En France, la filière santé en mal d’innovations ? Douze propositions pour que ça change…

L’institut Montaigne publie une note sur la filière de santé en France, trop éclatée, selon ses auteurs, pour favoriser les innovations. Ils formulent douze propositions.

L’innovation, un enjeu pour la filière de santé. Ici, une opération de la hanche sur une patiente au CHU de Rennes Pontchaillou. La prothèse de la hanche en titane installée a été réalisée sur mesure à l’aide d’une imprimante 3D.

 

Et si la santé, ce n’était pas que des dépenses ? Dans notre perception générale, c’est souvent le coût qui est mis en avant​, déplore Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, société spécialisée dans les logiciels de modélisation. Avec Jean-Patrick Lajonchère, directeur général du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, il vient de rédiger une note sur la filière de santé en France, pour le compte de l’Institut Montaigne.

Un secteur de premier plan

Tous les deux rappellent ainsi qu’il s’agit d’un secteur de premier plan ​ : il emploie plus de deux millions de personnes (soins, industries de santé…) et représente un poids économique de 300 milliards d’euros (dépenses de santé, exportations), soit plus de 12 % du produit intérieur brut.

Avant l’élection présidentielle, ils mettent donc le sujet sur la table : Ne plus considérer le secteur de la santé comme une source de dépenses à gérer ​mais comme une filière économique créatrice de valeur pour les patients et de croissance​.

Des lourdeurs administratives

Les auteurs de ce rapport dénoncent trop de cloisonnements entre les secteurs de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement. Des lourdeurs administratives au milieu d’instances multiples et éclatées : les directions générales de la Santé, des entreprises, de la Sécurité sociale, de l’offre de soins… Chez Dassault Systèmes, nous avons mis au point une simulation numérique dans le domaine de la chirurgie cardiaque. L’administration américaine, la FDA, nous a tout de suite dit de venir présenter notre innovation. Pourrais-je faire la même démarche en France ? Sans doute. Mais je ne saurais pas à qui m’adresser​, déplore Bernard Charlès.

Un secrétaire d’État de la filière santé ?

Pour améliorer l’innovation dans le domaine de la santé, ils préconisent ainsi de créer au gouvernement un poste de secrétaire d’État chargé du développement de la filière santé. Avec un guichet unique pour les acteurs économiques de la filière​.

Mais aussi la création de pôles d’excellence régionaux pour faciliter les projets entre les différents professionnels de ce secteur. Sur ce chapitre, la France ne part pas de rien puisque sept pôles de compétitivité existent déjà dans ce domaine, dont Atlanpole biothérapies dans l’Ouest. Le problème de ces pôles est qu’ils sont orientés vers la création de start-up, mais pas sur l’accompagnement à plus long terme pour permettre le passage à l’échelle au niveau national voire mondial. Comment dès lors faire grossir ces petites entreprises ? C’est ça l’enjeu​, insiste Jean-Patrick Lajonchère.

Dans cette vision libérale de la filière santé, les auteurs revendiquent de pouvoir mesurer la performance ​des dépenses publiques engagées par l’État : Il serait normal d’évaluer les services dont nous bénéficions au regard des sommes investies. Mais pour cela, il faut instaurer un pilotage basé sur les données médicales anonymisées​, note Bernard Charlès. Mais dans une période où les masques ont fait défaut, où les lits de réanimation et le personnel soignant se révèlent insuffisants, ils savent qu’évoquer la performance des dépenses publiques est un sujetémotionnel ». ​Pour ne pas dire épidermique…

Source OUEST FRANCE.

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