Six millions de personnes malentendantes…

Handicap. Comment sensibiliser nos concitoyens à ce handicap invisible, notamment dans l’accès aux activités culturelles ?

« Pourquoi, dans les publicités, insister sur la discrétion des des prothèses auditives ? »

M. Neuville (Ille-et-Vilaine) :

Contrairement aux sourds qui communiquent grâce à la langue des signes, nous, malentendants et devenus sourds, utilisons nos oreilles équipées de prothèses auditives ou d’implants cochléaires, et nous avons aussi besoin d’aides techniques pour suppléer aux limites de ces prothèses, en particulier dans les situations bruyantes (réunions de famille ou de travail, guichets des services publics, tels que La Poste et la SNCF…) ou pour capter correctement le son des films, conférences, spectacles, visites de musées ou de ville, etc.

On estime qu’il y a en France six millions de personnes malentendantes. Voici quelques-unes des demandes qu’elles formulent :

L’installation dans tous les lieux collectifs fréquentés par les malentendants d’une boucle magnétique (BIM) préconisée par la loi sur l’accessibilité de 2005 : ce système, très facile d’utilisation pour ses usagers, permet d’envoyer un son de meilleure qualité directement dans les prothèses auditives. Cette boucle fonctionne par exemple à Rennes, aux Champs libres (salle de conférences et planétarium), au musée des Beaux-Arts, au TNB (théâtre et salles de cinéma) dans certaines salles du Gaumont et dans certains cinémas de la périphérie rennaise… Ce système, lorsqu’il est bien installé, donne entière satisfaction.

D’autres systèmes, en apparence innovants parce qu’ils sont basés sur le wifi, sont arrivés sur le marché. Ils ont séduit certains gestionnaires de sites. Or ces systèmes sont moins faciles à utiliser que la BIM (nous les avons testés), délivrent un son de moindre qualité et supposent la possession d’un smartphone par leurs utilisateurs, ce que nous jugeons discriminatoire.

Dans les cinémas, la projection de films existe en version française, sous-titrée en français (VFST). Mais la plupart des exploitants refusent de programmer cette possibilité ou ne le font que très rarement « car cela dérange les entendants » : les entendants ne peuvent-ils accepter cette gêne minime (beaucoup l’acceptent pour les films en version originale) pour permettre aux malentendants de profiter de tous les films ?

[…] En conclusion, nous voudrions faire une remarque : pourquoi dans les publicités pour prothèses auditives, par l’écrit comme par l’image, est-il insisté sur la « discrétion » des prothèses ? Serait-il plus honteux d’être sourd que presbyte ?

Nous espérons, par ce courrier, sensibiliser nos concitoyens à ce handicap invisible qu’est la malentendance.

Source OUEST FRANCE.

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