Peut-on vraiment se fier au nutri-score pour mieux manger ?…

A, B, C, D ou E. Cinq lettres qui aident à mieux choisir ses produits alimentaires au quotidien.

Cette notation nommée « nutri-score » a été conçue par l’épidémiologiste français Serge Hercberg, spécialiste de la nutrition.
Peut-on vraiment se fier au nutri-score pour mieux manger ?

 

Applaudi par certains, décrié par d’autres, le nutri-score laisse rarement indifférent. Mais comment fonctionne-t-il ? Et que signifie-t-il vraiment ?

C’est une lettre du A au E, verte, jaune orange ou rouge, appelée « nutri-score ». Apposée sur de nombreux produits alimentaires distribués en supermarchés, cette « note » permet de savoir d’un coup d’œil si on affaire �� un produit de bonne qualité nutritionnelle. Mis en place pour la première fois en France en 2017, le nutri-score est désormais présent dans plusieurs pays européens, comme l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne ou les Pays-Bas, et son utilisation est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais il s’attire les foudres d’industriels, comme Philippe Palazzi, directeur général de Lactalis. La Confédération générale de Roquefort l’a récemment attaqué, jugeant la note (D) qui lui est attribuée comme « injuste ».

À la base de ce système de notation, on retrouve les travaux du Français Serge Hercberg. À la tête d’une équipe de recherche en épidémiologie en nutritionnelle rattachée à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), c’est lui qui va imposer ce procédé pour calculer le score d’un produit alimentaire. « Nous avons proposé cette notation à la lumière d’autres logos répondant aux éléments à prendre en compte dans le nutri-score, et en tenant compte des connaissances scientifiques déjà existantes », explique le professeur Hercberg.

Un calcul de bons et de mauvais points

Le nutri-score est le résultat d’un calcul de bons et de mauvais points. Pour classer chaque produit, il prend en compte, sur 100 grammes, la teneur en nutriments et aliments à favoriser d’une part (c’est-à-dire les fibres, protéines, fruits et légumes, légumes secs, etc.) et la teneur en nutriments à limiter (c’est-à-dire les calories, acides gras saturés, sucres, etc.). Les résultats du calcul donnent une valeur comprise entre -15 et 40. Le A correspond à une valeur comprise entre -15 et -2, le vert clair de -1 à 3, le jaune de 4 à 11, l’orange de 12 à 16 et le rouge de 17 à 40.

Ce système fait ses preuves, selon son créateur. « Les clients qui se nourrissent en appliquant les principes du nutri-score ont moins de cancers, moins d’obésité, moins de diabète, moins de maladies cardio-vasculaires », affirme-t-il, avec le soutien d’une étude menée sur les menus de 500 000 Européens .

Ne pas mélanger les choux et les carottes

Cependant, pour que le nutri-score soit efficace, il faut vraiment le prendre à la lettre. Dans son livret explicatif, Santé publique France précise bien que cette note ne permet de comparer que des produits au sein d’un même rayon ou d’une même catégorie, comme les céréales ou les gâteaux ; ou bien de comparer un même produit de différentes marques, comme un plat préparé ou une glace ; ou bien encore de comparer des produits qui se consomment à la même étape du repas (par exemple, des desserts).

Selon Stanislas Trolonge, diététicien nutritionniste à Bordeaux, le nutri-score a d’autres limites : « Il s’appuie sur l’idée que si un produit est sucré, gras et riche en sel, il est nocif. Mais certains aliments, comme les huiles, sont importants pour apporter certains nutriments indispensables. Le risque est donc que certains aliments soient vus comme négatifs, alors qu’indispensables pour notre santé. »

Autre mauvais point, le nutri-score ne note pas le degré de transformation ni la présence ou non d’additifs présents dans le produit alimentaire. « Le nutri-score ne prend en compte que l’aspect quantitatif de l’aliment, alors qu’on s’attache de plus en plus à la qualité de ce dernier. »

Des limites inhérentes, selon le créateur du nutri-score

Le créateur du nutri-score, Serge Hercberg, ne conteste pas ses critiques. « Tous les logos nutritionnels ont pour limite de n’informer que sur le côté nutritionnel, plaide-t-il. Cela ne prend pas en compte les additifs ou la présence de pesticides, par exemple. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on peut reprocher au nutri-score. Aujourd’hui, on n’est pas capable, scientifiquement, d’agréger toutes ces informations dans un indicateur unique. » Il invite les consommateurs à chercher des informations complémentaires, comme le label Agriculture biologique, et à regarder le nombre d’additifs présents dans les produits.

Source OUEST FRANCE.

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