Déconfinement et maladies cardiovasculaires : une cardiologue lilloise craint « une bombe à retardement »…

Le cri d’alarme d’une cardiologue lilloise. Claire Mounier-Vehier, cheffe de service au CHU de Lille, voit arriver, depuis le début du déconfinement, de nombreuses patientes qui n’ont pas consulté jusqu’ici, de peur d’attraper le coronavirus.

Aujourd’hui, les conséquences sont terribles.

Claire Mounier-Vehier, professeure de cardiologie au CHU de Lille, voit arriver des patientes avec des complications. Pour elle, c'est une conséquence directe de la crise du coronavirus.

Et si les dégâts collatéraux de l’épidémie de Covid-19 étaient plus graves que le virus en lui-même ? La cheffe de service de l’Institut cœur poumon du CHU de Lille, la professeure de cardiologie Claire Mounier-Vehier, lance aujourd’hui un appel aux femmes : ne négligez pas vos symptômes.

Les maladies cardiovasculaires tuent 200 femmes par jour en France. Pendant le confinement, les consultations en cardiologie ont chuté, car les patientes préféraient ignorer leurs symptômes plutôt que de se rendre à l’hôpital, par peur du coronavirus. « Les gens ne venaient que quand vraiment, ils avaient l’impression qu’ils allaient mourir« , résume Claire Mounier-Vehier.

« On a l’impression de revenir à la préhistoire de la cardio »

Aujourd’hui, les médecins voient arriver des femmes dans des états critiques. « Si un infarctus n’est pas pris en charge dans les trois heures, le muscle cardiaque est mort. Les infarctus catastrophiques, qu’on voyait dans le temps où on ne soignait pas la cardiologie, on en reçoit un à deux par semaine en ce moment. Donc en fait, c’est une bombe à retardement. On a l’impression de revenir à la préhistoire de la cardio« .

La cardiologue veut donc inciter les patients à consulter : « il faut que les gens comprennent qu’à l’hôpital, c’est hyper sécurisé. On a divisé par deux les consultations présentielles, pour nettoyer les salles entre chaque patient« . Avant le déconfinement, la moitié des lits de cardiologie seulement étaient occupés.

« C’est un véritable cocktail pour provoquer des accidents cardiaques »

La période de confinement, puis de déconfinement, est « ultra critique » pour les femmes selon le Professeur Mounier-Vehier. « Les femmes sont plus sensibles que les hommes aux facteurs de risques classiques. Pendant le confinement, elles ont vécu la sédentarité, elles ont moins bien mangé, probablement plus fumé pour les fumeuses. Il y a eu un stress lié au télétravail ou à la précarité. Il faut aussi faire l’école à la maison pour les enfants, et s’occuper de la maison. C’est un véritable cocktail pour provoquer des accidents cardiaques« .

Certains symptômes, souvent associés entre eux, doivent alerter les femmes, ils sont différents de ceux des hommes, et méconnus :

  • un essoufflement pour des efforts de la vie quotidienne
  • des palpitations
  • une sensation de douleur thoracique
  • des difficultés à digérer, impression d’indigestion
  • un sentiment d’angoisse

Ce seront les dégâts collatéraux du Covid

Si on ressent tout ou partie de ces symptômes, un seul réflexe : appeler le 15. « Il vaut mieux le faire pour rien, que de ne pas appeler« , recommande Claire Mounier-Vehier, « car on risque de payer très cher le non dépistage, ou le soin pris avec retard. Ce seront les dégâts collatéraux du Covid« .

Claire Mounier-Vehier vient de lancer la fondation Agir pour le cœur des femmes, pour sensibiliser à ce risque cardiovasculaire, et informer. Une information basée sur la règle des 3A : Alerter, Anticiper, Agir.

Pour en savoir plus : la Fédération française de cardiologie Nord-Pas-de-Calais.

Source FRANCE BLEU
Pour marque-pages : Permaliens.