COMMENTAIRE. Changer de regard sur le handicap…

Dans les grands titres de l’actualité, c’est un pourcentage qui joue les passagers clandestins.

 

On préférerait ne pas le voir, laisser à d’autres le soin d’en assumer la responsabilité : le taux d’emploi des handicapés est de 59,5 % en moyenne, au sein de l’Union européenne, contre 81,9 % pour les personnes valides. Pas brillant.

Le taux d’emploi des handicapés est de 59,5 % en moyenne, au sein de l’Union européenne. (Photo d'illustration)

En cinq ans, le nombre de personnes handicapées au chômage a progressé de 130 000. Il atteint aujourd’hui 514 000. Un chiffre en hausse de 3,5 % sur douze mois, alors que la croissance est de retour. Le pourcentage de cette catégorie sans emploi est deux fois plus élevé que dans le reste de la population. « Un désastre », estime Alain Rochon, président de l’APF France handicap.

Et si la faiblesse physique et parfois mentale de ces hommes et de ces femmes était aussi une chance porteuse de sens et pas seulement une contrainte de plus à l’école et dans les entreprises ? « Allez dans une classe où il y a un enfant en situation de handicap. Les regards changent, l’intelligence s’éveille, l’humanité grandit », avait tweeté Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.

Mais les freins sont là. Dans les entreprises en particulier. Celles de plus de vingt salariés sont pourtant tenues de respecter un quota de 6 % de travailleurs handicapés. À défaut, elles sont soumises à une contribution financière. 8 % font d’emblée ce choix. En équivalent temps plein, on arrive aujourd’hui à 3,5 % de travailleurs handicapés dans les sociétés concernées.

Ne pas perdre espoir

Il n’y a pas de fatalité pourtant. Airbus en a fait la démonstration. En lien avec ses sous-traitants et en confiant certaines activités à des établissements et à des services par le travail, l’avionneur a réussi à atteindre et même dépasser le pourcentage légal : 6,4 %. Pour aller encore plus loin, il fait désormais partie d’un réseau Handilink avec une quinzaine d’autres entreprises pour partager les bonnes pratiques.

On peut faire mieux encore. En s’appuyant notamment sur la formation. C’est le cap fixé par le gouvernement. Indispensable car les handicapés sont souvent victimes de la double peine. Pas suffisamment accompagnés à l’école ou dans les centres de formation, ils arrivent sur le marché du travail avec un handicap supplémentaire.

La création d’un référent handicap dans les centres de formation des apprentis (CFA) est une initiative intéressante. À condition de lui consacrer l’attention nécessaire, dans la durée. Comme a déjà su le faire Michelin qui veut devenir « handi-accueillant » en portant le recrutement de travailleurs handicapés de 1 % en 2015 à 4 % en 2020.

L’autre nouveauté porte aussi sur les CDD tremplins. Couplés à la formation, ils doivent permettre à plus de personnes handicapées de trouver leur place sur le marché du travail.

Formation, mobilité, prouver que les handicapés peuvent avoir une place à part entière dans les entreprises et pas seulement dans des établissements spécialisés dont la vocation est de devenir « des sas vers l’emploi » pour reprendre l’expression de Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des handicapés.

« Si vous sentez que vous êtes dans un trou noir, ne perdez pas espoir: il y a un moyen d’en sortir », disait l’astrophysicien Stephen Hawking, lui-même handicapé. Du 19 au 25 novembre, la semaine européenne du handicap sert aussi à ça, nous inviter à changer de regard. En somme être plus humains.

Source OUEST FRANCE.

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