Jérôme Lambert, champion handisport, va grimper six fois le Ventoux avant de changer de vie…

Handisport – Dimanche, Jérôme Lambert, président de l’Entente cycliste Faches-Thumesnil – Ronchin, se lance l’un des derniers défis de sa carrière. Multiple champion de France handisport, il achève avec la Bicinglette, au mont Ventoux, une décennie de reconstruction après l’accident de moto où il a perdu une jambe.

C’est sur le « mont chauve » que tout commence et tout finit. La vie de Jérôme Lambert sera toujours rythmée de coups de pédales, parce qu’on ne se refait pas, mais elle sera différente à partir de lundi matin. Et pas parce qu’il marchera en cow-boy après avoir grimpé six fois ce sommet du Vaucluse dans le cadre de la Bicinglette.

Juste parce qu’il aura achevé de remettre de l’ordre dans sa vie, presque dix ans après avoir perdu une jambe dans un grave accident de moto.

Durant tout ce temps, le jeune homme a d’abord appris à se relever, dans tous les sens du terme. Puis il a reconstruit sa vie autour de nouveaux projets, jamais bien loin d’un guidon. «  J’ai tout de suite voulu atteindre le haut niveau handisport et rejoindre les courses valides pour les gagner  », explique-t-il.

Avec sept titres de champion de France handisport (route et piste), l’objectif est largement atteint. Son nom figure aussi sur plusieurs palmarès de courses où tout le monde pédale des deux jambes. Cette boucle-là est bouclée. «  Maintenant, je veux retrouver le plaisir de me battre contre moi-même, confie-t-il. Je ne veux plus rouler pour être le premier. Je veux relever, sur mon vélo, le défi que je me suis fixé.  »

Évidemment, comme il a du mal à faire simple, Jérôme a mis la barre très haut. Voilà plusieurs années déjà qu’il s’attaque au Ventoux. Pas une seule fois, non, il lui faut des épreuves à montées répétitives, dans lesquelles il a entraîné sa compagne, Deborah. Une façon de tester le meilleur et le pire avant le grand saut ?

Toujours est-il que la première fois, la jeune femme est tombée dans la descente. Et l’an dernier, elle a capitulé au chalet Reynard, à 6 petits kilomètres du but. Rageant. Alors cette année, Jérôme a tout fait pour qu’elle puisse enfin connaître l’ivresse des sommets. Le 14 juillet, il s’est lancé dans la Cinglée du Ventoux (154 km, trois montées dans la même journée). De son côté, Deborah est montée à son rythme. Lorsqu’elle est arrivée en haut, son cher et tendre l’attendait pour lui demander sa main. «  Et elle a dit oui !  »

Le grand jour n’est pas encore programmé, ce qui laisse un peu de temps au futur marié pour continuer à «  boucler les dossiers  » de sa nouvelle vie toujours en chantier. Dimanche, il donnera son premier tour de pédale avant l’aube, du côté de Bédoin. Plus de 274 km l’attendront, dont 125 de montée en lutte perpétuelle avec lui-même. «  Ça ne va pas être simple, reconnaît-il, mais je veux terminer là-dessus ces dix années passées à me reconstruire. J’ai mûri, évolué, et je veux savoir qui je suis : un guerrier ou pas ? Quand j’aurai bouclé ce dossier-là, je pourrai continuer à avancer.  »

Avec une main dans la sienne.

Source La Voix du Nord.

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