Être étudiant handicapé, « pas facile d’allier études et rééducation »… Témoignages…

Salles d’examens adaptées, tiers temps, emploi du temps aménagés… Les universités s’adaptent aux étudiants en situation de handicap pour leur permettre de réussir leurs études.

Justine (1), en master à Paris, et Marie-Émilie, en licence à Nantes, témoignent. 

Fin mars, un père de famille s’est insurgé sur Twitter contre une école de journalisme parisienne. Celle-ci a refusé son fils, handicapé moteur, car ses locaux ne sont pas adaptés. Pourtant, la loi du 11 février 2005 oblige les établissements supérieurs à inscrire les étudiants handicapés au même titre que les autres. Cet événement pose la question de l’accompagnement de ces étudiants par les universités. Deux jeunes femmes témoignent pour Ouest-France Étudiant. Si les débuts n’ont pas été simples, elles ont trouvé aujourd’hui leur place.

Marie-Émilie, 20 ans, étudiante en L2 en biologie géologie écologie à l’université de Nantes

« Je suis atteinte de la maladie des os de verre depuis toute petite et je suis en fauteuil roulant électrique depuis la classe de première. Dans mon lycée, près d’Angers, j’avais une auxiliaire de vie scolaire ainsi qu’un aménagement spécial pour mon handicap. J’avais très envie de poursuivre mes études mais j’avais aussi peur que l’université soit trop grande pour moi. Lors les portes ouvertes, j’ai appris qu’il existait un relais handicap. Celui-ci permet d’aménager l’emploi du temps et les salles aux étudiants handicapés.

J’ai une scolarité presque normale avec des accès adaptés aux bâtiments et un tiers temps pour les examens. On a même raccourci les pieds des tables de laboratoire pour qu’ils soient à ma taille. Je n’ai jamais eu de gros soucis avec mon fauteuil roulant si ce n’est pour ouvrir les portes des vieux amphithéâtres ou pour porter mon plateau au restaurant universitaire. L’association Handisup me permet d’avoir un accompagnateur qui m’aide dans ces situations.

Le seul bémol dans ma scolarité : mes soucis de santé. Lorsque je me fais des fractures à cause de la maladie, je peux être alitée pendant plusieurs mois, ce qui m’empêche de suivre mes cours normalement. Ma faculté m’a donc autorisé à faire ma deuxième année de licence en deux ans. Au début de ma vie étudiante, je me sentais parfois isolée à cause du regard des autres mais j’ai réussi à m’intégrer en m’engageant dans l’association de zoologie de l’université. »

Justine (1), 23 ans, étudiante en master 1 de géographie et sciences des territoires à Paris Diderot

« Quand je suis arrivée à l’université d’Aix-Marseille, où j’ai fait mes deux premières années de licence, j’avais oublié de me déclarer comme étudiante handicapée. Heureusement, mon dossier avait été transmis via APB et la salle d’examen était adaptée. Je suis en situation de handicap depuis la seconde, j’ai fait une grosse chute à cheval. Aujourd’hui, j’ai besoin d’un tiers-temps car j’ai des difficultés de concentration et de mémorisation. Il me faut aussi un fauteuil de rééducation car je ne sens pas quand je me positionne mal.

J’ai eu quelques soucis en troisième année de licence quand je suis arrivée à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines. Lors de ma visite chez le médecin du relais handicap, ce dernier était incapable de lire mes radios. Il m’a dit qu’il me déclarait étudiante handicapée uniquement pour six mois et verrait selon les avancées de ma situation. Alors que cela fait des années que je suis handicapée… À Paris Diderot, je suis très bien accompagnée.

Au début de ma scolarité, c’était compliqué de jongler entre les cours et les six heures de séances chez le kinésithérapeute toutes les semaines. J’avais du mal à travailler. Heureusement, ma santé s’est améliorée et aujourd’hui je n’ai plus besoin de rééducation. »

(1) Prénom d’emprunt

Source OUEST FRANCE.

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