À Orléans, les personnes en situation de handicap interpellent les candidats à la présidentielle…

Une manifestation s’est tenue ce mercredi 9 mars dans l’après-midi, sur la place du Martroi.

L’association APF France handicap demande aux prétendants à l’Élysée de faire et de proposer plus.

Les bénévoles de l'association APF France handicap ont fait de la sensibilisation, place du Martroi à Orléans.

 

Les chiffres ne trompent pas. 94% des personnes handicapées considèrent que la thématique du handicap est trop peu présente de la campagne présidentielle actuelle. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par l’Ifop pour l’association APF France handicap au mois de janvier. Pour crier leur colère, nombre de personnes handicapées se sont retrouvées ce mercredi 9 mars pour une manifestation place du Martroi, à Orléans.

Une manifestation organisée le même jour que la conférence qui réunit à Paris les 27 ministres en charge du handicap de l’Union européenne. Une trentaine de rassemblements du même type quadrillent le territoire. Leur but : « Interpeller les candidates et les candidats et dénoncer les multiples situations de discriminations« , explique un communiqué de l’association.

Paroles, paroles

À Orléans, les délégations APF de toute la région sont venues, pour se faire entendre. « On n’est pas assez écoutés« , estime Françoise Norguet. Arrivée de Blois, elle dit sentir un fossé entre sa vie quotidienne et le discours politique qui dit s’engager sur la question du handicap. « Paroles, paroles, comme on dit, ajoute-t-elle. On nous promet, mais il n’y a pas vraiment d’actions mises en place. »

L’association dénonce notamment le refus de la majorité de déconjugaliser l’AAH, l’allocation adulte handicapé. Une allocation dont la conséquence varie en fonction des revenus du conjoint du bénéficiaire. La déconjugalisation était présente dans la proposition de loi portant diverses mesures de justice sociale, signée de députés des groupes Libertés et territoires, MoDem, UDI et Agir notamment. Une mesure à laquelle le gouvernement a privilégié un abattement de 5 000 euros sur les revenus du conjoint du bénéficiaire.

« Emmanuel Macron avait dit qu’il ferait du handicap sa priorité, mais à part des effets d’annonce, on n’a pas vu grand chose s’améliorer« , assène Annie Seznec, représentante pour le Loiret et le Centre-Val de Loire d’APF France handicap. Selon elle, il reste beaucoup de chemin à parcourir, ne serait-ce que dans l’application des lois déjà en place sur les thèmes de « l’accessibilité, de la santé, de l’emploi, ou de la scolarisation des enfants« . « Société inclusive, c’est un beau mot, un bel espoir« , reconnait-elle. Seulement, elle estime qu’il n’y a « pas les moyens nécessaires » pour passer de la case espoir à la case amélioration concrète de la qualité de vie.

Maintenant ou jamais

Raphaël Gaufilet, lui, n’hésite pas à parler de « discriminations« . Malvoyant et handicapé moteur de naissance, il vit à Bourges, où « c’est une catastrophe au niveau accessibilité, transports, logements, santé… ne serait-ce qu’accéder à un cabinet« , raconte-t-il :

« Tous les jours, je rencontre des difficultés. »

Raphaël Gaufilet

Il considère que les personnes en situation de handicap sont aujourd’hui « au pied du mur« , d’où la nécessité de manifester et d’interpeller les candidats à la présidentielle. « C’est maintenant ou jamais« , confirme Annie Seznec, qui espère « alerter l’opinion publique et les candidats« .

Le poids du vote

À l’heure actuelle selon Le Monde, seuls deux prétendants à l’Élysée n’ont pas exprimé de propositions sur le handicap : Philippe Poutou et… Emmanuel Macron. Les autres échelonnent des propositions plus ou moins concrètes pour l’inclusion et les allocations des personnes handicapées. Jean-Luc Mélenchon souhaite par exemple permettre aux préfets d’imposer des travaux d’accessibilité. Une valeur que Fabien Roussel souhaite inscrire dans la constitution. Valérie Pécresse, elle, souhaite durcir l’obligation d’emploi de personnes en situation de handicap, et renforcer les contrôles en entreprises. Tous se disent favorable à une déconjugalisation de l’AAH. Seul Eric Zemmour se démarque, ayant déclaré vouloir sortir de « l’obsession de l’inclusion » à l’école pour privilégier des établissements spécialisés.

Sans le dire vraiment, les manifestants espèrent faire du chantage aux candidats, pour acquérir de nouvelles avancées sur leurs conditions de vie. « Il faut leur dire qu’en France, il y a 23 millions de personnes en situation de handicap et d’aidants, explique Annie Seznec. Et on est aussi des citoyens qui allons voter. » En tout, une centaine de personnes avaient répondu à l’appel de l’association place du Martroi. S’ils se disent « inaudibles et invisibles » dans les médias et en politique, il ont au moins fait du bruit ce mercredi à Orléans.

Source FR3.

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