Éloignés par le handicap, ils se fiancent pour se rapprocher malgré la distance…

À 64 ans, Frédéric, retraité de l’ESAT, s’est fiancé avec sa compagne le 10 décembre. Lui vit à Vesoul, dans une résidence relevant de l’habitat autonome avec accompagnement, elle, dans un foyer à Gray.

Éloignés par le handicap, c’est pour « se rapprocher » d’une autre façon que le couple s’est fiancé.

Éloignés par le handicap, ils se fiancent pour se rapprocher malgré la distance

 

Il attend avec impatience de revoir son « petit bébé ». Son départ pour Gray, le temps d’une journée, est programmé la semaine prochaine, mais il tarde déjà à Frédéric Clochey de passer à nouveau du temps avec sa compagne, Chloé (*). Cette dernière est d’ailleurs, depuis le 10 décembre, plus qu’une compagne, puisqu’elle et Frédéric se sont fiancés.

Ce jour-là – « c’était un vendredi » – Frédéric a pris un taxi pour Gray, un duo d’alliances dans la poche, pour officialiser, en quelque sorte, le couple qu’il forme depuis trois ans avec Chloé. Une histoire a priori banale, qui ne l’est pas tout à fait, en réalité, pour les deux tourtereaux. Tous deux en situation de handicap, Frédéric et Chloé se sont rencontrés à Besançon, au cours d’un séjour d’été organisé par une structure spécialisée dans les séjours pour personnes déficientes intellectuelles. « Chloé a fait le premier pas », se souvient Frédéric. « Et moi, le dernier », glisse-t-il dans un sourire. Le couple a ainsi tenu toutes ces années, malgré la distance qui les sépare.

Une vie de couple par intermittence

Frédéric, 64 ans, retraité de l’ESAT à Vesoul, vit depuis avril 2016 dans un appartement de la résidence Bellevue, à Vesoul, un habitat autonome avec accompagnement , géré par le groupe associatif Handy’Up (ex Adapei) et Eliad. Chloé, sa compagne âgée de 53 ans et rendue moins autonome par des problèmes de santé, vit en foyer à Gray. Le couple ne peut envisager de partager le même toit. « Quand elle vient ici, il faut l’aider », éclaire Frédéric. « Au vu de la situation de Chloé, il paraît compliqué qu’elle vive à Bellevue, dans la mesure où il faut une certaine autonomie pour intégrer la résidence », traduit Nadine Lacroix, animatrice et coordinatrice du dispositif habitat inclusif pour Handy’Up. Les liens ont néanmoins tenu, grâce à des rencontres organisées tous les 15 jours, une fois chez l’un, une fois chez l’autre. Et des échanges téléphoniques, chaque soir ou presque, à la même heure.

Engagement

« Je pense que ces fiançailles étaient le moyen de se rapprocher, malgré la situation et la distance », analyse Nadine Lacroix, qui a accompagné Frédéric dans ce projet pas tout à fait comme les autres. « À l’origine, Frédéric souhaitait se marier. Mais cela paraissait compliqué car le mariage suppose de vivre sous le même toit. » Raison pour laquelle le couple en est resté au stade des fiançailles. Mais s’il n’y a pas eu démarches officielles en mairie donc, la décision n’a pour autant pas été prise à la légère, d’autant que les deux intéressés sont sous tutelle, l’un et l’autre : « Frédéric a échangé avec sa tutrice, avec la psychologue ». Par la suite, Nadine a accompagné le couple dans le choix des alliances, dans une bijouterie, dans les démarches pour les gravures. « Frédéric s’est aussi acheté de beaux vêtements, en vue du rendez-vous à Gray, nous avons cherché un restaurant pour le jour J, aussi. »

Une journée soigneusement préparée, attendue de longue date, qui est sûrement passée trop vite au goût des deux intéressés. Un mariage comme un autre, finalement…

(*) Le prénom a été modifié, conformément à la volonté de la compagne de Frédéric de ne pas apparaître dans l’article.

Source EST REPUBLICAIN.

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