Habitat inclusif . Ces travailleurs handicapés à la retraite vivent en autonomie sans être seuls…

L’habitat inclusif, nouveau concept de lieux de vie pour personnes handicapées, est en plein essor. Deux projets innovants ont déjà vu le jour en Loire-Atlantique.

Martial, Hervé, René et deux des accompagnants de Ker’âge, David et Laurence.

Cet après-midi, Martial est ronchon. Il préférerait être ailleurs, tout seul, pour faire ce qu’il a envie. En tout cas, autre chose que jouer aux petits chevaux avec son copain René. Il y a des jours comme ça.

Martial, René, Hervé, Jean-Louis, Maria, Michel, Jean et Alain vivent ensemble, mais séparément, au 4e étage de l’Ephad Saint-Joseph, près du jardin des Plantes, à Nantes. Chacun dispose d’un studio indépendant, équipé d’une salle d’eau et d’une kitchenette.

« Ici, je me sens en sécurité. Et je m’entends bien avec les autres »

Le midi, tous se retrouvent à la salle à manger pour préparer et partager le déjeuner. L’après-midi, chacun vaque à ses occupations, profite de la sortie en groupe au cinéma ou au musée, ou fait de la gym douce.

Le soir, tout le monde se retrouve pour le dîner avant d’aller se coucher. Ou pas. Comme Hervé, 63 ans, qui avoue regarder trop la télé et traîner au lit le matin. J’arrive trop tard pour la cuisine mais je me rattrape sur la vaisselle, explique-t-il en souriant.

Ainsi va la vie à Ker’âge, un habitat inclusif ouvert en septembre 2017 par l’Adapei 44 pour loger des travailleurs handicapés mentaux, anciens salariés d’Esat (*), arrivés à l’âge de la retraite. « Souvent, ces personnes ont des difficultés à rester seules chez elles. Elles ont besoin d’une certaine sécurité et d’un accompagnement quotidien, explique Cécile Favreau la coordinatrice de la plateforme.

Les huit occupants du foyer (moyenne d’âge 61 ans) payent un loyer (autour de 300 euros par mois, APL déduite) et mettent en commun leur prestation de compensation du handicap (PCH) pour financer les prestations d’une maîtresse de maison huit heures par jour. Cette dernière les aide à préparer les repas, fait les courses, gère l’entretien du linge et l’entretien des espaces communs.

Par ailleurs, deux étudiants sont hébergés dans la résidence dans le cadre du dispositif « voisins solidaires » mis en place par l’association Nantes Renoue. Ils sont présents toutes les nuits et le week-end pour assurer une veille et proposer des activités, poursuit Cécile Favreau.

Chaque locataire peut en outre bénéficier d’un accompagnement individuel pour l’aide à la toilette, le suivi médical ou des démarches personnelles.

Ancien salarié de l’Esat Les Iris à Thouaré, René, 67 ans, est arrivé là il y a deux ans. Pendant longtemps, je me suis demandé où je finirai une fois à la retraite. Ici, je suis bien, je me sens en sécurité. Et je m’entends bien avec les autres ».

Même chose pour Hervé, 63 ans, le couche-tard. Avant j’habitais seul en HLM. Mais je n’y arrivais pas avec les papiers. Ici, l’ambiance est familiale. Des fois, on rouspète mais c’est pour des broutilles, rien de grave.

Rassurant

Malgré les petites contraintes liées à la vie en collectivité et les coups de blues passagers, les résidents se sentent plutôt bien à Ker’âge. Pour eux et pour leurs familles, c’est un environnement très rassurant», souligne Cécile Favreau. L’objectif est de les maintenir le plus longtemps possible dans le dispositif, jusqu’à leur passage vers l’Ephad, à l’étage au-dessous.

L’an prochain, l’Adapei ouvrira un deuxième foyer inclusif de douze logements à Machecoul.

(*) Établissement et service d’aide par le travail.

Source OUEST FRANCE.

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