Chronique détox – Immunité et coronavirus : ce que l’on sait et ce que l’on ignore encore…

Immunité. Ce nom féminin de huit lettres désigne « l’ensemble des mécanismes de défense d’un organisme contre les éléments étrangers, en particulier les agents infectieux (virus, bactéries ou parasites) ».

Comment fonctionne l'immunité et quel enjeu en période de pandémie de covid-19 ?

Voilà pour la définition simple du petit Larousse. D’ailleurs, pour la plupart d’entre nous, ce mot évoquait, tout au plus, le lointain souvenir d’un cours de sciences naturelles au collège ou au lycée. Mais, c’était avant l’arrivée tonitruante du Covid-19 dans notre quotidien ! Depuis 4 mois, l’immunité et l’immunologie, la discipline en charge de son étude, s’invitent dans toutes les discussions. Et il faut bien l’avouer, ce n’est pas toujours très simple de s’y retrouver.

Petite mise au point d’actualité sur 4 questions centrales : Les personnes infectées par le Sars-Cov2 développent-elles une immunité contre lui ?

Sur ce point les toutes dernières données sont rassurantes. Plusieurs études récentes montrent en effet que les personnes touchées par la maladie développent une « immunité acquise » avec l’apparition dans leur organisme d’anticorps dirigés spécifiquement contre le virus Sars-CoV-2. L’une de ces études a été réalisée à partir d’échantillon sanguin prélevés sur le personnel du CHU de Strasbourg, établissement touché par des cas de contaminations dès la première semaine de mars. Les chercheurs de l’Institut Pasteur ont suivi le rythme d’apparition des anticorps chez 160 patients ayant souffert d’une forme très bénigne de la maladie, sans avoir nécessité d’hospitalisation et n’ayant entrainé que des symptômes classiques (fièvre, perte de l’odorat…).  Premier enseignement : trois à quatre semaine après l’apparition de la maladie, la totalité des participants à l’étude, sauf un, avaient produit des anticorps contre le Sars-CoV-2 . Deuxième enseignement : ce sont bien des anticorps « neutralisants », dont la fonction est de bloquer efficacement certains récepteurs du virus pour l’empêcher d’infecter les cellules. C’est un point essentiel, car il faut en effet savoir que tous les anticorps ne se valent pas. Certains, par exemple, ont un pouvoir neutralisant très mineur car ils ne se fixent pas sur des sites essentiels du virus.

Cette immunité acquise contre le virus protège-t-elle d’une nouvelle infection ?

C’est la question centrale pour tous ceux qui ont eu le Covid-19. Et là encore, les nouvelles sont plutôt rassurantes. Des études in vitro mais aussi sur les singes ont mis en évidence qu’après une première infection suivie d’une guérison, les primates ne retombaient pas malade lorsqu’on leur administrait de nouveau le Sars-CoV-2. De plus, les suspicions de réinfection chez des patients guéris, signalés notamment en Corée du Sud, se sont avérées être des fausses alertes.

L’infection par d’autres coronavirus communs renforce-t-elle l’immunité contre le Sars-Cov2 ?

Ce n’est encore qu’une hypothèse basée sur des expériences de laboratoire. Ces dernières expériences suggèrent l’existence d’une « immunité croisée » entre le Sars-Cov2 et des coronavirus hivernaux, ceux qui circulent à bas bruit depuis des décennies  dans la population en provoquant de simples rhumes. Autrement dit, il est possible que les anticorps fabriqués à l’occasion d’une infection par ces coronavirus communs aident à combattre le coronavirus pandémique. Une étude publiée dans la revue Cell montre ainsi que 40 à 60% des prélèvements sanguins datant d’avant la pandémie présentaient déjà des anticorps capables de reconnaître le Sars-CoV-2. Deux équipes suisses et chinoises ont, elles, montré que des anticorps bloquants l’action du Sars-CoV-2 étaient également capables de neutraliser les deux coronavirus responsables des pandémies de Sras et de Mers. Toutes ces observations ne permettent pas de savoir si « l’immunité croisée » permet de protéger totalement ou même partiellement les personnes infectées, mais elles constituent une piste pour expliquer les disparités entre les formes bénignes ou sévères. A noter, qu’un scénario inverse, plus sombre, est également envisageable. Celui d’une action « facilitante » de ces anticorps lors d’une infection par le Sars-CoV-2. Ils se fixeraient sur le nouveau coronavirus, provoqueraient des transformations dans sa structure externe et pourraient, ainsi, lui permettre de pénétrer plus facilement dans les cellules. Le rôle néfaste des « anticorps facilitantes » est déjà bien connu dans le cas de la dengue, maladie virale provoquée par les piqûres de moustiques.

Combien de temps pourra durer la protection ?

Le manque de recul sur la maladie est évidemment la grande limite pour répondre à cette dernière question. Cependant, on sait par expérience que la présence d’anticorps contre le virus du Sars, celui qui a provoqué une pandémie en 2003, est détectable jusqu’à trois ans après l’infection. Pour le Mers, ce serait plutôt deux ans. Dans les modèles animaux, les anticorps tendent également à disparaitre assez rapidement. Seul le temps permettra de savoir si le répit est plus long ou plus court pour le Sars-Cov2. En attendant, ces indices qui pointent vers une immunité provisoire rendent encore plus essentielle la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19.

Source FRANCE INTER.

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