POINT DE VUE. « Handicap : il reste beaucoup à faire… »…

Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres, vice-président de la Commission des affaires sociales du Sénat, soulève des questions sur la prise en charge des personnes en situation de handicap et affirme qu’« une mobilisation de toute la société restera indispensable ».

« 7 000 Français en situation de handicap – dont 1 400 enfants – restent pris en charge en Belgique, faute de solutions pour eux en France »

 

La crise sanitaire qui secoue notre pays depuis 18 mois a de profondes répercussions sur l’action médico-sociale. Pour la qualité du débat public, mais surtout pour les 12 millions de personnes concernées, ne craignons pas de poser certaines questions essentielles.

Où en est-on en matière d’accompagnement des personnes en situation de handicap ?

Comment expliquer que malgré de nombreuses mesures proposées par les gouvernements successifs depuis la grande loi handicap de 2005, la situation d’un grand nombre de personnes handicapées se soit dégradée ? La pandémie a d’ailleurs fragilisé les familles concernées.

Comment la France peut-elle réagir aux nombreuses critiques dont elle est l’objet par les différentes institutions internationales dont le Comité des droits des personnes handicapées ?

La réponse proposée est une politique d’inclusion dans le milieu ordinaire et d’adaptabilité des dispositifs communs déjà difficilement mis en œuvre : c’est assez dire sa complexité. Heureusement, les objectifs à atteindre sont, eux, largement partagés par tous les acteurs : l’aménagement d’une société plus inclusive, c’est-à-dire qui fasse une place à chaque personne quelle que soit sa situation.

7 000 Français en situation de handicap… en Belgique

La plus prometteuse est celle consistant à accompagner les personnes dans leur parcours de vie. Cette logique est d’offrir des solutions de continuité de prise en charge par une meilleure coopération des acteurs et ainsi ne plus proposer des places mais des réponses​. Cette démarche de bon sens impose toutefois des changements profonds.

Elle achoppe d’abord, toujours, sur l’insuffisance quantitative et qualitative de l’offre adaptée. Un indicateur suffira, qu’on ne saurait trop rappeler : près de 7 000 Français en situation de handicap – dont 1 400 enfants – restent pris en charge en Belgique, faute de solutions pour eux en France, ce qui cause des ruptures de parcours et une détresse sociale.

Ensuite, une véritable démarche de simplification administrative et de réorganisation des systèmes de financement des établissements et des services reste nécessaire et urgente. La modernisation des outils d’accompagnement dans cette logique de parcours traîne péniblement. Cette complexité est un véritable frein au développement de solutions de qualité et entraîne souvent un parcours du combattant pour les familles souvent éprouvées qui recherchent un soutien et un accompagnement.

On voudrait pour terminer partager une profonde perplexité. Le Sénat a voté en mars la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés, réclamée de longue date par les associations, afin de décorréler le soutien financier minimal de la nation aux plus fragiles de leur situation conjugale. Cette juste mesure garantirait une autonomie financière des personnes en situation de handicap. Il a en outre appelé de ses vœux un changement de logique d’ensemble, en s’appuyant sur la création, par la majorité présidentielle l’an dernier, d’une nouvelle branche de sécurité sociale aux contours et aux objectifs restés pour l’heure assez flous. Hélas, le Gouvernement s’est opposé en juin à cette proposition et nous attendons toujours la grande loi sur l’autonomie annoncée. Cette situation est incompréhensible si l’on veut mieux accompagner les personnes.

Le Sénat continuera d’exercer son rôle de contrôle et d’initiative pour rendre la société plus inclusive, mais une mobilisation de toute la société restera indispensable.

Source OUEST FRANCE.

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