Handicapés : le casse-tête de l’accès au métro parisien…

Fin mai, le gouvernement a lancé une grande consultation sur le sujet du handicap en France.

Si certains progrès ont été faits sur la question de l’adaptation des transports en commun, l’accessibilité du métro à Paris pose encore problème.

Une grande partie du métro parisien reste inaccessible aux personnes en situation de handicap.

A Paris, il est facile de se déplacer en utilisant les transports en communs. Bus, métro, tramway… L’offre ne manque pas. Des possibilités de déplacements dont les personnes en situation de handicap ne peuvent pas toutes bénéficier. Depuis quelques années, le réseau de bus parisien a été rendu accessible aux personnes à mobilité réduite. « La situation est très satisfaisante depuis presque 10 ans maintenant », se félicite Nicolas Merille, l’un des responsables de l’association APF France Handicap, contacté par le JDD. Du côté du métro, le constat est toutefois un peu différent.

En septembre dernier, APF France Handicap avait mené une action pour interpeller les usagers et l’Etat. Les membres de l’association avaient détourné le plan du métro parisien pour ne laisser voir que les lignes accessibles aux personnes handicapées.

Le métro parisien dévoile aujourd’hui son vrai visage : seules 9 stations sur 303 sont accessibles aux personnes en situation de handicap, aux touristes avec des valises, aux parents avec une poussette…
Retour sur une action d’APF France handicap pour construire enfin une #FranceAccessible

Encore aujourd’hui, une seule des 16 lignes est accessible : la 14. Dans chaque station, des ascenseurs font la liaison entre la voie publique et la salle d’échange, puis entre la salle d’échange et le quai.

Le « système D »

Jean-Michel Secondy, représentant de APF France Handicap à Paris, se déplace en fauteuil roulant et utilise régulièrement la ligne 14. « Nous avons un suivi concernant l’entretien des ascenseurs entre le quai et la salle d’échange, témoigne-t-il. Le problème est que nous n’en avons pas concernant l’ascenseur qui circule entre la voierie et la salle d’échange. »

Un manque d’information qui oblige parfois à renoncer au métro et penser au « système D » : « Je prends un bus, un taxi ou bien mon véhicule. Sachant que j’ai la chance d’avoir un véhicule personnel. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde. »

A Paris, 3% du réseau adapté

D’autres villes mondiales sont, elles, beaucoup plus avancées en termes d’accessibilité dans le métro. A Barcelone, 82% du réseau est équipé pour les personnes handicapées. A Tokyo, 88%.

Selon Laurent Probst, le directeur général de Ile-de-France Mobilités joint par le JDD, les problèmes rencontrés pour améliorer la situation viennent de l’architecture de la capitale française : « Le métro parisien a été construit il y a plus de 100 ans, avec des stations implantées sous des immeubles et un peu n’importe où, ce qui rend l’installation d’ascenseurs impossible. »

Le problème est que parce qu’on est handicapé, on doit prendre plus de temps que les autres

Les associations elles, demandent que des efforts soient faits. « Nous ne demandons pas 100% d’accessibilité dans le métro parisien. Nous savons que c’est impossible. Mais il y a certains cas où il est vraiment possible d’évoluer », déclare Nicolas Merille d’APF France Handicap.

Le recours au bus, fausse bonne solution?

Les responsables d’Ile-de-France Mobilités assurent qu’ils « ne jettent pas l’éponge ». Selon Laurent Probst, la RATP étudie actuellement les possibilités d’aménagement. En 2016, l’organisme a lancé un grand plan d’investissement d’1,5 milliard d’euros. Celui-ci ne concerne pas le métro parisien, mais les gares RATP et SNCF de banlieue.

« Dans Paris aujourd’hui, tous les bus sont accessibles ainsi que leurs arrêts. Nous voulons qu’une personne puisse se déplacer où elle veut, c’est pour cela que nous avons fait un effort sur les banlieues », justifie le dirigeant.

Jean-Michel Secondy n’est pas du même avis et dénonce l’incivilité de certaines personnes lorsqu’il emprunte un bus : « Quelques fois il faut un peu élever la voix, face à des personnes qui ont des poussettes par exemple. La bataille entre le fauteuil et les valises… », explique-t-il.

Emprunter ce moyen de transport à la place du métro implique également une perte de temps, plus ou moins conséquente selon les trajets : « Le problème est que parce qu’on est une personne en situation de handicap, on doit prendre plus de temps que les autres. »

Les normes de sécurité critiquées

Malgré les bonnes volontés, IDF Mobilités tout comme APF France Handicap sont confrontés à un même problème. Selon la réglementation française, il est impossible qu’une station de métro non accessible aux handicapés se trouve entre deux stations adaptées. « C’est une question de sécurité. Si un feu se déclare entre les deux stations adaptées, une personne handicapée ne pourra pas sortir », explique Nicolas Merille.

Sur cette question, IDF Mobilités a entrepris un « dialogue avec le gouvernement pour faire évoluer la réglementation ». Nicolas Merille, lui, ne comprend pas la mise en place de cette norme : « Au nom du dogme de la sécurité, on prive les handicapés de l’accès à certains endroits. »

Source JDD.

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