800 € de salaire en moyenne, les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) manifestent leur colère à Tours…

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont au coeur de la loi de 2005 sur le handicap et l’inclusion scolaire.

Une profession exercée surtout par des femmes, sous-payées, peu formées, sur des temps partiels imposés.

Témoignages.

Manif des AESH, ce 8 avril 2021, devant la Préfecture d'Indre-et-Loire

 

« On ne peut plus accepter en 2021 que des personnes aussi importantes dans notre société soient si peu considérées, que ce soit en terme de formation, de salaire ou de reconnaissance »

Simon Délas, Professeur des Ecoles, délégué FSU

La FSU est l’une des nombreuses formations de l’intersyndicale appelant à une première journée nationale de mobilisation des AESH, ce jeudi 8 avril 2021.

Rien qu’en Indre-et-Loire, près de 900 personnes accompagnent un millier de jeunes handicapés dans leur parcours scolaire. Et quasiment tous ces AESH (ou plutôt toutes, faudrait-il dire, plus justement) sont employés sur des contrats à temps partiel imposés, à 20 ou 24 heures par semaine. 24 heures, au plan salarial, équivalent à 61 % d’un SMIC. Les AESH vivant seules ou seuls se retrouvent ainsi nettement sous le seuil de pauvreté (885 € par mois).

« C’est un véritable métier qui n’est pas reconnu comme tel, et c’est pourtant sur ses missions que repose la politique nationale sur l’inclusion scolaire, mise en place par la loi handicap de 2005 », ajoute M. Délas.

Dans le cortège de la manifestation à Tours, beaucoup de femmes ce 8 avril 2021.

800 euros pour 10 ans d’ancienneté

Ce jeudi 8 avril, Valérie a décidé de se joindre à la manifestation organisée à Tours. A 50 ans, cette AESH qui compte plus de dix ans d’ancienneté, touche 800 euros de salaire net :

« Je suis passée en CDI après 6 ans d’exercice du métier. Mon employeur est l’Inspection Académique. On a beau accumuler les années d’expérience, l’ancienneté n’est pas valorisée. Je travaille 24 heures par semaine depuis plus de dix ans. Je m’occupe en ce moment de trois enfants en accompagnement mutualisé. Ce n’est pas très bon pour les enfants, il est impossible de mener à bien toutes nos missions pour la semaine. Avant, tout se faisait en accompagnement individualisé. »

Pour arriver à joindre les deux bouts, nombre d’AESH tentent de prendre un deuxième emploi, souvent dans les cantines, l’accueil périscolaire après l’école ou dans les colos pendant les vacances. Mais il bien souvent difficile, voire impossible, de jongler entre les emplois du temps

Et, côté formation, ce n’est guère mieux :

« Les AESH qui accompagnent des élèves en fauteuil doivent le manipuler, l’aider pour aller aux toilettes, le déshabiller, explique Simon Délas.Ce sont des techniques de l’ordre du soin, que l’on apprend aux infirmières et aides-soignants. Mais bien des AESH n’ont pas eu de formation pour ça. Et s’il arrive un accident, une chute dans les toilettes, qui sera responsable?… »

« Nous avons la passion de notre métier, nous l’aimons, mais nous sommes des travailleuses pauvres, en situation précaire, c’est indécent en 2021! Nous aimerions travailler plus et gagner correctement notre vie, nous ne demandons pas des salaires mirobolants, juste une reconnaissance de ce que nous faisons sur le terrain. »

Valérie, AESH sur la métropole de Tours

Officiellement, l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap reste une priorité du ministre de l’Education Nationale. « Pourtant, selon l’intersyndicale, il fait le choix de maintenir dans la précarité les 110 000 AESH qui jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement de la scolarité de ces élèves. »

Malgré la promesse faite il y a un an d’engager un chantier sur le temps de travail et la rémunération, les AESH ne voient toujours rien venir.

Source FR3.

 

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