Les remontrances et doléances du monde du handicap…

L’APAJH de l’Aude a reçu dernièrement à Narbonne la secrétaire d’Etat au handicap pour son 42e congrès.

L’occasion pour l’association de dires ses vérités à la représentante du gouvernement.

Jean -Louis Garcia, le président de la fédération de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) avait prévenu qu’il ne mâcherait pas ses mots devant la secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée du handicap, Sophie Cluzel. En déplacement à Narbonne, à l’occasion de leur 42e congrès, elle a rapidement compris que la vénérable association qui fête ses 58 ans cette année et gère 700 établissements et services au niveau national portait un regard critique à l’égard des mesures gouvernementales. «La société inclusive ne peut pas être qu’un slogan, une incantation, c’est la juste place des personnes en situation de handicap qu’il faut garantir», a prévenu Jean-Louis Garcia dans son discours traduit en langue des signes mais aussi dactylographié sur écran.

«Deux poids, deux mesures»

Après avoir rappelé combien le candidat Macron les avait séduits lors de la campagne présidentielle avec son engagement en faveur du pacte handicap mais aussi, lors du débat du second tour sa carte blanche au handicap, puis la décision de rattacher ce secrétariat d’État au Premier ministre et non plus au ministre de la santé, Jean-Louis Garcia a regretté «une satisfaction de courte durée». «Après la déception, c’est aujourd’hui l’incompréhension et la colère. Les décisions prises vont à l’encontre de ce que vous exprimez», a-t-il martelé à propos des mesures concernant les rythmes scolaires, les contrats aidés et les APL.

«Un recul historique»

L’augmentation de l’Allocation adulte handicapé (AAH) fractionnée en deux temps a également déçu donnant «un sentiment de deux poids, deux mesures et pas à l’avantage des plus vulnérables». Le coup de grâce est assurément l’article 18 de la loi Elan, qui prévoit la diminution du quota de nouveaux logements accessibles aux personnes handicapées de 100 % à 10 %, qualifié de «recul historique et de régression sociale majeure». L’APAJH y voit le poids des lobbys du bâtiment et des promoteurs.

«La société inclusive passe par le chantier de l’emploi»

Entourée du préfet Alain Thirion, mais aussi des trois députés audois et de l’élue en charge de la santé au département Hélène Sandragné, Sophie Cluzel, faisant bonne figure après les applaudissements très nourris du discours du président de la fédération, s’est dite «attachée à conserver ces échanges directs». Elle a rappelé l’engagement du gouvernement envers une société inclusive qui nécessite «une transformation d’ampleur», mais aussi «un temps administratif». Sophie Cluzel a ainsi détaillé la volonté d’accueillir en crèche les tout petits en situation de handicap, mais aussi un meilleur environnement à l’école en soulignant l’engagement du Premier ministre au «triplement des unités pour enfants autistes». Formation des enseignants, soutien à l’insertion professionnelle, dispositif Ulis, soutien au Sessad. «Le parcours handicap mobilise tous les ministres impliqués» a rappelé Sophie Cluzel qui a également abordé «le chantier de l’emploi avec un plan de 15 milliards d’euros pour les personnes handicapées et un objectif de 100 000 emplois dont le calendrier sera dévoilé prochainement».

Les entreprises vont être encouragées à aller dans ce sens par l’intermédiaire d’un bonus et l’État montrera l’exemple. La secrétaire d’état s’est engagée à «la simplification de la vie des personnes en situation de handicap qui ne doit pas être le parcours du combattant grâce à des droits à vie pour cesser de devoir prouver qu’on est handicapé». «Je suis consciente que la confiance est altérée entre nous», a-t-elle reconnu avant d’assurer qu’elle ferait des propositions au Premier ministre.

Source LA DEPECHE.

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