L’Allemagne développe l’habitat autogéré… Alternative à l’Ehpad…

Fédéralisme oblige, il n’existe pas de modèle unique en Allemagne pour prendre en compte la dépendance.

Colocations accompagnées et habitat participatif, les formes alternatives se développent néanmoins.

L’Allemagne développe l’habitat autogéré.

«Par sa démographie, la thématique du vieillissement est centrale en Allemagne », constate Anne Labit, sociologue à l’université d’Orléans et co-fondatrice de Hal’âge, une association qui développe et soutient les démarches d’innovation sociale au croisement de l’habiter et du vieillir.

Dans la loi allemande sur l’assurance soin, le principe des soins au domicile est prioritaire sur l’entrée en établissement depuis 1994, et l’aide sociale permet à chacun de rester à domicile si la solution ne coûte pas plus qu’un séjour en établissement.

Pas de modèle unique

Sur son site, le ministère fédéral de la famille, des seniors, des jeunes et des femmes recense, à égalité, les établissements médicalisés, les résidences services et les logements-foyers, les colocations accompagnées et l’habitat participatif.

« Chaque forme répond à des situations et des aspirations singulières », affirme le ministère. Chaque région fixe le cadre réglementaire de fonctionnement des établissements et services (taux d’encadrement, niveau de formation des salariés, forfaits types pour l’aide et le soin au domicile), il n’y a donc pas de modèle économique unique d’accueil et d’accompagnement des personnes âgées. Les tarifs et les restes à charge varient d’une région à l’autre.

Alternative à l’Ehpad

Une raison qui explique peut-être le développement des formes alternatives d’habitat prenant en compte le vieillissement. « L’habitat groupé autogéré des personnes âgées apparaît comme une bonne solution, aussi bien en termes économiques, pour réduire les dépenses publiques liées au vieillissement, que sociaux grâce à la qualité du vieillir qui privilégie l’autonomie de la personne et la solidarité collective », explique Anne Labit.

La chercheure rapporte l’exemple de la villa Emma, initiée à partir de la coopérative d’habitants Amaryllis dans la périphérie de Bonn. Soutenu par la ville, le Land Nordrhein-Westfalen et l’État, cet habitat alternatif à l’institution médicalisée accueille, depuis 2011, treize personnes entre 22 et 90 ans, valides ou handicapées, ayant besoin de soutien et de soins réguliers ou pas.

Les onze logements sont adaptés au handicap et cinq sont sociaux. Le loyer s’élève à 9,60 euros/m2 pour le privé et à 5,10 euros/m2 pour le locatif public. S’y ajoutent 2,30 euros/m2 pour les salles communes et 2 euros/m2 pour le chauffage, l’eau et le gardien. Un service ambulatoire d’aide à domicile et des soins, dont les bureaux sont installés dans la villa, est disponible 24 h/24 et intervient à la demande.

Vigilance

Reste que le projet mise sur l’entraide de la communauté d’habitants, l’investissement d’une trentaine de bénévoles du quartier, notamment pour la vie quotidienne. Il s’agit de « bien vivre ensemble pour pouvoir bien vieillir ensemble », analyse Anne Labit. C’est pourquoi ce type de « montage nécessite une certaine vigilance, notamment en termes de projet social ».

« Adapter l’espace social de proximité à l’échelle du quartier »

Le rapport sur les « Organisations et ressources territoriales pour le maintien à domicile de personnes très dépendantes » en Europe, relève « l’intérêt de la notion de quartier, à la fois comme environnement familier d’une personne et comme espace pertinent pour l’organisation des soutiens » autour de la personne désireuse de vivre et de vieillir chez elle. Ce modèle existe en Allemagne depuis les années 1980 – coopération entre les bailleurs sociaux et les services d’aide et de soins. Les quartiers sont définis par un rayon de 500 à 1 000 m autour d’un point central. Chacun comprend quatre « incontournables » : un espace de rencontre et de convivialité, des logements adaptés dont quelques-uns pour les clients bénéficiant d’un service d’aide et de soins à domicile, une permanence « aide et soins » avec téléassistance et intervention d’urgence facturées à l’intervention, un « manager de quartier », coordonnateur social présent pour soutenir habitants et bénévoles, susciter les solidarités de voisinage et coordonner les activités.
Rapport remis à la CNSA par Familles Solidaires pour le Réseau de l’habitat partagé et accompagné.


Chiffres Clés

  • Population (OCDE, 2017) : 82,8 millions ; 20,9 % + 65 ans, 5,6 % + 80 ans ; 29 % des personnes en perte d’autonomie résident en établissement.
  • Aide et soins de longue durée (2015) : 2,9 millions de personnes (3,5 % de la population, 14,1 % des 75-84 ans et 66,1 % des + 89 ans) dans 13 596 établissements (730 145 salariés) et 13 323 services (355 613 salariés).
  • Financement (public et privé) de la perte d’autonomie (OCDE, 2017) : 1,3 % du PIB. Plafond de l’assurance SLD, à domicile : 316 à 901 euros (espèces), 689 à 1 995 euros (en nature) ; en établissement : forfait de 125 à 2 005 euros (RAC = 2 000 €).

Source www.gazette-sante-social.fr.

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