Victime des pesticides, sa tumeur au cerveau reconnue comme maladie professionnelle. Le témoignage de sa veuve…

Christophe Olivier, agriculteur à Bazouges-la-Pérouze (Ille-et-Vilaine), est décédé à 43 ans en mars 2020.

Atteint d’une tumeur cérébrale, sa maladie vient d’être reconnue comme maladie professionnelle, par le Tribunal Judiciaire de Rennes.

Christophe Olivier, agriculteur, décédé en mars 2020 : Karine, sa veuve, vient d'obtenir la reconnaissance de son cancer au cerveau en maladie professionnelle.

 

Cette tumeur, on l’appelle un glioblastome, une tumeur cérébrale. Le mari de Karine Olivier en est mort à l’âge de 43 ans cette année.

Appuyé par le collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, la veuve vient d’obtenir un premier combat auprès du pôle social du tribunal de Rennes. Celui-ci a reconnu la maladie professionnelle de son mari, alors qu’elle est inscrite hors tableau du régime agricole des maladies professionnelles.

L’agricultrice a le sentiment d’être enfin reconnue dans son combat et celui de son époux après deux ans d’épreuves suite au diagnostic de la maladie. « Pour les autres victimes, au moins, il y aura une meilleure prise en charge », espère-t-elle.

Puis elle retrace la descente aux enfers de son mari. Des maux de têtes, des vertiges jusqu’à un scanner qui met en évidence la tumeur au cerveau avec peu à peu une perte d’autonomie qui nécessitait d’aider Olivier à tout faire.

« On a pas fait le lien avec les pesticides tout de suite. Quand mon mari rentrait après avoir traité le colza, il vomissait près du tracteur puis il allait s’allonger. On s’est dit que ça allait passer. C’est lorsque la maladie a été détectée qu’on a pensé que la cause venait des produits chimiques. »

Karine Olivier

Abandonner les pesticides, le couple y songeait. Mais c’est le regard de l’entourage qui freinait Olivier.

« On voulait passer en bio, mais autour de nous, il y avait les copains et les voisins, installés en conventionnel.Mon mari avait la hantise de leur regard et puis il fallait du temps pour mener à bien les démarches. »

Karine Olivier

Contactée, le médecin qui a suivi Christophe, Marieke Salacroup, s’est dit satisfaite de la décision du tribunal. Une façon pour elle, à travers ce triste exemple, d’alerter, de protéger et de diminuer le risque pour les autres agricuteurs et de voir comment se passer de produits pesticides, même si cela reste un long cheminenent dans le milieu agricole.

Pour ce médecin, en tout cas, le lien avec l’activité professionnelle et la maladie de son patient décédé ne font pas de doutes.

« Pour ce patient, vu ses symptômes par le passé et au moment du diagnostic, le lien avec son activité professionnelle était évident. Ça m’a interrogé, j’ai fait des recherches sur des études sur le lien entre tumeur et expositions aux pesticides. Il y avait des preuves de risques importants chez les agriculteurs. »

Marieke Salacroup, médecin généraliste de Christophe Olivier

Une brèche ouverte pour le combat du collectif

De son coté le collectif espère que cette reconnaissance va pouvoir ouvrir la voie aux trois autres demandes de reconnaissance en cours pour des paysans et paysannes décédés de tumeurs cérébrales, comme Christophe.

C’est la première fois que le collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest obtient une victoire devant la justice.

« On espère que ces décisions feront jurisprudence pour d’autres dossiers que nous avons en cours. Dans le milieu agricole, on n’est pas souvent au courant de ses droits concernant la reconnaissance en maladie professionnelle liée à l’usage des pesticides. Dans les campagnes, il y a beaucoup de cancers, de maladies neuro-dégénératives, et c’est vécu comme une fatalité alors que souvent ces maladies sont liées à l’usage professionnel des pesticides »

Michel Besnard, Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest

Désormais à la tête de l’exploitation, Karine Olivier a entamé sa conversion en bio.

Le Tribunal judiciaire de Rennes vient par ailleurs de reconnaitre, ce lundi 21 décembre, le bien-fondé des demandes du collectif à propos de deux autres  dossiers :

  • Jean Claude, technicien semences, obtient la reconnaissance de la faute inexcusable de son employeur, la coopérative AGRIAL. Il souffre de la maladie de Parkinson et a été reconnu en maladie professionnelle en octobre 2016.
  • Edith, salariée dans des serres à tomates à Amanlis (Ille-et-Vilaine), est reconnue en maladie professionnelle pour Parkinson, reconnaissance que lui avait refusée la MSA Portes de Bretagne. Elle souffre de cette maladie depuis l’âge de 50 ans.

Source FR3.

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