Emploi, accessibilité, précarité… 89% des handicapés n’espèrent rien du gouvernement… Enquête…

Selon un baromètre que nous dévoilons, 89 % des personnes handicapées sondées n’ont pas, ou peu, confiance en la perspective de voir leurs difficultés mieux prises en compte.

C’était pourtant une priorité du quinquennat…

Alain Rochon le concède. C’est parce qu’il y a beaucoup cru, qu’il est si déçu. « Quand, au début, on entendait Emmanuel Macron parler du handicap, on se disait wow, il va réparer les trous dans la raquette ! » Mais voilà, depuis son annonce de faire du handicap la priorité du quinquennat, il s’est passé deux ans et le président de l’Association des paralysés de France (devenue l’APF-France Handicap) a la désagréable sensation de s’être bercé d’illusions. « Rien n’est à la hauteur. »

Ses mots, sévères, s’appuient sur des chiffres qui le sont tout autant. Selon le 2e Baromètre* France Handicap de la confiance que nous révélons, 89 % des répondants – des personnes handicapées dont une majorité de femmes, ou leurs proches – n’ont pas, ou ont peu, confiance en la perspective de voir leurs difficultés mieux prises en compte dans la société. Il est pourtant question de choses basiques : sortir de la précarité, accéder à l’emploi, aux lieux publics, aux loisirs…

Pire, « certains droits fondamentaux sont remis en cause », assène Alain Rochon qui ne nie pas « quelques mesures positives ». Dans son escarcelle désabusée, on trouve l’article 64 de la loi Elan, qui enterre l’obligation de 100 % de logements neuf accessibles pour porter cette proportion à 20 %. Ou encore la revalorisation de l’allocation adulte handicapé (AAH) qui reste scotchée en dessous du seuil de pauvreté et ne profite pas aux bénéficiaires en couple. « N’oublions pas aussi que nous sommes quatorze ans après la loi de 2005 (NDLR : pour l’égalité des droits et des chances) qui affichait de très fortes ambitions en termes d’accessibilité et dont nous sommes loin. Cela a créé des déceptions », note Emmanuelle Fillion, sociologue spécialiste du handicap.

Une caravane «En route pour nos droits»

Le mécontentement, il ne se voit pas que dans les chiffres. Des visages meurtris, des fauteuils, des béquilles se sont invités sur les ronds-points du samedi. Un groupe Facebook Gilets jaunes handicapés a même été créé.

Face à la grogne, Emmanuel Macron a tenté d’inverser la vapeur en citant à plusieurs reprises le handicap lors de sa conférence de presse du 25 avril. Il était question d’école et d’aidants familiaux. « Et le sondage de l’APF, il a été fait avant ou après le 25 avril ? » s’interroge-t-on en haut lieu. Il a été réalisé avant… mais l’intervention présidentielle ne changera pas la donne pour l’APF. Sa caravane « En route pour nos droits » démarre ce mardi. Elle finira son voyage à travers la France le 14 mai. Une date symbolique, les deux ans de l’élection du président, auquel elle remettra une lettre ouverte qui était déjà signée, ce lundi soir, par 15 500 personnes.

Les chiffres clés du baromètre

  • 12 millions de personnes en France sont touchées par un handicap plus ou moins important. 1,1 million perçoive l’allocation adulte handicapé (AAH)
  • 89 % n’ont pas confiance dans le gouvernement pour mieux prendre en compte leur situation.
  • 87 % pensent qu’il n’y aura pas d’amélioration dans l’accessibilité aux transports.
  • 43 % estiment que la situation s’est dégradée, 51 % qu’elle n’a pas évolué.
  • 82 % ont des difficultés financières. 68 % assurent que la revalorisation de l’AAH n’a « rien changé » pour eux.
  • 54 % jugent que la priorité pour améliorer leur vie est de meilleures allocations, 27 % un meilleur accès au logement, 27 % plus d’accès aux lieux publics et aux transports

*Baromètre de l’Ifop pour l’APF-France handicap. Enquête réalisée en ligne, du 1 au 26 mars auprès de 3467 personnes concernées directement ou indirectement par le handicap.

Source LE PARISIEN.

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