Handicap : Le Covid-19 plombe les chances professionnelles des jeunes…

EMPLOI – Les jeunes demandeurs d’emploi en situation de handicap sont doublement vulnérables face à la crise économique et sanitaire.

Handicap : Le Covid-19 plombe les chances professionnelles des jeunes

 

Janvier 2020. Samy est en année de césure en Chine. Il achève un stage dans un grand groupe, après un double master en marketing entre l’université de finance et d’économie de Chengdu (Sichuan, Chine) et l’École de management de Strasbourg. Grâce à sa formation, il ne doute pas de trouver du travail à son retour en France : « La situation économique était au beau fixe. Rien ne laissait présager ce qui allait nous tomber sur le coin de la figure. » S’il éprouve de l’appréhension, c’est quant à la possibilité de bénéficier d’aménagements adéquats dans sa future entreprise, car il est hémiplégique, « paralysé de tout un côté du corps ».

Lorsque survient la pandémie de coronavirus, il est rapatrié et propulsé dans un marché du travail en pleine crise économique, aux côtés de 750.000 jeunes demandeurs d’emploi. Cette année-là, le chômage atteint 20,2 % chez les 15-24 ans (Insee). Le chiffre monte à 30 % pour ceux en situation de handicap ( APF France handicap). Une inégalité antérieure à la crise, ainsi que le souligne Pierre Mignonat, président de 100 % Handinamique, association vouée à l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap.

« Beaucoup vont s’inscrire en bac professionnel ou en CAP, sur les conseils de leurs professeurs. » Valérie Viné Vallin, docteur en sciences de l’éducation

C’est en amont de la vie active que s’ancrent les différences de traitement entre les porteurs de handicap et les autres. « Peu d’entre eux envisagent d’effectuer des études dans le supérieur, regrette Valérie Viné Vallin, docteure en sciences de l’éducation et de la formation. Beaucoup vont s’inscrire en bac professionnel ou en CAP, sur les conseils de leurs professeurs. Lorsqu’on regarde les chiffres de l’Insee, le taux de chômage de cette tranche de diplôme est de 22 %. Ces jeunes ont certes une qualification à l’issue de leurs études, mais parviennent-ils à s’insérer dans la société ? De surcroît, ces formations dites “plus faciles” correspondent-elles à ce qu’ils souhaitent être et devenir ? »

Des « handicafés » par visioconférence

Pour accompagner les jeunes en situation de handicap dans leur insertion professionnelle, des associations comme 100 % Handinamique redoublent d’inventivité face aux difficultés posées par la crise sanitaire. « Avec la visioconférence, nous avons pu maintenir et étendre géographiquement nos “handicafés”, des sessions de rencontres entre jeunes et employeurs », se réjouit le président de l’association. Grâce à cette initiative, Samy a décroché son premier CDD comme recruteur de talents chez Accenture, un an après l’obtention de son diplôme.

« La crise a compliqué mon entrée dans la vie active, mais, paradoxalement, elle m’a ouvert des portes. Comme je ne trouvais pas d’emploi après mon retour en France, j’ai fait un stage de six mois au secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées. Moi qui pensais suivre le parcours type d’un étudiant d’école de commerce, je me suis pris de passion pour les questions de diversité et les ressources humaines. » Un exemple à suivre pour les jeunes en situation de handicap, mais également pour les employeurs. « Nous avons besoin de témoignages de réussite, pour faire comprendre aux recruteurs que ces jeunes ont des capacités qu’ils pourraient mettre à profit dans leur entreprise », insiste le président de 100 % Handinamique. À bon entendeur…

Source 20 MINUTES.

 

Pour marque-pages : Permaliens.