Ce vendredi 22 novembre, le fabricant de matériel orthopédique Proteor a fait tester des lames d’athlétisme à huit patients Mayennais amputés d’une ou des deux jambes.
Le but, leur faire découvrir de nouvelles sensations sportives.
Jean-Louis est amputé des deux jambes. Mais cette fois, il a laissé ses prothèses classiques dans un coin de cette salle, en plein bois de l’Huisserie au sud de Laval (Mayenne). Le voilà en train d’avancer lentement, testant des lames d’athlétisme en fibre de carbone. Un outil spécialement conçu pour le sport par la société orthopédique Proteor. Ce vendredi 22 novembre, elle organise ce petit rassemblement pour faire essayer ces équipements bien spéciaux à leurs patients. Huit Mayennais se sont inscrits, quasiment aucun n’avait jamais essayé ces prothèses.
« Je me sens allégé, je ne boîte pas. C’est formidable ! » – Marcel, un Mayennais inscrit à cette journée découverte des prothèses sportives.
« C’est une première« , sourit Jean-Louis. « Et pourtant, je porte une prothèse depuis une cinquantaine d’années ! Je suis passé dans une machine, voilà. J’ai perdu les deux pieds » Comme beaucoup, il n’avait vu ces drôles de prothèses incurvées qu’à la télé, utilisées par des athlètes des Jeux paralympiques. « C’est ce qui m’a donné envie d’essayer« , glisse-t-il.
Résultat ? « C’est assez agréable« , juge-t-il en testant la suspension des lames. « Il y a davantage de sensations de rebond, d’amortissement. L’équilibre est différent ! » Même observation pour Marcel, qui a perdu sa jambe droite il y a 45 ans dans un accident du travail. « La sensation est toute autre qu’avec la prothèse normale. Je me sens allégé, je ne boîte pas. C’est formidable ! »
Pour le sport et les sensations
Tous sont venus « par curiosité« , à l’invitation de Proteor. « Ça leur fait découvrir de nouvelles sensations, ça ouvre le champ des possibles« , sourit Christophe Bignon, directeur régional de l’entreprise. Et quand marcher et trottiner, ça ne suffit plus, place aux choses sérieuses avec le badminton et le tennis de table !
Marcher, trotter, courir et faire du badminton ! Aujourd'hui, au bois de l'Huisserie (@LavalAgglo), 8 personnes amputées ont quitté leur prothèse pour tester des lames d'athlétisme. À l'initiative, le fabricant Proteor, spécialisé dans les équipements orthopédiques. pic.twitter.com/ttAfRpwJxR
— France Bleu Mayenne (@bleumayenne) November 22, 2019
Un budget de 3 000 euros sans prise en charge
Contrairement aux prothèses classiques, qui peuvent aller de 3 000 à 30 000 euros, ces lames d’athlétisme ne sont pas prises en charge. Et elles coûtent environ 3 000 euros. « C’est pour ça que je suis persuadé que personne n’en achètera après les tests« , pronostique Mathieu Guéguen, responsable du centre Proteor de Laval qui compte cinq employés. « D’ailleurs, ce n’est pas le but. C’est juste une journée sympathique, pour voir nos patients dans un autre cadre. Et aussi, pour leur faire redécouvrir la marche et la course. »
Mais à l’horizon des Jeux paralympiques de 2024, l’Ufop (union française des orthoprothésistes) s’est prononcée pour la gratuité des prothèses à usage sportif.
Présence d’un champion, pour la découverte
Parmi ceux qui viennent simplement satisfaire leur curiosité, il y a un certain Vladimir Vinchon. Membre de l’équipe de France para-équestre, élu sportif mayennais de l’année 2012, et concurrent en équitation la même année aux Jeux Paralympiques de Londres, en dressage (il avait fini 7ème en individuel et 9ème en équipe). Rien que ça.
« J’ai déjà une lame pour l’athlétisme, plus dure », révèle-t-il entre une partie de badminton et un café. Mais celle qu’il teste actuellement lui plaît pour d’autres raisons. « Sans aller chercher la performance sportive, celle-ci est plus souple, c’est plus confortable ! Je pense que c’est un très bon produit pour rester en forme, courir un peu. » De quoi s’entraîner pour aller chercher d’autres distinctions ?.
Source FRANCE BLEU.