À Épernay, leur handicap les réunit dans une maison partagée…

Depuis deux mois, quatre adultes en situation de handicap psychique vivent ensemble dans une colocation.

Un premier pas vers l’autonomie et une vie normale, après des années de prise en charge médicale et de longs séjours en hôpital psychiatrique.

À Épernay, leur handicap les réunit dans une maison partagée

 

« Voilà la salle à manger, la cuisine, une chambre… » Mathilde est heureuse de faire découvrir l’endroit où elle vit depuis deux mois. Enthousiaste car « à 30 ans, c’est la première fois que je ne suis pas avec mes parents ». Cette première expérience de l’autonomie est commune aux quatre colocataires d’une maison située dans une rue tranquille d’Épernay.

Avec Mathilde, il y a Baptiste, 35 ans, « heureux » d’avoir quitté le logement de sa mère. Dominique, 48 ans, qui jusque-là vivait dans la maison communautaire d’un hôpital psychiatrique. Pascal, 35 ans, qui goûte « au calme et à la liberté », après six années en hôpital psychiatrique.

Mathilde, Baptiste, Dominique et Pascal sont les habitants de la première maison partagée pour personnes en situation de handicap psychique, ouverte par l’association Vivre et devenir dans la Marne. « Une passerelle vers l’autonomie, qui les rapproche de la vie de citoyen, hors du milieu médico-social », résume Céline Bouillet, responsable du Dispositif habitat inclusif Marne de l’association. Trois fois par semaine, elle leur rend visite pour s’assurer que tout se passe bien, « faire le lien avec les professionnels de santé, gérer la logistique, participer à leur réunion hebdomadaire ».

Au quotidien, Émilie Desaintmartin, aide médico-psychologique, joue le rôle de maîtresse de maison, guidant les colocataires dans la découverte de l’autonomie. « Elle est là pour les aider, leur montrer les gestes du quotidien », glisse Céline Bouillet qui précise que s’ils sont jugés aptes pour l’autonomie, orientés par le centre médico psychologique, les habitants de la maison partagée ont presque tout à apprendre : les règles d’hygiène, la composition des repas, les horaires… Durant la semaine, Émilie Desaintmartin établit avec eux les menus de la semaine, les accompagne pour les courses, s’assure que chacun assure ses tâches ménagères.

« En dehors des règles de colocation qui par exemple imposent de prendre les repas en commun pour éviter le risque de repli sur soi, les colocataires sont libres et peuvent sortir quand ils le veulent », insiste Céline Bouillet.

Un vrai chez-soi pour la première fois

Mathilde, Baptiste, Dominique et Pascal apprécient tout particulièrement cette liberté, le fait de prendre leurs propres décisions, « aller au cinéma, à la piscine », donne en exemple Mathilde, « boire un café dans un bar, rencontrer des filles », sourit Pascal, ou encore « décider d’économiser sur le budget pour faire des activités ensemble », fait savoir la maîtresse de maison. Car s’ils ne se connaissent que depuis deux mois, ils forment déjà « un groupe d’entraide », constate-elle. « On peut compter sur les autres, ne pas être seul dans les moments difficiles, comme la semaine dernière, lorsque ma maman est décédée », glisse Dominique.

La première maison partagée de la Marne s’inscrit dans le programme mené par Vivre et devenir depuis une vingtaine d’années, pour l’inclusion et l’autonomie des personnes souffrant de handicap psychique. Une expérience dont l’un des bénéfices notables est la diminution du recours aux hospitalisations. L’association a prévu d’ouvrir deux autres logements à Épernay d’ici la fin de l’année.

Source L’UNION.

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