L’Assemblée rejette l’individualisation de l’allocation adultes handicapés dans une ambiance électrique…

Débattu ce jeudi dans l’hémicycle, le texte de « déconjugalisation » de l’AAH a été rejeté par les députés LREM. L’opposition dénonce «un gouvernement buté».

L'allocation adultes handicapés est versée à plus d'un million de bénéficiaires. (Photo d'illustration)

 

Entre accusations de «sectarisme», «froideur technocratique» ou «cynisme» électoraliste, l’Assemblée nationale a rejeté une nouvelle fois jeudi 7 octobre «l’individualisation» de l’allocation adultes handicapés (AAH) des personnes en couple, au terme d’un débat mouvementé.

De LR à LFI, l’opposition réclamait à l’unisson cette «déconjugalisation» de l’allocation, c’est-à-dire de la calculer sans tenir compte des revenus du conjoint, contrairement à ce qui est pratiqué aujourd’hui. La majorité, quant à elle, hurle à la «démagogie» électoraliste à six mois de l’élection présidentielle. Elle a rejeté la mesure, qu’elle juge inéquitable car bénéficiant sans distinction aux modestes comme aux fortunés. «Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin», a martelé Sophie Cluzel. La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées voit dans la « déconjugalisation » une «impasse» de nature à remettre en cause «l’ensemble du système de protection sociale français fondé sur la solidarité familiale et nationale», avec un effet boule de neige pour tous les minima sociaux et la fiscalité.

Le LR Aurélien Pradié a remis à l’ordre du jour un thème qui avait déjà suscité une séance houleuse dans l’hémicycle fin juin. Le député a ouvert les hostilités contre un «gouvernement buté» et la «sale méthode» de la majorité, pour supprimer un à un les articles de sa proposition de loi. Son texte était débattu lors d’une «niche» parlementaire LR, une journée réservée à un groupe minoritaire à l’Assemblée nationale. Le Sénat, dominé par la droite, a aussi mis le sujet à son ordre du jour le 12 octobre prochain.

Le «prix de l’amour»

En juin, le gouvernement avait privilégié une formule jugée «plus redistributive» : un abattement forfaitaire de 5000 euros sur les revenus du conjoint, soit un gain moyen estimé à 110 euros mensuels pour 120.000 couples à partir du 1er janvier 2022. Jeudi, Sophie Cluzel a à nouveau loué cet «investissement supplémentaire» de «185 millions (d’euros) qui permettront à 60% des bénéficiaires en couple de conserver l’allocation à taux plein».

Créée en 1975, l’AAH est destinée à compenser l’incapacité de travailler. D’un montant maximal de 904 euros mensuels, elle est versée sur critères médicaux et sociaux. Elle compte aujourd’hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270.000 en couple, pour une dépense annuelle d’environ 11 milliards d’euros. La « déconjugalisation » de cette allocation représenterait environ 600 millions d’euros selon une parlementaire de la majorité.

Le fait que certains sont amenés à choisir entre vivre en couple au risque de voir leur allocation diminuer, ou la conserver mais en renonçant sur le plan légal à leur union, est au centre des polémiques. L’opposition, soutenue par quelques voix dans la majorité, s’indigne de ce «prix de l’amour» pour les handicapés. Vingt-deux organisations et associations, dont APF France handicap, ont adressé mardi une lettre au président Emmanuel Macron, l’appelant à «une réforme historique», pour «considérer cette allocation avant tout comme un revenu individuel d’existence».

Outre l’AAH, le groupe LR défend notamment jeudi des propositions de loi de Julien Aubert pour «dire stop à la prolifération anarchique des éoliennes» et d’Anne-Laure Blin réclamant «un ticket restaurant étudiant», visant les zones blanches sans restaurants universitaires.

Source LE FIGARO.

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