Un médecin français sur deux est en burn-out…

Les urgentistes et les jeunes médecins sont plus vulnérables, selon une revue de littérature publiée lundi.

Un médecin français sur deux est en burn-out

Une étude publiée par deux psychiatres de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille témoigne de l’état d’épuisement du corps médical français. Selon cette revue de littérature, près d’un médecin français sur deux souffre de burn-out, syndrome qui se manifeste par une lassitude, une perte du sentiment d’accomplissement et/ou une déshumanisation du soin. Cet inquiétant état des lieux est le fruit d’une compilation de 37 études scientifiques menées dans différents hôpitaux français entre 2000 et 2017. «Notre objectif était de produire des données nationales pour alerter sur la prévalence de ce syndrome, permettre une évaluation des politiques publiques et identifier des facteurs de risque», indique le Dr Guillaume Fond, psychiatre à l’hôpital La Conception.

Perte du sentiment d’accomplissement

L’étude rassemble les témoignages de 15.000 praticiens hospitaliers ou en ambulatoire qui ont répondu à un questionnaire international sur le burn-out. Elle révèle que 49% des médecins éprouvent au moins un des trois symptômes caractéristiques de ce syndrome, qui se manifeste sous une forme sévère dans 5% des cas. «Ce constat est alarmant dans la mesure où le burn-out est une cause majeure d’arrêt de travail, mais également de dépressions, d’addictions voire de suicide chez les médecins», soulignent les auteurs de l’étude.

Si les médecins sondés exercent dans diverses spécialités, les urgentistes et les jeunes médecins sont de loin les plus vulnérables face au risque d’épuisement au travail. «Les troubles du rythme provoqués par la répétition des gardes de nuit, l’alternance de périodes calmes et de ‘’coups de chaud’’, ainsi que l’exposition à des situations de violence et de grande détresse sociale contribuent à expliquer leur fragilité», explique le Dr Fond. Le temps, de plus en plus important, passé à chercher des lits dans les services d’aval pour leurs patients alimente aussi une frustration et un sentiment de dévalorisation.

Les jeunes médecins, qui sont en général les derniers arrivés dans le service, se voient pour leur part confier les tâches ingrates et les patients «difficiles». Internes ou médecins assistants, ces «juniors» sont également astreints à des gardes plus fréquentes. «Moins expérimentés, ils sont en général plus stressés et dans l’incapacité de refuser les tâches qui leur sont confiées», résume le Dr Fond.

Le burn-out se traduit notamment par la perte du sentiment d’accomplissement que l’on associe en temps normal à la pratique de la médecine. Il se caractérise aussi par une tendance à la dépersonnalisation. «Quand un praticien se met à parler de l’appendicite de la chambre 14, ou à traiter les patients comme des dossiers, c’est bien souvent le signe qu’il a mis en place un mécanisme de défense qui a pour fonction de tenir à distance le malade et sa souffrance», remarque le Dr Fond.

Le burn-out est deux à trois fois plus fréquent chez les médecins que dans les autres professions, selon l’étude publiée dans le Journal of Affective Disorders. Selon les psychiatres, «le système médical français, présenté à juste titre comme l’un des plus performants pour les patients, ne protège pas suffisamment les médecins».

Source LE FIGARO.

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