Monsanto sur le gril à Bruxelles… !!!

Monsanto – Le Parlement européen s’inquiète du possible caractère cancérogène du glyphosate…. !

Les oreilles de Monsanto ont forcément sifflé lors de l’audition organisée mercredi matin au Parlement européen à Bruxelles. C’était l’affluence des grands jours pour près de quatre heures de débats sur le glyphosate. À part la firme américaine, presque tous les acteurs de la saga du pesticide avaient répondu présent. Monsanto a décliné l’invitation sans ambages, ce qui vaut à ses représentants et lobbyistes d’être désormais persona non grata au Parlement.

L’Union européenne doit décider avant la fin de l’année de renouveler ou pas, pour dix ans, l’autorisation de l’herbicide le plus utilisé au monde. Scientifiques et experts se sont donc affrontés sur la question du moment: à la lumière de révélations récentes sur les pratiques douteuses de Monsanto, mises en avant par le journal Le Monde, peut-on encore croire les agences européennes? L’agence de sécurité alimentaire (Efsa) et l’agence des produits chimiques (Echa) maintiennent pourtant leurs évaluations: à leurs yeux, le glyphosate n’est pas cancérigène.

Seule la Suède, parmi les pays de l’UE, a refusé de signer le rapport autorisant la mise sur le marché du glyphosate

Devant les élus européens, leurs représentants ont défendu leurs pratiques, réfutant une supposée influence de Monsanto. Ils ont détaillé le processus qui mène à la mise sur le marché d’une substance chimique en Europe. C’est à l’entreprise demandeuse de réaliser de coûteuses études réglementaires et encadrées pour prouver l’innocuité de son produit. Elle transmet ensuite son dossier, des dizaines de milliers de pages, à un pays rapporteur, en l’occurrence l’Allemagne pour le glyphosate.

«Cancérigène probable»

Le rapporteur étudie le dossier, l’édite et va jusqu’à en faire des copier-coller quand ses experts valident les conclusions de l’industrie. La pratique peut surprendre. «Il y a eu des accusations de plagiat par des gens qui ne comprennent pas, se justifie José Tarazona, responsable de l’unité pesticides à l’Efsa. Si l’information fournie par l’entreprise est jugée valable, évidemment elle est reprise».

L’Efsa a également rappelé la spécificité de l’évaluation européenne des pesticides. Ce ne sont pas ses experts qui analysent et valident les rapports, mais ceux des 27 autres pays (plus la Norvège). Seule la Suède a refusé de signer celui sur le glyphosate. La France, via sa propre agence, l’Anses, l’a endossé. Au total, 1500 études ont été considérées par les scientifiques, qui reconnaissent s’appuyer avant tout sur les données brutes fournies par l’industrie.

«L’Efsa et l’Echa présument que les données fournies par les entreprises sont précises et fiables. Et si ce n’est pas le cas ?»

Christopher Portier, toxicologue

C’est sur cet aspect du travail réglementaire que les critiques se sont focalisées mercredi. L’agence de recherche sur le cancer de l’OMS (Circ), elle, a classé en 2015 le glyphosate comme «cancérigène probable». Sa représentante, Kate Guyton, rappelle que «pour des raisons de transparence» le Circ ne tient compte que des études publiques. Le professeur Christopher Portier, toxicologue, enfonce le clou. Ce spécialiste a mis en lumière des zones d’ombre dans les rares études de l’industrie dont les ONG ont obtenu la publication. «L’Efsa et l’Echa présument que les données fournies par les entreprises sont précises et fiables. Et si ce n’est pas le cas?», met-il en garde. Bombardés pendant des heures d’arguments contradictoires, certains eurodéputés ont avoué leur perplexité. «Comme décideurs politiques, comment faire le bon choix?», s’interroge l’Irlandaise Mairead McGuiness.

Sur le glyphosate, pas facile, alors qu’il ne reste que quelques semaines… Mais des pistes pour l’avenir ont été esquissées: augmenter le budget des agences afin qu’elles mènent leurs propres études, ne plus se reposer sur l’industrie. «Les études doivent être financées par une taxe payée par les industriels mais versée dans un fonds public», plaide Martin Pigeon, de l’observatoire des lobbies CEO. «Aux politiques de modifier les lois!» Message reçu par les élus à l’origine de l’audition. Le socialiste français Éric Andrieu et son collègue belge Marc Tarabella réclament pour commencer la création d’une commission d’enquête sur le glyphosate.

Source LE FIGARO.

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