Côtes-d’Armor. Son fils handicapé se tue, la mère en colère…

Isolé par le confinement, Elwood Mandart, un homme de 31 ans de Trégueux (Côtes-d’Armor), s’est immolé par le feu, le 31 mai.

Sa maman lance un cri d’alarme sur Facebook.

Elwood Mandart s'est donné la mort, à Trégueux, le 31 mai. Selon sa maman, son décès est lié au confinement.

Aux environs de 22 h, le dimanche 31 mai, Elwood Mandart s’est donné la mort, à Trégueux. Près du centre culturel Bleu Pluriel, l’homme de 31 ans, qui se déplaçait uniquement en fauteuil roulant, s’est aspergé de gel hydroalcoolique, avant de s’immoler.

Lorsqu’une voisine, alertée par les cris, tente, avec un T-shirt, d’éteindre les flammes sur son corps, il lui répond « laisse-moi partir ». Malgré l’intervention de témoins, de pompiers, puis des médecins du centre hospitalier Yves-Le Foll de Saint-Brieuc, il succombe à ses blessures, peu après minuit.

« Il n’en pouvait plus »

Le 8 juin, la maman d’Elwood, Christine Mandart, qui vit dans les Hauts-de-Seine (92), poste un message sur Facebook, qu’elle intitule « les oubliés du confinement ». Pour que ce drame ait un écho. Contactée, elle estime que le confinement a été le déclencheur du geste fatal : « Il n’en pouvait plus, il en avait marre de ne pas pouvoir sortir, il avait besoin de lien social. Cet isolement a eu raison de son moral ».

Son cerveau ayant été privé d’oxygène durant 15 minutes à la naissance, Elwood avait un problème aux jambes, se déplaçait en fauteuil roulant. Ne pouvait aller seul aux toilettes. Des auxiliaires de vie venaient quotidiennement l’aider, « mais malheureusement, si certaines arrivent à prendre le temps, d’autres, pressées par les cadences imposées, restent 20 minutes pour faire les repas en vitesse, puis s’en vont. »

Une société plus attentive

Un handicap qui crée l’isolement, renforcé par le confinement imposé à toute la nation : « Durant cette période, le côté humain n’a pas été suffisamment pris en compte, cela a été la goutte de trop pour lui. Depuis la région parisienne, au-delà des 100 km, je n’avais pas le droit de venir le voir, alors que ça allait mieux quand on se voyait. Il était tellement mal qu’il avait déjà demandé aux pompiers de venir le chercher, quelques semaines plus tôt. Il avait été hospitalisé… puis était retourné chez lui. »

La cérémonie funéraire a eu lieu à Saint-Brieuc, le jeudi 4 juin. Tandis qu’elle vide la maison que son fils occupait, ce vendredi, Christine évoque Elwood comme un garçon « curieux, passionné de musique, qui avait envie d’avoir une vie normale. » Elle aimerait que la société soit plus attentive aux personnes en situation de handicap, isolées, qui ne trouvent pas de travail. La dernière fois qu’elle l’a eu au téléphone, trois jours avant sa mort, « il m’avait dit je t’aime, maman », raconte-t-elle. La dernière fois qu’elle a vu son visage, après le drame, « il avait l’air apaisé, comme s’il dormait ».

Source OUEST FRANCE.

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