Pour les femmes en situation de handicap, le suivi gynécologique fait défaut. Plus de 40% des femmes handicapées n’ont pas de suivi gynécologique…

Les visites chez le gynécologue sont souvent une source de stress.

Mais pour les femmes handicapées, ces consultations sont encore plus compliquées, ce qui les décourage d’aller se faire soigner.

Pour les femmes en situation de handicap, le suivi gynécologique fait défaut

Plus de 40% des femmes handicapées n’ont pas de suivi gynécologique.

Craintes de part et d’autre de la table d’examen, manque de matériel adapté ou de praticiens disponibles : les femmes handicapées vont moins chez le gynécologue que les valides. Selon une étude menée en 2017 par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France (ARS), seulement 58 % des femmes en situation de handicap disaient avoir un suivi gynécologique, contre 77 % des femmes en général.

Pourquoi une telle différence ? Les concernées évoquent en premier lieu le manque d’accessibilité des cabinets de gynécologie. Les préjugés qu’elles subissent concernant leur vie affective et sexuelle jouent aussi un rôle important dans leur décision de renoncer aux soins gynécologiques.

« C’est comme si ces personnes étaient asexuées », lâche Chantal Etienne, présidente de l’antenne en Charente de l’Adapei, association qui gère des structures médico-sociales pour les handicapés. À l’âge de la première visite chez le gynéco, les proches de la jeune femme handicapée doivent l’inciter à cette visite, en abordant le sujet et en l’amenant chez le praticien, souligne Chantal Etienne.

Impératif sanitaire

Avoir un suivi gynécologique est un impératif sanitaire. « Les études montrent que les femmes en situation de handicap développent davantage de cancers, parce que les dépistages se font trop tard », constate Frédérique Perrotte, sage-femme à Paris.

Pour lever les obstacles entre les femmes et le circuit de soins, Sabrina Hedhili, elle aussi sage-femme, et Catherine Ray-Quinio, médecin, ont lancé en 2018 le dispositif « Handigynéco » : un réseau de sages-femmes qui interviennent directement en établissements médico-sociaux (EMS), des structures dédiées aux handicapés et où l’accessibilité est donc plus adaptée. Des ateliers sur la vie affective et sexuelle sont aussi proposés en plus du suivi gynécologique.

Médecins débordés ou mal formés

Lorsqu’elles ont lancé « Handigynéco », les fondatrices ont fait face à une difficulté de taille : le recrutement de praticiens formés aux consultations pour la patientèle handicapée.

« Ou les professionnels ne savent pas faire, ou ils n’ont pas le temps. Il faut une heure pour examiner une femme en situation de handicap. En une heure, le praticien peut consulter trois ou quatre patientes » valides, explique Sabrina Hedhili.

Un temps « long » nécessaire pour les examens mais surtout pour les échanges sur la vie affective et sexuelle de la patiente, qui a peu l’occasion de le faire ailleurs.

Des réticences existent également du côté des patientes, qui sont plus souvent orientées « vers des sages-femmes plutôt que des gynécologues, et elles ont l’impression que les sages-femmes sont moins crédibles », explique Chantal Etienne.

Consultations blanches

Autre obstacle à ce suivi pourtant essentiel : certaines femmes en situation de handicap doivent être aidées lors de la consultation. « Une infirmière ou une aide-soignante peut assister au rendez-vous ou aider la patiente à se déshabiller mais cela reste très intrusif », regrette la présidente de l’Adapei Charente.

Pour lever les réticences, les professionnelles de santé appellent à créer des groupes d’échanges sur les vies sexuelles et affectives avec des psychologues, ou à développer des « consultations blanches ». Ces rendez-vous avec un gynécologue, sans examen physique, permettent une première prise de contact, une mise en confiance des patientes et une attention plus particulière à leur vie affective et sexuelle. Le praticien et la patiente abordent notamment le sujet de la sexualité, « puis les questions de la violence et du consentement », raconte Frédérique Perrotte.

Ce type d’échanges avec un médecin ou une sage-femme ont permis de dresser un bilan des agressions dont ont été victimes les personnes hébergées en établissement médico-social. Et le constat est lourd : 25 % des femmes en situation de handicap ont déclaré avoir subi des violences sexuelles, selon les données recueillies lors de 434 consultations menées dans le cadre du dispositif « Handigynéco ».

Source ELLE.

 

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