Un passager à mobilité réduite prié de redescendre du vol Paris-Limoges…

Alors qu’il était déjà installé en cabine, un passager de la Compagnie Chalair a été invité à redescendre par le pilote de l’avion Paris-Limoges, mardi 16 juillet à Orly.

Le commandant de bord reprochait à Michel Terrefond de ne pas être accompagné, l’estimant non autonome.

Un passager à mobilité réduite prié de redescendre du vol Paris-Limoges. © France 3 Limousin

Michel Terrefond, directeur sportif de l’équipe de France en rugby fauteuil, n’a pas du tout compris ce que voulait lui imposer le pilote de l’avion à Orly mardi dernier. Alors que le personnel de l’aéroport l’assiste jusqu’à son installation en cabine, le commandant de bord Chalair du Paris-Limoges lui demande de débarquer, faute d’avoir un accompagnant.

Je lui pose la question mais pourquoi ce matin je suis venu on ne m’a pas posé de questions, ça fait plusieurs fois que je viens seul sur Paris, c’est comme ça me répond t-il, il faut être accompagné, c’est la règlementation qui est comme ça… moi je suis maître à bord et je ne vous veux pas à l’intérieur

Michel Terrefond explique alors qu’il n’a pas prévu d’autre moyen de rentrer

J’étais venu à Paris pour la journée, sans bagage… Il m’a répondu ce n’est pas mon problème
La Compagnie Chalair se dit navrée par cette réaction. Elle estime qu’il y a là un défaut d’information mais explique la décision du pilote pour des raisons de sécurité, estimant Michel Terrefond non autonome.
 

La règlementation dit que jusqu’à 50 passagers, vous avez un seul steward ou ¨hôtesse à bord qui est là pour assister les passagers, un seul personnel de bord ne peut pas assister un passager handicapé notamment au niveau de ses déplacements, c’est vraiment un problème de sécurité

Sauf que l’absence d’autonomie est strictement définie par un règlement communautaire pour éviter toute discrimination selon Frédéric Olivé, Avocat au Barreau de Limoges

Une compagnie peut imposer un accompagnant lorsque le passager n’est pas autonome. C’est lorsque la personne ne peut attacher ou détacher seul sa ceinture de sécurité au moment du décollage ou de l’aterrissage ou s’il y a des turbulences, si elle ne peut se nourrir ou s’abreuver seule, si elle ne peut rester seule aux toilettes… ce sont des exigences très restrictives pour pouvoir à la compagnie aérienne de dire non ou d’imposer d’être accompagné. 
 

Michel Terrefond est lui autonome, il a seulement besoin d’une assistance pour monter à bord et descendre. Il confie son incompréhension
 

C’est l’égalité car on peut prendre l’avion, mais ce n’est pas l’équité puisque ce n’est pas quand on veut ni comment on veut. Lorque je fais ma demande d’assistance, je leur stipule bien que je suis en fauteuil manuel lorsque je réserve mon billet. Après, je ne sais pas par qui c’est traité. Je ne sais pas si tout les personnels sont finalement bien au courant de la règlementation lorsqu’ils m’accordent une assistance. Si c’était à chaque fois, je le comprendrais, sauf que c’est au bon vouloir du commandant de bord, c’est son interprétation des textes qui compte, c’est lui qui est maître à bord, il fait donc ce qu’il veut.
 

La cour de Cassation a déjà condamné une compagnie aérienne en 2015 pour un refus non justifié. 

Michel Terrefond a finalement pu rester à bord grâce à l’intervention d’un autre passager, qu’il connaissait. Celui-ci a accepté de se déclarer accompagnant. L’avion a pu décoller après un retard de 30mn.

Source FR3.

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