Bordeaux : une entreprise avec 80% de salariés vivant avec un handicap, c’est possible !…

Le restaurant le Jardin Pêcheur ressemble à n’importe quel autre établissement. A un détail près.

La majeur partie des salariés qui y travaillent vivent avec un handicap. Preuve, qu’avec un peu d’organisation, c’est réalisable.

Bordeaux : une entreprise avec 80% de salariés vivant avec un handicap, c'est possible !

La volonté de ne pas rester inactifs

Ils ont en commun d’avoir sû rebondir. Eric Rauscher a 52 ans et travaille au Jardin Pêcheur depuis sa création il y a un an et demi. Il est responsable de la mise en place. C’est lui qui supervise les stagiaires car il a une réelle expérience dans la restauration. Avant de contracter la toxoplasmose il travaillait dans un établissement étoilé. La maladie l’a contraint à cesser son activité durant plusieurs années. Grâce au Jardin pêcheur il a pu retrouver une activité.

« Quand on a vu l’état dans lequel j’étais on aurait jamais pensé que je reprendrais la cuisine. Maintenant je suis très content car c’est se lever tous les matins avec l’envie d’y aller  » explique-t-il.

Benjamin Degos aussi a vécu une grande période d’inactivité professionnelle. Ses troubles psychiques l’empêchaient de travailler dans la restauration classique. Trop de pression. Il a donc candidaté au Jardin Pêcheur. Les débuts ont été un peu difficiles. Le travail à temps plein n’était pas adapté à sa pathologie. Il en a donc parlé à son patron et semble ils ont trouvé une solution : passer à 20 heures de travail hebdomadaire. Depuis il va mieux. Alors bien sûr sa pathologie n’a pas disparue mais lorsqu’il se retrouve confronté à ses propres limites Benjamin sait désormais comment passer l’obstacle :

« Le recul… Je me connais, je sais où sont mes limites. Et dès que j’atteins mes limites je sais le reconnaître. Et je sais demander de l’aide », explique le serveur de 35 ans.

Une souplesse nécessaire

Cette aide il la trouve auprès de son patron Pierre Maly. Un patron qui accompagne ses salariés dans leurs difficultés. Parce que pour mener une entreprise comme celle-ci il faut bien évidemment faire preuve de souplesse. Il ne vous dira pas le contraire. Il faut accompagner les uns et les autres, écouter aussi et prendre en compte les besoins de soins lorsque cela est nécessaire. Il faut également faire face à l’absentéïsme, et dans ces cas là Pierre Maly n’hésite pas à passer derrière le bar par exemple.

Une entreprise adaptée

Le Jardin Pêcheur est ce qu’on appelle une « entreprise adaptée ». « Elle perçoit des aides aux postes puisqu’elle a un contrat d’objectif triennal avec la Direction du travail pour l’emploi de 80% de travailleurs handicapés (25 salariés sur 27 exactement) » explique le gérant.
Les salariés eux touchent un salaire sur la base du Smic Horaire. Et certains perçoivent en plus à côté l’Allocation Adulte Handicapé. Mais pas tous. Dès que leur activité dépasse un certain nombre d’heures cette aide financière saute. Un fonctionnament contre lequel Pierre Maly se bat. Lorsque Brigitte Macron est venue déjeuner au Jardin Pêcheur en mai dernier, il lui a fait part de ce problème :

« Avant de venir travailler certains salariés perçoivent l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) pour certains à taux plein c’est à dire 800 euros. La difficulté à laquelle on est confrontée c’est que quand ils commencent à travailler, plus ils travaillent et plus cette allocation diminue, voire peut arriver à disparaître. Je trouve que cela n’a pas de sens et que cela ne les encourage pas à travailler. J’ai donc dit à Brigitte Macron que s’il y avait dans l’AAH une part qui pourrait être variable en fonction du travail des personnes cela ne me paraîtrait pas illogique mais qu’il y ait aussi une partie intangible qui reconnaisse la situation de handicap serait beaucoup plus juste ».

Ce n’est pas un concept : le travail permet de dépasser son handicap voire de le soulager. Certaines personnes handicapées, lorsqu’elles ont commencé à reprendre une activité professionnelle, ont vu leurs consultations avec un kinésithérapeute ou un psychologue s’espacer
C’est une réalité qui fait son chemin. La preuve, le gérant a été approché pour ouvrir d’autres restaurants sur Bordeaux et Toulouse. Une autre antenne existe déjà à Trelissac en Dordogne.

Source FR3.

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