des Sports recommande, lui aussi, « une pratique minimale d’activités physiques dynamiques est recommandée, correspondant à 1 heure par jour pour les enfants et les adolescents, et à 30 minutes par jour pour les adultes. » Tout en conseillant toutefois, de « ne pas pratiquer d’activité physique si vous avez de la fièvre (en cas de température supérieure ou égale à 38°C). » Le ministère renvoie également sur des applications gratuites, Be Sport (disponible sur Apple Store et Google Play), My Coach : application Activiti (bientôt disponible sur Apple Store et Google Play) Goove app (web-application disponible sans téléchargement). Selon un communiqué du ministère, « ces applications qui ont déjà conventionné avec de nombreuses fédérations sportives ainsi qu’avec le Comité National Olympique et Sportif Français, s’engagent à proposer gratuitement, dans les jours à venir, aux Françaises et aux Françaises leurs contenus conçus par des professionnels du sport, mais également de la santé et de l’activité physique adaptée. »

Gérer son stress

Autre conséquence possible de l’isolement : l’angoisse et le stress. « La solitude et la situation sanitaire anxiogène peuvent générer un sentiment d’angoisse chez des personnes âgées, assure Gaël Chetelat. Il est donc important qu’elles aient des contacts autres que les nouvelles alarmantes de la radio et la télévision, pour relativiser. Sinon il y a un risque de dépression, lié à un sentiment de solitude, d’abandon. » Pour vaincre ce sentiment qui peut être délétère pour la santé dans la population générale, il faut vaincre l’isolement social. Et pour cela, les moyens de communication actuels sont un atout formidable.  » Il faut que les gens s’organisent, pour prendre contact quotidiennement. Si possible faire des groupes What’s app, skype, pour se retrouver tous les jours et discuter, assure Gaël Chetelat. Gérard S. qui parle à ses filles au téléphone ou par skype le reconnaît, il est anxieux. « Cette situation, totalement inconnue pour moi, me fait penser tout le temps à la mort, ça me fait du bien d’en parler. »

« Les contacts sont cruciaux dans cette crise, renchérit Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale, auteur de La contagion émotionnelleCar en plus de la contagion du virus il y a la contagion de la peur.  Et chez nos aînés cela fait courir le risque d’hypertension, de hausse de la glycémie, etc. il y a donc un grand enjeu pour faire baisser l’angoisse. » Le chercheur conseille la lecture, le soin des animaux domestiques, mais aussi « ouvrir des albums photos pour se remémorer des souvenirs et activer des émotions positives« avec, surtout, « la mise en place d’une routine régulière pour garder un rythme ». Gaël Chetelat recommande, en plus, la pratique de la méditation « particulièrement bien adaptée au fait de rester chez soi » et dont les bénéfices sont multiples (lire dossier Sciences et Avenir). En 2017, une première étude de son équipe a montré que le cerveau d’expert en méditation avait un meilleur métabolisme que celui de témoins.

Bien s’alimenter 

La spécialiste pointe enfin l’alimentation. « Il est bénéfique de privilégier une alimentation de type méditerranéen (riche en fruits, en légumes, poisson, huile d’olive, céréales complètes, légumes secs, noix, fromage frais ou yaourt, viandes maigres) qui a montré ses bénéfices pour améliorer les fonctions cognitives et cardio-vasculaires ». Et la chercheuse de conclure « n’oubliez pas de vous faire plaisir aussi. Avec le stress on peut avoir particulièrement envie de chocolat et il ne faut pas culpabiliser pour cela ! ».

Source SCIENCES AVENIR.

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