Dérives dans un foyer pour handicapés à Pithiviers dans le Loiret…

Que se passe-t-il aux Cèdres, le foyer d’hébergement pour personnes déficientes intellectuelles à Pithiviers ?

L’ambiance est très lourde depuis plusieurs semaines. Des faits de maltraitance verbale ont été dénoncés par une partie des salariés.

Foyer les Cèdres - Pithiviers

Insultes, propos déplacés, moqueries, c’est l’ambiance depuis quelques semaines aux Cèdres, un établissement qui accueille 23 personnes handicapées mentales. Dans ce foyer d’hébergement, les personnes en situation de handicap sont accueillies, hébergées et accompagnées tout au long des différentes étapes de leur vie avec l’objectif de les insérer socialement et professionnellement, soit en milieu ordinaire de travail soit en milieu de travail protégé. La structure est gérée par une association : l’AFPAI, Association Familiale de Parents d’Adultes Inadaptés.

Plusieurs salariés ont décidé de témoigner mais ils ont souhaité le faire dans un anonymat total « par peur de représailles ». Tous parlent d’un profond malaise et nous ont confié ce qu’ils ont vu ou entendu.

Insultes, propos déplacés, moqueries

Dernièrement, un résident est venu en pleurs confier sa peine à un salarié. Alors qu’il vient de découvrir que ses provisions de nourriture ont disparu, il s’entend dire par son éducateur : « Il ne faut pas en faire tout un plat ».
Un autre salarié rapporte qu’il a entendu le même éducateur, nous l’appellerons « Hervé », parler d’une résidente (qui marche avec une canne) dans les termes suivants : « Elle a la chance d’avoir de gros seins et un gros cul, ça lui permet d’avoir l’équilibre ».
Un autre résident se serait confié à un salarié et lui aurait dit : « Hervé me ment, je n’ai plus confiance en lui ». 
Une autre fois, c’est un employé qui entend toujours ce même éducateur se moquer ouvertement du handicap d’un résident, en l’imitant et le traitant de « gogol ».

« Hervé » aurait également tenu des propos insultants à l’égard de ses collègues : « De toute façon, c’est une grosse conne ».
Cet autre salarié s’est entendu dire : « Tu fais comme je te le dis. C’est moi qui décide et c’est comme ça : tu écoutes, t’es un moins que rien ».

Quand « Hervé » assure le créneau horaire matinal (de 7h à 9h) et alors qu’il est le seul éducateur en poste à ce moment-là, il ne réveille pas les résidents. Du coup, ceux-ci ne déjeunent pas. Résultat : une résidente a récemment fait un malaise sur son lieu de travail. Elle a raconté à un salarié qu’elle s’était sentie mal car elle n’avait pas eu le temps de s’alimenter. Cette mésaventure serait arrivée à d’autres usagers du foyer.

Les exemples sont nombreux et le malaise… palpable : en racontant ce qu’ils ont entendu, les salariés de ce foyer veulent dénoncer une situation qu’ils estiment invivable et pointent du doigt le comportement de ce même éducateur : pour eux, il est régulièrement violent, verbalement, avec des résidents. L’homme aurait deux visages et deux comportements : l’un avec les résidents et l’autre, bien différent, avec sa hiérarchie.

De la violence physique aussi

La violence ne serait pas que verbale : les résidents sont aussi malmenés physiquement : dernièrement l’un d’entre eux a été bousculé, attrapé par l’épaule par « Hervé » puis collé au mur et emmené ainsi au bureau des éducateurs. Des cris ont ausi été entendus.

Toujours selon plusieurs salariés, les résidents subissent mais n’osent pas se plaindre : ils ont peur de « Hervé » qui travaille depuis plusieurs années au sein de la structure.

Les salariés ont parlé du malaise général au directeur de l’établissement. Celui-ci s’est révélé impuissant à agir, pas franchement soutenu par sa hiérarchie. Il est actuellement en arrêt maladie.

Les salariés affirment que Ingrid Haentjens, la directrice générale de l’association AFPAI, leur a tenu les propos suivants : « il faut régler cette histoire en interne. »

Contactée par téléphone, Ingrid Haentjens, se dit bien « embêtée ». Elle est consciente de la mauvaise ambiance qui règne au sein de l’établissement. Elle indique qu’elle a bien dit aux salariés « qu’ils doivent se serrer les coudes et travailler ensemble ». Elle sait qu’il y a des problèmes entre les salariés ; elle parle même de « clans ». La chef du service lui a bien rapporté des propos qui auraient été entendus mais elle affirme que personne n’est venu se plaindre de quoi que ce soit. Elle ne veut se baser sur des « on-dit » et « souhaite démêler le vrai du faux ».

Pourtant, il semblerait qu’elle a bien été alertée et ce, à de multiples reprises. Elle nous a pourtant affirmé :

« Je ne m’explique pas pourquoi les salariés ne sont pas venus vers moi pour me parler. Je travaille ici depuis de nombreuses années. Les résidents qui me connaissent bien, ne m’ont rien dit, ni leurs familles d’ailleurs. Il n’est pas question de laisser les usagers dans une situation délicate. La priorité est d’assurer leur avenir. « 

En accord avec la présidente de l’association, elle souhaite mettre en place un audit, elle a fait appel à un cabinet extérieur, pour tenter de régler les problèmes sans tout étaler sur la place publique, craignant manifestement que la réputation du centre en pâtisse.
Dans un premier temps, la direction de l’association organise une réunion d’échanges et d’information ce lundi 27 mai pour présenter la démarche d’audit engagée : « Audit de bien-être au travail ».

Par ailleurs, les salariés ont alerté l’ARS (Agence Régionale de Santé), la médecine du travail et l’Inspection du travail. Pour l’heure, leurs courriers sont restés sans réponse.

L’Association Familiale de Parents d’Adultes Inadaptés

L’Afpai des Cèdres est une véritable institution à Pithiviers. Elle a été créée en 1970, sous le régime «association de loi 1901».
Sur le site de l’association, on peut lire les objectifs de la mission :

► Garantir l’accueil et l’hébergement de la personne handicapée et lui procurer des conditions de vie agréable
► Aider chaque personne à maintenir et/ou développer ses capacités d’autonomie dans la vie quotidienne
► Lui permettre de s’épanouir et de développer ses potentialités intellectuelles, affectives et relationnelles
► Favoriser son intégration sociale au sens large
► Garantir sa protection physique et morale
► Favoriser le maintien de ses liens familiaux
► Un projet personnalisé, élaboré avec l’usager et réajusté régulièrement, permet de cerner les besoins, les attentes et d’accompagner l’évolution de la personne accueillie. Un accompagnement stimulant et personnalisé est effectué par une équipe pluridisciplinaire.

Source FR3.

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