Jeux paralympiques : « Dépasser le handicap pour parler de performance »…

Championne de France de tennis-fauteuil, Pauline Déroulède couvre la 16e édition des Jeux paralympiques comme consultante pour la chaîne L’Équipe.

Rencontre.

Pauline Deroulede, championne de tennis-fauteuil, coanimera une emission quotidienne pendant les Jeux paralympiques.

 

Tokyo bat de nouveau au rythme olympique. Jusqu’au 5 septembre, 4 400 athlètes issus de plus de 130 délégations s’affrontent, selon leur handicap, sur les terrains des 22 disciplines inscrites au programme paralympique – 23 si l’on considère la distinction officielle entre cyclisme sur piste et cyclisme sur route.

Forte de 138 athlètes handicapés physiques, sensoriels ou en situation de handicap intellectuel, engagés dans 19 disciplines, la délégation française pourra compter sur ses têtes d’affiche qui ont déjà marqué l’histoire à Rio en 2016 et à Londres en 2012, ainsi que sur des novices qui, pour leurs premiers Jeux, ont les capacités de s’illustrer à Tokyo. Alors que la cycliste Marie Patouillet a déjà décroché le bronze et le nageur Ugo Didier l’argent, les Bleus visent 35 récompenses contre 28 seulement en 2016. Championne de France de tennis-fauteuil et consultante pour la chaîne L’Équipe, Pauline Déroulède nous livre les enjeux de la compétition.

La rage de vaincre

Tout peut basculer si vite dans une vie, si vite que le passé s’efface comme dans un rêve. « Si les athlètes paralympiques existent, c’est aussi qu’ils ont eu un parcours de vie qui les a menés à choisir le sport pour se reconstruire », débute Pauline Déroulède. Et la championne de tennis-fauteuil en sait quelque chose. Le 27 octobre 2018, sur un trottoir du XVe arrondissement, à Paris, la jeune femme est à l’arrêt sur son scooter pendant que sa compagne achète un bouquet de fleurs. Survient alors le choc terrible. Une voiture folle la percute et la projette à plusieurs mètres. À 28 ans, Pauline Déroulède est amputée de la jambe gauche et sa vie bascule. Mais portée par un furieux élan de vie, une rage de vaincre et un terrible besoin d’en découdre avec ce destin qui lui faisait un sacré sale coup, Pauline Déroulède fait le deuil de sa vie d’avant et se projette vers l’avenir. Résilience, quand tu nous tiens…

Compétitrice amatrice de tennis avant son accident, Pauline Déroulède n’accepte pas tout de suite de retourner sur un court et de poursuivre son sport en fauteuil. Toutefois, le temps qui passe faisant son effet, la jeune femme émet l’envie de participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024. C’est ainsi que débute sa préparation en tennis-fauteuil. Mais avant cela, le nouvel espoir de la raquette tricolore se lance un défi à relever : être consultante parasport pour l’émission Jeux paralympiques, la course aux médailles.

« Ces athlètes qui s’entraînent tous les jours, ils en oublient le handicap. » Pauline Déroulède

« C’est un programme quotidien, avec deux heures d’antenne par jour, qui sera animé par France Pierron. La volonté de la chaîne L’Équipe était de revenir sur le meilleur de la journée paralympique et de réaliser un focus sur les performances des athlètes tricolores. Ce sera le best of de la journée toutes disciplines confondues ». La première émission de ce programme inédit sera diffusée ce mercredi 25 août sur la chaîne L’Équipe. « Mon ambition est de raconter au grand public les histoires qui se cachent derrière ces athlètes. Mais il faut aussi être capable de se dégager de l’image du handicap et parler de la performance. Eux qui s’entraînent tous les jours, ils en oublient le handicap. Ils sont concentrés sur la performance à réaliser. »

Houdet et Peifer, « prêts à tout rafler »

Lancés en grande pompe le mardi 24 août 2021, les Jeux paralympiques de Tokyo devraient assurer de nombreuses médailles pour la délégation française qui espère en rapporter 35 du Japon – soit 7 de plus que lors de la précédente olympiade. Un objectif « réalisable » pour la consultante qui permettrait à l’équipe de France de retrouver sa place parmi les meilleures nations du parasport. « Une chose est certaine, on devrait avoir de bonnes surprises, comme de mauvaises. C’est le propre de cette compétition unique que sont les Jeux olympiques et paralympiques. On a tout à fait nos chances de médailles, quels que soient les sports, et je pense qu’il y en aura beaucoup. »

Et la jeune championne portera un regard tout particulier sur les performances de la légende Stéphane Houdet, porte-drapeau de l’équipe de France et champion de tennis-fauteuil, « modèle » de Pauline. « Stéphane, c’est celui qui m’a quasi convaincue de me lancer dans le tennis-fauteuil. Il a un palmarès impressionnant, il a l’expérience des Jeux. Ce ne sera pas une première pour lui. Il est conscient qu’en simple ça va être difficile parce que le niveau s’est élevé, et la concurrence est relevée. Mais en double avec Nicolas Peifer, ils ont clairement une chance de podium. Et pour avoir parlé avec eux, ils visent l’or. C’est une paire historique. Ils sont prêts à tout rafler ».

Le handicap, l’affaire de tous

Au-delà des médailles, l’enjeu essentiel pour l’avenir est de créer un engouement populaire pour porter toutes les disciplines, notamment en vue des Jeux de Paris 2024. « L’idée, c’est de montrer du parasport, de le rendre plus accessible au grand public et d’éduquer les gens au handicap, parce qu’il y a encore beaucoup de tabous et de nombreuses personnes qui ne savent pas comment réagir face au handicap. Le sport est sans doute le meilleur moyen de mettre en avant le handicap et de prouver que l’on peut faire de la performance à haut niveau. » Car, pour la jeune femme, notre regard sur le handicap doit évoluer : « Cela a un lien avec la culture du handicap dans notre société. C’est le reflet de notre société qui déteint sur le traitement du parasport par les médias et le public. Pourtant, le handicap est une affaire de tous. Je pense que les médias ont une volonté commune de mettre en avant du sport, que ce soit chez les valides ou les personnes en situation de handicap. »

« Il me reste trois ans pour me qualifier pour Paris. C’est à ma portée. » Pauline Déroulède

Néanmoins, Pauline Déroulède perçoit d’ores et déjà un avenir meilleur pour le parasport : « La chance unique que l’on a, c’est que l’on va avoir les Jeux chez nous. Je constate déjà à mon petit niveau que peu importe le sport que l’on fait ou la situation de chacun, représenter les couleurs de l’équipe de France fédère et met tout le monde d’accord. Car peu importe la discipline pratiquée, il y a une même attitude, une même détermination, un même état d’esprit chez ces athlètes. »

Sacrée championne de France de tennis-fauteuil pour la première fois en juin dernier, Pauline Deroulède a désormais le regard tourné vers les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 : « Mon titre national à Grenoble était une première étape. C’était important d’avoir ce titre, d’être championne de mon pays avant de prétendre au niveau international. Mais c’est une première étape qui est validée, deux ans seulement après avoir commencé le tennis-fauteuil. On continue, il me reste trois ans pour me qualifier. C’est à ma portée, il faut continuer de s’entraîner et surtout de faire de la compétition », conclut Pauline Déroulède.

Source LE POINT.

 

 

 

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