Innovation. L’éponge de mer pourrait faire reculer Alzheimer et la trisomie 21…

ManRos Therapeutics, entreprise de Roscoff (Finistère), espère utiliser la leucettamine, molécule issue d’une éponge de mer, comme inhibiteur contre la mucoviscidose, l’Alzheimer, la trisomie 21 et la polykystose.

C’est l’une des innovations qui a présentée jusqu’au vendredi 12 octobre, au Quartz, à Brest, lors de la « Sea Tech Week », semaine internationale des sciences et technologies de la mer, qui a réuni un millier de chercheurs sur le thème des bioressources marines.

Laurent Meijer, 65 ans, cofondateur de ManRos Therapuetics, à Roscoff.

Pourquoi, depuis des milliers d’années, cette petite éponge de mer verte fabrique-t-elle une molécule appelée leucetta ? On ne sait toujours pas. Mais on a découvert que, synthétisée, cette leucetta bloque la « Dyrk1a », une protéine impliquée dans la maladie d’Alzheimer et la trisomie 21.

500 dérivés, les leucettines

S’il avoue « n’avoir jamais vu, en vrai de leucetta ! », Laurent Meijer, cofondateur de ManRos Therapeutics à Roscoff, travaille, épaulé d’une douzaine de chimistes et biologistes, sur ses 500 dérivés améliorés, les leucettines. Ce qui le fait avancer, simultanément, sur les fronts de quatre maladies génétiques : la mucoviscidose, la maladie d’Alzheimer, la trisomie 21 et la polykistose rénale (des kystes qui apparaissent dans les reins).« On s’est d’abord concentré sur une vingtaine des 518 kinases que l’on trouve chez l’homme, explique Laurent Meijer. Ces kinases sont des protéines régulatrices de la vie de la cellule. Elles contrôlent les contractions musculaires, les transmissions d’afflux nerveux… »

La leucettine inhibe la « Dyrk1a »

Petit à petit, ils ont découvert leurs implications physiologiques. Quand les kinases sont suractivées, ça entraîne des pathologies. Si on trouve une molécule qui les ralentit ou les inhibe, alors on trouve le traitement qui va bloquer le développement de la maladie.« La trisomie et l’Alzheimer sont des maladies très proches, poursuit Laurent Meijer. On trouve la « Dyrk1a » en quantité anormale sur les trois chromosomes de la trisomie. On retrouve cette même « Dyrk1a » suractivée dans le cerveau des personnes atteintes d’Alzheimer. »

Les problèmes retardés, le QI élevé

Si on peut inhiber, partiellement, l’activité de la « Dyrk1a » grâce aux leucettines, alors on peut corriger les problèmes d’apprentissage, de localisation dans l’espace, de reconnaissance d’objets : « On ne va pas tout éradiquer, tempère le chercheur. Mais si, chez les patients atteints d’Alzheimer, on retarde l’arrivée des déficits majeurs de trois ans, c’est déjà un grand progrès. On gagne en amélioration de la vie, en temps de prise en charge… » Idem pour les personnes atteintes de trisomie : « Si on réussit à élever leur QI, ça signifie en plus de l’autonomie, une meilleure intégration dans la société. »

Un patch pour les humains

Si ? Des souris trisomiques ont reçu des injections de leucettines. Les résultats sont très encourageants : leurs problèmes d’apprentissage et de mémoire ont été corrigés. ManRos Therapeutics espère commencer les essais cliniques en 2020 : « Pour les êtres humains, plutôt que l’injection ou le cachet, on travaille sur un patch, plus pratique. Si ça marche, il arrivera très vite sur le marché. »

Source OUEST FRANCE.

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