« Sans protection, je bosse la peur au ventre », témoigne une femme de ménage…

Technicienne pour plusieurs sociétés touloises, Sabrina témoigne des conditions de travail de sa corporation, « livrée à elle-même face au coronavirus, sans aucune mesure de protection, ni directive reçues ».

"Sans protection, je bosse la peur au ventre", témoigne une femme de ménage

« Pour les femmes de ménages, c’est comme si rien ne s’était passé. Comme si le coronavirus n’était jamais arrivé sur notre territoire. Nous n’avons reçu aucune directive, aucun matériel spécial. Avec mes collègues, nous ressentons une angoisse terrible, chaque matin, je vais bosser la peur au ventre », témoigne Sabrina*.

La journée de travail de l’agente d’entretien débute quand beaucoup de Français dorment encore, et se termine à la nuit tombée. Sauf que la France est en période de confinement , pandémie oblige. « On est livrés à nous-même, pourquoi on n’est pas à l’abri, nous aussi ? », questionne la Touloise.

Quand elle quitte son appartement en direction de la première société qui l’emploie pour des ménages, elle n’a même pas l’attestation de déplacement dérogatoire de l’employeur en poche, obligatoire pour circuler.

Pour tout soutien, une affiche sur les gestes barrières

« Une semaine après le début du confinement, la société ne me l’a toujours pas fourni, je n’arrête pourtant pas de les relancer ! », enrage Sabrina. Quant au matériel, « c’est le néant », poursuit-elle. « On continue à travailler avec nos gants en latex alors qu’on nettoie des bureaux, des ordinateurs, des toilettes, qui peuvent très bien avoir été touchés par des porteurs sains du virus. »

Seul signe de vie que Sabrina assure avoir reçu de ses patrons depuis l’allocution d’Emmanuel Macron précédant la mise sous cloche du pays, une affiche lui rappelant les gestes barrières. « De rage, je l’ai déchiré. Franchement, se laver les mains plusieurs fois par jour, on suit ces recommandations-là toute l’année en tant que technicienne d’entretien. »

Quand les clients sont proches ? « C’est l’enfer ! »

Après son premier poste de la journée, l’agente enchaîne avec un deuxième « chantier ». Puis, en toute fin de journée, elle se rend sur un troisième, un grand magasin, encore ouvert, où elle est donc en contact direct avec des dizaines de clients. « Là, c’est l’enfer », jure-t-elle.

« Qui est porteur, qui ne l’est pas ? Les gens sont très proches de nous, circulent. Et toujours rien pour se protéger. Toujours aucune directive. Entre employées, on fait très attention, on se parle de loin, on fait notre travail en respectant les distances de sécurité prônées par le gouvernement, des nouvelles façons de travailler qu’on a décidé nous-mêmes. »

Source EST REPUBLICAIN.

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