Autisme. Les deux mondes d’Emmanuelle, une collégienne de 12 ans..

Etre autiste dans l’univers du collège ou être l’ami d’un collégien autiste.

Pour un jeune de 12 ans, ces situations ne sont pas toujours simples à gérer.

Nous sommes allés dans le collège Fénelon-Notre-Dame à La Rochelle pour recueillir leurs témoignages.

La classe de 5e d'Emmanuelle

 

Si vous cherchez Emmanuelle, 12 ans, diagnostiquée comme ayant des traits autistiques, rendez-vous directement dans la salle du Centre de documentation et d’information de son collège. L’adolescente est un vrai rat de bibliothèque. Elle dévore les livres, ceux qui parlent de mythologie, de magie, de l’Histoire, des religions, tout ce qui présente un aspect ésotérique.

Assise à une table, son blouson rose pâle encore sur le dos, Emmanuelle me confie : « Chacun a son ange gardien, j’aimerais bien connaître le mien. Comme ça, si je le découvre, je pourrai lui montrer mon don et ne pas être mise à l’écart« . Cette phrase m’intrigue et je lui demande quel est son don. « Ah, c’est que je peux voir les esprits, je suis un peu celle qui a un lien avec l’autre monde mais je ne l’avoue jamais« .

Son autre monde

Je ne sais pas vraiment de quel monde Emmanuelle me parle, mais ce n’est pas à moi de le définir. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt comment ces mots sont perçus par les autres élèves. « Ça se passe bien mais parfois j’ai des ennemis. Ils ne comprennent pas mon lien avec l’autre monde. Ils font des petites réflexions, mais je les surmonte. Je sais qu’il faut toujours surmonter les épreuves« .

A plusieurs reprises, Emmanuelle me parle de son empathie très développée et de la compassion, qui la caractérisent.

« Je m’identifie beaucoup au chamanisme »

-Emmanuelle

Ses dilemmes historiques

Tout en feuilletant un livre, la jeune fille me fait part de l’un de ses dilemmes intérieurs : « J’ai des origines espagnoles et j’ai de la pitié pour les Aztèques. Je me dis, dois-je défendre les Aztèques même si je serais alors considérée comme une traitresse ? (vis à vis de ses très très lointains ancêtres conquistadors du 16e siècle). Ou bien, je suis celle qui assiste au massacre et je serais alors seule« . Emmanuelle conclue : « De toutes façons, je sais que c’est trop tard« .

Je la suis dans sa classe, où nous retrouvons les autres élèves. Ils sont en étude, le moment idéal pour les faire parler de leur copine « différente ». Mais c’était sans compter la spontanéité d’Emmanuelle.

Sa communication sans filtre

La jeune fille s’adresse soudain à l’un de ses camarades, Mathis, assis prés d’elle. « Vous voyez, Mathis a un fond extrêmement bon mais il a peur de le montrer. Il a un peu peur que tout le monde se moque de lui parce qu’il est trop sympa. Tu n’es pas profondément antipathique, tu as vraiment de l’empathie parfois » rajoute l’adolescente. Mathis ne s’attendait clairement pas à cette tirade et il se défend mal à l’aise : « Des fois je suis énervé, je la repousse mais je ne le fais pas exprès« .

Emmanuelle est prête à faire un tour complet de chaque élève, mais je préfère l’arrêter. Ses autres copines me parlent de sa gentillesse et effectivement on sent qu’elle a envie de défendre les opprimés, une forme de combattante. Elles avouent aussi être parfois déroutées par ses nombreuses questions et l’absence de tout filtre dans sa communication. Tous et toutes sont unanimes, l’imagination et la créativité d’Emmanuelle imprégnées par ses mondes et ses créatures fantastiques, les impressionnent.

Je quitte ces adolescents à regret. Ils m’ont parlé avec sincérité, en public, sans vraiment s’inquiéter du regard des autres. Preuve que la différence n’est pas tabou, au moins dans cette classe.

Source FRANCE BLEU.

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