Ophtalmologie. Krys teste un service de télémédecine pour remédier aux déserts médicaux…

Ce n’est pas un secret : prendre rendez-vous chez un spécialiste de la vue est un parcours du combattant. Dans certaines régions, il faut parfois attendre une année entière avant d’obtenir le précieux sésame.

Avec l’ojectif d’y remédier, Krys Group crée un protocole de télémédecine dédié à la vue. Une première. Entretien avec Patrice Camacho, directeur santé et réglementation de Krys Group.

Krys expérimente un protocole de télémédecine dédié à la vue.

Krys Group a lancé en mars une phase de test pour un protocole de télémédecine dédiée à la vue. D’où vient l’idée de se lancer sur ce marché ?

Nous connaissons en France un problème d’accès à la santé et aux médecins, notamment en ophtalmologie. Il faut en moyenne 100 jours pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste de la vue. Ce chiffre masque une inégalité. Dans des régions comme l’Île-de-France ou la Côte-d’Azur, on peut obtenir des rendez-vous très rapidement. En revanche, sur certains territoires, il faut compter douze mois. Parfois, c’est impossible d’en avoir un, même en cas d’urgence. La situation est très critique en France. Il y a environ 5 500 ophtalmologistes et on va en perdre 1 000 dans les huit prochaines années. En parallèle, certaines maladies – myopie, rétinopathie diabétique et dégénérescence maculaire – sont en forte hausse.

D’où l’idée de réduire ce fameux délai d’attente…

Oui, l’enjeu est de faciliter l’accès à l’ophtalmologie et de trouver un système pour diminuer le délai d’attente. Avec ce protocole, nous voulons proposer une solution aux porteurs de lunettes qui vivent dans ces zones sous-denses (les déserts médicaux NDLR).

Comment cela fonctionne-t-il concrètement ?

Le patient se rend chez un opticien Krys. Il va être inscrit sur la plateforme de MédecinDirect (nous sommes en partenariat avec cet acteur agréé par les autorités pour la pratique de la télémédecine). L’opticien va réaliser une réfraction – la capacité à déterminer les corrections – et les résultats seront transmis à l’ophtalmologiste via la plateforme sécurisée. Ce dernier renvoie ensuite le patient vers un orthoptiste, pour effectuer deux mesures complémentaires : la pression oculaire pour détecter d’éventuels glaucomes et des mesures sur la rétine. L’ophtalmologiste fait ensuite une prescription et un compte rendu. Et le patient reçoit son ordonnance de lunettes.

Combien de temps le patient économise-t-il ?

Le processus entier prend une quinzaine de jours quand il faut, en moyenne, quatre mois pour obtenir un rendez-vous. Imaginez le temps que gagne un patient qui vit dans un désert médical.

À quel stade en est le protocole ?

Actuellement, nous testons le dispositif dans trois magasins Krys : à Taverny et Franconville (Val-d’Oise), et à Strasbourg (Bas-Rhin), des zones moyennement sous-denses. Nous envisageons de l’étendre prochainement à d’autres magasins dans des zones plus touchées par le manque de praticiens, le Nord et le Centre par exemple, pour démontrer que le système fonctionne. À terme, nous souhaitons le déployer dans l’ensemble des enseignes du groupe. Les opticiens sont très volontaires.

La principale difficulté est de coordonner les trois acteurs (ophtalmologiste, orthoptiste, opticien). Il faut notamment trouver dans les zones sous-denses des orthoptistes formés qui souhaitent participer. Le protocole n’est pas figé, nous le faisons évoluer au fur et à mesure.

Combien Krys group a-t-il investi dans ce projet ?

Krys group finance entièrement l’expérimentation. Nous ne communiquons pas sur le montant, mais ce n’est pas neutre. Nous souhaitons montrer qu’il existe des solutions, mais dans le futur, c’est aux pouvoirs publics de s’emparer de cette question.

Cette innovation s’inscrit-elle dans une stratégie de diversification du groupe ?

Pas exactement. Nous sommes toujours dans notre cœur de métier : apporter une solution de correction optique aux patients à l’aide des nouvelles technologies. Via cette innovation, nous essayons de développer le rôle de l’opticien en conservant notre axe majeur : la santé.

Source OUEST FRANCE.

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