Masques jetables : après la crise sanitaire, la crise écologique ?… Un manque de civisme aux lourdes conséquences écologiques !

Tantôt décrié, tantôt introuvable, le masque fait désormais partie de notre quotidien.

Pour beaucoup, il est devenu impensable de sortir de chez soi sans en porter un. Avec cet usage démocratisé s’est aussi répandue une image inquiétante : celle de ces masques jetables, abandonnés sur le sol…

Un manque de civisme aux lourdes conséquences écologiques.

 

Masques jetables : après la crise sanitaire, la crise écologique ?

La lutte contre la propagation de la Covid-19 engendre une quantité astronomique de déchets. Chaque semaine, 50 millions de masques sont utilisés en France. Une part non négligeable de ces protections ne finit malheureusement pas à la poubelle, mais dans la nature ou dans les rues. Ainsi, la pandémie n’est pas encore terminée que l’on constate déjà une hausse de la pollution engendrée par ces comportements. Au mois de mai, un plongeur et militant écologiste filmait le fond de la Méditerranée, jonché de masques et gants jetables. En septembre, des bénévoles qui nettoyaient le lac Léman en Suisse, en ont sorti 112 masques.

Pourquoi les masques sont-ils polluants ?

Un masque chirurgical se compose essentiellement de polypropylène, une matière plastique dérivée du pétrole, très résistante et déjà omniprésente dans notre quotidien (les pailles par exemple). Abandonnés sur un trottoir, les masques finissent dans les caniveaux, puis les égouts, avant de rejoindre nos rivières et océans. Premier effet, les protections usagées bouchent les canalisations d’eaux usées et polluent nos systèmes d’assainissement. Le polypropylène fait en effet figure « d’éponge » à produits chimiques et autres perturbateurs endocriniens, qu’il diffusera ensuite de manière latente dans nos usines d’épuration et en milieu marin.

Le Ministère de la Transition écologique a lancé en novembre une campagne de prévention sur les dangers des masques jetés en pleine nature

Cette matière plastique n’est évidemment pas biodégradable, et peut rester ainsi dans la nature pendant plusieurs centaines d’années. En se décomposant, la matière se fragmente en microplastiques qui à leur tour se propagent dans l’air et dans l’eau. Ils peuvent alors finir dans la nourriture que nous consommons et causer divers troubles de santé. On pourrait penser que ces inconvénients ne se révèleront certes qu’à long terme, mais le problème existe depuis longtemps. On reproche aujourd’hui aux masques la même chose qu’aux emballages plastiques jetables depuis plusieurs années. Ce qui est particulièrement inquiétant dans ce contexte sanitaire c’est le nombre important de masques produits et jetés sur une si courte période.

En attendant, les protections jetées dans la nature font déjà des victimes bien visibles. Les poissons, les oiseaux et de nombreux mammifères sont susceptibles de s’y entraver, ou pire, de les ingérer ou de s’étouffer avec.

Puis-je recycler mon masque chirurgical ?

Pour l’heure, les masques jetables ne sont pas triés et sont voués à rejoindre les ordures ménagères. Celles-ci sont le plus souvent incinérées, ce qui est également loin d’être bienfaisant pour l’environnement. Deux freins majeurs s’opposent à un éventuel recyclage de ces déchets. Le premier est d’ordre sanitaire. Un masque jeté est un objet potentiellement contaminé, qui pourrait exposer à la Covid-19 les agents des centres de tri et donc aller à l’encontre de sa fonction initiale. Le deuxième frein est d’ordre économique. Le plastique des masques chirurgicaux ne se recycle pas comme celui d’une bouteille d’eau par exemple. La mise en place d’une telle filière de recyclage est coûteuse, et surtout peu rentable dans la mesure où le besoin en masques pourrait drastiquement diminuer au cours des prochains mois, lorsque l’épidémie ralentira.

Pour limiter le nombre de déchets, il pourrait paraître tentant de réutiliser ses masques jetables. Certains scientifiques préconisent de laisser les masques usagés dans une enveloppe pendant sept jours, durée après laquelle les virus en disparaîtraient. D’autres ont admis que même après plusieurs lavages, les masques chirurgicaux respectaient toujours les normes de filtration, mais ce fait est encore contesté 🔒.

La solution la plus simple serait de privilégier les masques en tissu lavables, comme le préconise l’Académie nationale de médecine. Ceux-ci n’ont pas besoin d’être lavés à 60°C, contrairement à ce qu’il se disait parfois au début de l’épidémie. Les masques jetables chirurgicaux pourraient ainsi être réservés aux soignants, aux malades et personnes en isolement.

Source EST REPUBLICAIN.

 

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