Matière grise diminuée, vieillissement accéléré… Voici les effets du Covid-19 sur notre cerveau…

Depuis le début de la pandémie, on soupçonne le Covid-19 d’avoir des effets sur le cerveau.

Une vaste étude britannique vient de conforter cette hypothèse.

Matière grise diminuée, vieillissement accéléré… Voici les effets du Covid-19 sur notre cerveau

 

Les personnes infectées, y compris en cas de forme légère, présentent des lésions cérébrales et voient leur matière grise se réduire, ce qui équivaudrait à une année de vieillissement du cerveau. Explications.

Le Covid-19 a bel et bien des effets sur notre cerveau. Le constat n’est pas nouveau mais grâce à des chercheurs britanniques de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), de solides preuves viennent de le confirmer. Dans une étude publiée cette semaine dans la revue Nature , ils ont démontré que le Covid-19 entraînait une réduction de la taille du cerveau. L’infection même légère provoquerait aussi des lésions cérébrales en particulier sur la « substance grise » qui n’avaient jamais été jusqu’ici mentionnées et qui correspondraient à une année de vieillissement cérébral.

Une étude précieuse

Cette découverte est très précieuse selon Vincent Prévot, directeur de recherche en neurosciences, à l’Inserm à Lille. « Les conséquences d’une infection au Covid-19 sur le cerveau sont suspectées depuis le début de la pandémie et elles ont été démontrées ensuite de façon formelle par plusieurs études », nous explique au téléphone le chercheur.

« En septembre 2021 par exemple, avec des confrères allemands, nous avons nous-mêmes révélé dans des travaux publiés en octobre 2021 dans Nature Neuroscience que le virus pouvait attaquer les cellules du cerveau et entraîner de microhémorragies. Mais cette nouvelle étude britannique est encore plus intéressante puisqu’elle s’appuie sur un large panel de patients observés sur un temps long. »

Près de 800 patients observés

Les scientifiques britanniques ont en effet analysé les scanners cérébraux de 785 patients, âgées de 51 à 81 ans, dont 401 ont été infectés par le Covid-19. L’avantage de cette étude sur les précédentes est que les chercheurs disposaient d’un point de repère qui remonte avant la pandémie, permettant d’établir le lien de cause à effet.

Les personnes avaient en effet déjà toutes fait l’objet d’une imagerie cérébrale plusieurs années auparavant. Cet examen avait été réalisé dans le cadre d’un projet britannique à long terme, UK Biobank, qui vise à étudier les contributions respectives de la prédisposition génétique et de l’exposition environnementale au développement de maladies, rapporte le magazine hebdomadaire français Courrier international.

Les scientifiques les ont alors soumis à un nouvel examen après avoir été contaminés (soit trois ans après) pour faire la comparaison. C’est donc « la première étude de grande ampleur qui compare les scanners cérébraux de personnes, avant et après qu’elles contractent le virus », indique ainsi The Guardian .

L’odorat en question

Le bilan n’est pas vraiment réjouissant : ces IRM ont montré que 80 % des personnes qui avaient contracté des formes graves de la maladie présentaient des symptômes neurologiques. Un constat qui vaut aussi pour les formes légères du Covid-19. Ils ont observé après l’infection au coronavirus et ce, des mois après que les sujets ont été testés positifs, une plus grande réduction de la taille globale du cerveau ainsi que de l’épaisseur de la matière grise, qui comprend les neurones.

En moyenne, une infection au coronavirus se solde selon eux, par une perte ou la lésion de 0,2 % à 2 % des tissus cérébraux en plus que chez les personnes qui n’ont pas été malades, soit l’équivalent d’une année de vieillissement cérébral.

La région du système nerveux la plus affectée est celle qui est reliée au goût et à l’odorat, dont la perte faisait partie des symptômes caractéristiques de l’infection. La zone liée à la mémoire est aussi particulièrement touchée par les lésions. Au cours de l’étude, les anciens malades du Covid-19 ont d’ailleurs été aussi soumis à des tests d’aptitude mentale et ils ont obtenu, en général, des scores inférieurs aux autres personnes qui ont échappé au virus.

En moyenne, une infection au covid-19 se solde, plusieurs mois après, par une perte ou la lésion de 0,2 % à 2 % des tissus cérébraux, selon des chercheurs britanniques.

En moyenne, une infection au covid-19 se solde, plusieurs mois après, par une perte ou la lésion de 0,2 % à 2 % des tissus cérébraux, selon des chercheurs britanniques.

Quels dégâts à long terme ?

Reste maintenant à savoir si ces effets sont irréversibles. Interrogée dans The Guardian, sur cette question, Gwenaëlle Douaud, neuroscientifique à l’université d’Oxford, principale autrice de l’étude, se veut rassurante : « Le cerveau est plastique, c’est pourquoi il peut se réorganiser et se réparer de lui-même, même chez les personnes d’un certain âge. »

Pour Vincent Prévot, de l’Inserm, les chercheurs doivent « maintenant se pencher sur cette question de la réversibilité. Cette découverte va permettre de se pencher sur les types de thérapies à mettre en place et d’étudier quelles sont les altérations qui vont en découler ? » Le chercheur indique la direction future des recherches : « L’hypothèse est maintenant de savoir si les personnes qui ont eu le Covid ont une plus grande probabilité de développer des maladies neurodégénératives. »

Pour lui, c’est très probable et ce n’est « pas une bonne nouvelle ». « On l’a déjà vu au siècle dernier lors d’une autre épidémie. Beaucoup de patients qui ont survécu à la grippe espagnole ont développé plus tard la maladie de Parkinson. »

Qui plus est : « La perte d’odorat, un des symptômes du covid, est aussi un signe avant coureur de Parkinson ou Alzheimer » rappelle le scientifique français.

Cette découverte aura donc une utilité positive pour la médecine de demain : « Être conscient des effets du Covid sur le cerveau permettra une meilleure prise en charge des patients en cas de perte de mémoire ou des problèmes neurologiques. Il sera important pour le médecin de demander si le patient a eu le Covid. »

Source OUEST FRANCE.

 

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