Dépendance: les Français n’anticipent pas…

Pour 8 personnes sur 10, la perte d’autonomie liée au grand âge est une préoccupation sérieuse.

Mais elles sont presque autant à ne pas se prémunir contre ce risque… Encore un paradoxe français.

Dépendance: les Français n’anticipent pas...

Publié le 21 janvier 2016, le 8e baromètre Autonomie OCIRP -France info- Le Monde est l’occasion de mesurer la perception par l’opinion des enjeux liés à la perte d’autonomie et au vieillissement de la société française. Un baromètre éclairant à l’heure de l’entrée en vigueur de la loi d’Adaptation de la société au vieillissement (Asav). En voici les points clés:

 • Une réelle prise de conscience

La perte d’autonomie est un « sujet primordial ou important » pour 78,6% des 1600 personnes interrogées (particuliers, salariés, délégués syndicaux et directeur des ressources humaines). Vieillissement global de la société oblige, la prise de conscience est bien réelle. Et ils jugent d’ailleurs nécessaire d’instaurer un financement ambitieux et pérenne de l’aide au grand âge, ce qu’aucun gouvernement, depuis dix ans, n’est parvenu à faire. 84% des sondés estiment  donc qu’une réforme dans ce domaine doit intervenir d’ici à 2022. Le coût des maisons de retraite, notamment, figure dans leurs préoccupations et 64% des Français souhaitent une réduction du reste à charge payé par les résidents. Au final, 62% ignorent le coût mensuel moyen payé par une personne en  perte d’autonomie: 1800€ à domicile et 2500€ en établissement avec un reste à charge de 1000€.  « L’information sur le coût réel et sur le reste à charge doit être développée », souligne l’OCIRP.

• Un financement mixte privilégié

Réalistes, les Français sont partisans d’un financement mixte du risque autonomie. 6 sur 10  estiment que cette question relève de la solidarité nationale – tel est le cas aujourd’hui avec l’Allocation personnalisée d’autonomie APA –, renforcée par une assurance complémentaire. Ce choix du « panachage » de l’aide publique et de l’assurance ne cesse de progresser dans l’opinion. 47,7% des sondés y étaient favorables en 2010, ils sont 60,3% en 2016. Près du quart (23,6%) plébiscitent une prise en charge exclusive par l’Etat et près de 10% optent pour une aide financée directement par l’individu. L’assurance autonomie est perçue comme une solution par 61% des salariés et des particuliers interrogés. Et quitte à choisir cette voie, plus de 67% des Français manifestent leur préférence pour le contrat collectif, souscrit via l’entreprise, plutôt que pour l’assurance individuelle (27%). Dans cette hypothèse, ils jugent acceptable, à près de 77%, une cotisation équivalant à 1 euro par jour. Selon l’Ocirp, ce montant prélevé à partir de 40 ans, permet de percevoir une rente mensuelle de 900 euros en cas de perte d’autonomie survenant à 80 ans.

• Des réticences à franchir le pas

Le baromètre 2016 traduit donc une certaine clairvoyance des Français face aux enjeux du financement de la prise en charge de la dépendance. Mais il pointe également un paradoxe de taille : si 78% pensent qu’il faut se prémunir contre ce risque, 74% reconnaissent n’être pas couvert financièrement contre la perte d’autonomie… Comment expliquer ce grand écart? « Outre les questions de coût, ce blocage est probablement à rapprocher de la peur du vieillissement et de la perte d’autonomie, note l’OCIRP, le tabou ou le déni reste puissants en dépit des débats et du lancement de thèmes positifs comme le bien vieillir et la Silver Economie.  La complexité des contrats – dont les critères d’évaluation de la dépendance sont différents de ceux de l’Apa – n’est pas étrangère à ce faible taux de souscription. Et les Français veulent être rassurés en la matière. D’ailleurs, plus de 67% sont favorables à une labellisation par l’Etat de contrats d’assurance autonomie et près de 55% souhaitent qu’ils soient assortis d’incitations fiscales.

L’OCIRP, (Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance) regroupe 22 institutions de prévoyance et de protection sociale, dont les poids lourds du secteur : AG2R La mondiale, Klesia, Audiens, Humanis, Malakoff Médérick, etc. L’Ocirp est favorable à la mise en place d’une protection mixte de la perte d’autonomie, mêlant la solidarité nationale et l’assurance complémentaire, et propose déjà une garantie dépendance aux entreprises.

Source NOTRE TEMPS.

Pour marque-pages : Permaliens.