On est sensibles à la matière sonore, notre cerveau s’adapte et assimile » : aveugle de naissance, il est devenu joueur d’orgue professionnel…

Dominique Levacque, professeur à l’Institut national des jeunes aveugles de Paris, estime que les non-voyants ont davantage de facilité avec les sons.

"On est sensibles à la matière sonore, notre cerveau s'adapte et assimile" : aveugle de naissance, il est devenu joueur d'orgue professionnel. Dominique Levacque en train de jouer de l\'orgue, le 4 janvier 2019.

Aujourd’hui c’est la 17e journée mondiale du braille, en hommage à la naissance de Louis Braille, né un 4 janvier, cette journée célèbre ce système tactile d’écriture qui permet aux aveugles et malvoyants de comprendre un texte, de communiquer… mais aussi de jouer d’un instrument. C’est le cas de Dominique Levacque, l’un des derniers joueurs d’orgues professionnels en France. Il donne des cours à l’Institut national des jeunes aveugles, dans le VIIe arrondissement.

Une aisance particulière avec les sons

Le dos bien droit, la tête légèrement relevée, ses doigts virevoltent sur les touches de l’orgue. Dans une salle de concert semblable à celle d’une église, Dominique Levacque, 54 ans, joue une célèbre chorale de Jean-Sébastien Bach : « C’est une pièce que je trouve particulièrement belle », explique cet aveugle de naissance, qui développe très vite une attirance pour la musique. À 15 ans, il s’inscrit à l’Institut national des jeunes aveugles de Paris et deviendra professeur par la suite. Selon lui, les non-voyants ont une aisance particulière avec les sons : « On est sensibles à la matière sonore, on peut être sensibles également à la sensation qu’on a d’appréhender le clavier, le pédalier », raconte-t-il.

« On est peut-être plus sensibles à l’aspect sonore qu’à une image visuelle qu’on pourrait éventuellement avoir ». Dominique Levacque, organiste professionnelà franceinfo

« Tout est codifié »

À l’étage, le bureau de Dominique Levacque – qui sert aussi de salle de cours -, contient deux pianos et une dizaine de partitions en braille. Ces partitions affichent au maximum 64 caractères en relief, sur lesquelles la personne aveugle va repérer les notes : « En musique, on a en braille tout ce qu’on peut trouver, c’est à dire les notes, les silences… La partition nous donne les mêmes indications que celles qu’on va trouver dans une partition en noir », explique Dominique Levacque. Une codification qui implique d’être assez à l’aise avec les mathématiques. « Il va falloir compter. Par exemple quand je vais déchiffrer la première mesure de la main droite, il va falloir que j’aille voir à la main gauche comment ça va se mettre en place et compter les différentes mesures, pour que quand je déchiffre la mesure un, je déchiffre bien la mesure un de l’autre main », affirme-t-il.

« Il va falloir compter les temps, compter les valeurs, il y a une dimension un peu mathématique ». Dominique Levacqueà franceinfo

Tout ça nécessite également une bonne mémoire. Mais pour Dominique Levacque, c’est un problème mineur : « Finalement, notre cerveau s’adapte facilement, il assimile en fait », explique-t-il. Le braille est concurrencé par les supports audios. En France, seulement 10% des aveugles l’utilisent. Mais chez les non-voyants amateurs d’instruments de musique, aucune technique ne vient remplacer les partitions en relief.

Source FRANCE INFO.

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