Roxane, handicapée moteur : «J’ai l’impression d’être tout le temps un boulet»…

Nous avons suivie Roxane, 28 ans, dans son quotidien.

Transports, logement, paperasse… autant de galères qui l’empêchent d’accéder à son rêve : être autonome.

« Ça vous dérange si on y va à pied ? » demande Roxane pour éviter d’ajouter au tram et au RER un trajet en bus, « ultra-compliqué » en heure de pointe. Pour la jeune femme de 28 ans, à pied, cela signifie en mini-scooter électrique. L’engin à quatre roues sur lequel est fixé un fauteuil lui permet de filer à toute allure dans les rues de Paris, rendues glissantes ce vendredi par la pluie qui s’abat.

Roxane a une « IMC », une infirmité motrice cérébrale. Un manque d’oxygène lors de sa naissance a contraint ses jambes. Après dix-sept opérations et grâce à des béquilles, elle peut marcher, mais son équilibre est fragile, ses genoux flanchent sans prévenir. Le « scoot » lui est ainsi indispensable. Si elle accepte de nous rencontrer, ce n’est pas pour lister les galères inhérentes à son handicap, mais pour montrer les obstacles qui seraient évitables si la société prenait mieux en considération les difficultés de 12 millions de ses concitoyens. « L’accessibilité permettrait à beaucoup d’être autonomes », résume-t-elle. Roxane, bonnet noir sur la tête, yeux ébène, débit cash et rapide, n’est pas du genre à aimer dépendre des autres. Elle y est contrainte.

On la retrouve à 18 heures, dans le XVe arrondissement de Paris à la sortie du boulot, un service civique dans une association qu’elle adore. Elle montre la boulangerie où elle va acheter à déjeuner les midis sans jamais y entrer ! Il y a trois marches. Alors, elle appuie sur une sonnette et commande depuis l’extérieur. « On m’apporte mon dej à la porte. Je dois toujours avoir l’appoint, car payer en CB est impossible », note-t-elle, avant de rouler vers la station de tram pour rentrer chez elle, à la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

En chemin, on croise le métro : « J’ai toujours les boules en passant devant. À part la ligne 14, presque aucun n’est accessible. Dommage, je perdrais tellement moins de temps ».

«Je passe ma vie à demander l’autorisation»

Arrivée en gare RER Cité Universitaire, Roxane se dirige comme chaque soir au guichet. « Bonjour, je vais à la Plaine », dit-elle à l’agent RATP qui va téléphoner à un centre de liaison pour s’assurer que son homologue de la SNCF pourra accueillir Roxane à la Plaine. Car, depuis le quai, trop haut ou trop bas, elle ne peut accéder au train. Une rampe doit, à chaque fois, être déployée. « Si elles étaient automatiques, il n’y aurait pas de problème ! Mais non, alors je passe ma vie à demander l’autorisation. Parfois, il faut laisser passer deux, trois trains. J’ai l’impression d’être tout le temps un boulet. Ça use », lance-t-elle sans ôter son grand sourire.

Le feu vert est donné : nous sommes autorisés à monter dans le RER. Roxane ne veut pas laisser penser que la vie en France est un enfer, mais juge des choses « aberrantes ». Sur son podium, l’attribution de l’allocation adulte handicapé (AAH) en fonction des revenus du conjoint.

« Ce n’est déjà pas simple d’être en couple quand on est handicapé alors dire à l’autre : tu auras aussi la charge financière, bon courage ! Pour moi, être la meuf au crochet de, il n’y a pas pire. » Aujourd’hui, Roxane vit seule et touche 964 euros d’allocation. Mais elle a été en couple pendant sept ans. La perspective du mariage fut vite tranchée : non, pour préserver l’AAH et donc son indépendance.

Source LE PARISIEN.

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