Un homme muet depuis quinze ans peut à nouveau s’exprimer grâce à un implant cérébral…

L’exploit consiste à décoder les mots que le patient s’imagine prononcer à haute voix.

 

Ce mercredi 14 juillet, une équipe de recherche californienne a annoncé avoir développé puis testé avec succès un implant cérébral expérimental qui permet de traduire des signaux cérébraux en mots sur un écran d’ordinateur, rapporte The Wall Street Journal.

L’exploit, décrit dans un article du New England Journal of Medicine, marque une étape dans la technologie qui pourrait un jour aider les individus à parler grâce à la pensée. Pour le moment, il est surtout une immense lueur d’espoir pour toutes les personnes qui perdent la parole chaque année, des suites d’un accident ou d’une maladie.

Pour tester cette neuroprothèse vocale, les scientifiques de l’Université de San Francisco ont fait appel à un homme d’une trentaine d’années ayant perdu la parole à la suite d’une paralysie causée par un accident vasculaire cérébral survenu quinze ans auparavant. Le patient, qui communiquait jusque-là grâce à un pointeur et un écran, a accepté de se faire greffer un réseau d’électrodes sur la surface externe du cerveau.

Une machine qui lit dans les pensées

Durant quatre-vingt-une semaines et au cours de cinquante sessions, les chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale de ce patient pendant qu’il observait des mots affichés sur un écran et qu’il s’imaginait les prononcer à voix haute. Ils ont pu identifier avec précision le mot que l’homme prononçait 47% du temps. Puis, lorsqu’ils ont ajouté un algorithme de prédiction des mots –semblable à celui de suggestion automatique des programmes d’e-mail ou de traitement de texte–, la précision a atteint 76%.

«À notre connaissance, il s’agit de la première expérience réussie de décodage direct de mots complets à partir de l’activité cérébrale d’une personne incapable de parler», affirme Dr Eddie Chang, neurochirurgien à l’Université de San Francisco. L’étude a non seulement prouvé que la zone du cerveau responsable de la parole continue de fonctionner des années après la perte de la capacité de parler, mais elle a également démontré que les ordinateurs peuvent être capables de décoder des mots complets à partir de l’activité cérébrale, et pas seulement des lettres, souligne Amy Orsborn, professeure adjointe en bio-ingénierie de l’Université de Washington.

Toutefois, la Dr Orsborn rappelle qu’en raison du taux d’erreur assez élevé, du vocabulaire limité de l’appareil ainsi que du fait qu’il mette beaucoup de temps à reconnaître les mots imaginés, cette technologie n’en est encore qu’à ses balbutiements.

Ni le patient ni sa famille n’ont pour l’instant commenté cette expérience, l’Université de Californie ayant précisé que l’homme préférait rester anonyme. La neuroprothèse vocale qu’il a utilisée n’étant qu’un appareil expérimental, il poursuit évidemment l’étude avec les scientifiques, dont le but est de parvenir à décoder davantage de mots. «Il se sent très épanoui, a confié le Dr Moses, un scientifique de l’université. Il contribue à la recherche à sa manière et en retire beaucoup de joie.»

Source SLATE.

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