Charlotte, une jeune entrepreneure qui veut favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap…

GÉNÉRATION ENGAGÉE. Avec quatre ingénieurs, Charlotte a fondé une start-up pour améliorer le quotidien des personnes en fauteuil roulant.

Leur idée ? Adapter un fauteuil non motorisé à une trottinette.

Pour la jeune femme de 30 ans, c’est un engagement personnel. Et un concept qui lui a valu de remporter le grand prix du concours Lépine.

Le fauteuil non motorisé adapté à une trottinette conçu par la start-up de Charlotte a déjà été utilisé par 500 personnes.

En fauteuil depuis l’enfance, Charlotte rêve très tôt de faire des études de médecine… Mais après un semestre, elle s’aperçoit que cette voie n’est pas faite pour elle et se réoriente vers une école de commerce, l’EMLV, dont elle sort diplômée en 2015.

Dans la foulée, elle décroche un CDI dans les ressources humaines, début 2016. Pourtant, quelques années, plus tard, elle renonce à cette situation confortable pour se lancer dans l’entrepreneuriat. « En 2018, on m’avait informée que quatre jeunes ingénieurs recherchaient des personnes en fauteuil pour tester des prototypes. Mathieu, Sulivan, Robin et Noé suivaient une formation en innovation et devaient boucler un projet pour améliorer l’expérience utilisateur. J’ai voulu les accompagner », raconte-t-elle.

Leur intuition ? Trouver un système pour adapter un fauteuil non motorisé à une trottinette. Charlotte juge l’idée « farfelue ». Lorsqu’elle teste le système pour la première fois, elle change d’avis. « Ça a été le déclic. J’ai ressenti beaucoup de sensations ! Celle de la vitesse, celle d’être plus libre, sans devoir regarder constamment le sol. Et surtout, d’être sur une trottinette, comme tout le monde ! »

S’investir à temps plein dans la start-up

Très vite, la jeune femme y consacre soirs et week-ends. Omni est fondée en décembre, et Charlotte décide de s’investir dans la start-up. « Le projet, qui me touchait à titre personnel, avait beaucoup de sens. Ce projet et l’équipe m’ont motivée à me dédier à 100%. »

Après deux ans de développement et de dépôt de brevets, la commercialisation démarre. Les associés choisissent de travailler avec deux ESAT (établissements et service d’aide par le travail) pour être « en cohérence avec leur démarche d’inclusion ». Aujourd’hui, les travailleurs en situation de handicap peuvent assembler 300 trottinettes adaptées, en trois mois, à partir des éléments produits à Lille (59).

Et le concept convainc, puisque Omni est sélectionnée comme l’une des 40 start-up les plus prometteuses de l’incubateur Station F. Surtout, l’invention décroche le grand prix du concours Lépine en 2021. « C’est cool qu’une innovation centrée sur le handicap soit promue ! C’est l’occasion de parler d’inclusion. Et cela a été une rampe d’accélération pour nous », poursuit Charlotte.

Au total, 500 utilisateurs l’ont déjà adopté. L’équipe vise plusieurs milliers d’usagers à la fin 2022. « Certains l’utilisent pour aller acheter le pain, d’autres pour des promenades de loisir. C’est un peu le pendant du vélo pour les valides, cela permet de profiter du boom des mobilités douces. Sinon, les personnes en fauteuil n’ont pas d’alternative entre la voiture et le fauteuil. »

Pour Charlotte, le fauteuil adapté à une trottinette est "plus drôle et moins stigmatisant" que d'autres dispositifs comme le fauteuil électrique.

Une évolution personnelle dans son engagement autour du handicap

L’expérience professionnelle croise une trajectoire plus personnelle pour Charlotte. « Avant, je ne voulais pas travailler dans le champ du handicap, pour ne pas être cantonnée à cela. Je craignais de n’être perçue qu’au travers de mon handicap », explique-t-elle.

Mais sa vision change. D’autant que la jeune femme s’investit également à « Tremplin handicap » qui aide des étudiants à s’insérer sur le marché du travail et « Comme les autres », une autre association qui soutient des personnes en situation de handicap.

« Travailler dans ce domaine m’a donné envie d’aider des personnes qui traversent des difficultés que j’ai pu rencontrer. Je me suis aussi aperçue que j’avais eu moi-même des idées préconçues sur le handicap. Cela m’a motivée à combattre ces préjugés », se souvient-elle.

Débordant d’enthousiasme, elle glisse : « Quand les gens vous disent que votre travail change leur vie, vous savez pourquoi vous vous réveillez le matin. Ce système est beaucoup plus abordable que les fauteuils électriques. Il est aussi plus drôle et moins stigmatisant. Dans la rue, les gens s’arrêtent et posent des questions sur la trottinette. Cela crée des interactions fluides et décomplexées ».

Car, selon elle, si la société avance sur le sujet du handicap, « il y a encore énormément de chemin à faire » auprès du grand public et des personnels politiques.

Source L’ETUDIANT.

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