Handicapés, ils appellent les conducteurs à la prudence…

Pour Anne-Laure, Thibaud et Maxime, tout a basculé après des accidents de la route. Handicapés, ils réapprennent à vivre autrement. Un long chemin, où rien n’est plus comme avant.

Ce fut le premier jour du reste de leur vie. Une vie ordinaire jusqu’à ces accidents de moto ou de voiture. Où Anne-Laure Allain-Palero, Thibaud Allusse et Maxime Lainé ont été grièvement blessés.

Des souffrances dans leur chair, des séquelles pour toute une vie. Un coup terrible pour le mental, aussi.

À l’approche des fêtes, ils appellent les automobilistes à la prudence. Pas de SMS au volant. Surtout, pas d’alcool, pas de stupéfiant avant de prendre la route. Gare à la fatigue aussi. « Ne bousillez pas votre vie à cause d’un moment de folie », supplie Maxime, 32 ans. Un message que transmet toujours la Prévention routière.

« Le fauteuil, c’est la partie visible »

Une chute de moto en mars 2016, une paraplégie haute. Anne-Laure Allain-Palero, 27 ans, se déplace désormais en fauteuil roulant. « Le fauteuil, c’est la partie visible de l’iceberg », explique la jeune femme de Chantepie qui était assistante vétérinaire. Parce qu’il y a « les souffrances ». La douleur physique « au quotidien », d’abord, et « la souffrance psychologique » qui mine la tête. « Votre corps devient votre boulet ; c’est difficile à encaisser. »

Et les gestes les plus banals du quotidien qui deviennent de « toute petites victoires » ou d’immenses moments de « bonheur ». Blessé dans une collision entre une moto et une voiture en août, Thibaud Allusse, 34 ans, vient juste de rentrer chez lui, à Pacé : « J’ai pu accompagner ma petite fille à l’école vendredi, elle était folle de joie. »

Anne-Laure Allain-Palero n’oubliera jamais la première fois où elle est sortie de sa chambre d’hôpital, en fauteuil, pour « voir le soleil ». Neuf ans après son accident de voiture, Maxime Lainé, un Dinannais de 32 ans, se « bat toujours » avec son corps pour « pouvoir courir » à nouveau.

Jusqu’à l’accident, Maxime Lainé était responsable d’un magasin d’électroménager. « J’ai perdu mon travail. » Anne-Laure Allain-Palero avait un « projet de vie à San Francisco » avec l’homme qu’elle venait d’épouser, deux mois plus tôt. Et qui avait décroché un travail aux États-Unis. « Tous nos projets d’avant l’accident sont morts. »

« Imaginer une reconversion »

Thibaud Allusse, lui, était chauffeur-livreur. Avant. Après ses « quatre opérations » aux bras, aux poignets et au bassin « cassés », il ne sait pas s’il pourra, un jour, reprendre le volant de son camion. « Il faudra peut-être imaginer une reconversion », appréhende-t-il.

« On vit au jour le jour. » Des « victimes » qui n’en peuvent plus de toutes les longues démarches, auprès des compagnies d’assurances, en particulier. Et côté finances, ce n’est pas plus simple. « Je touche 900 €, ça paie juste notre loyer », explique Thibaud Allusse, père de deux gamines.

« J’ai divisé mes revenus par deux, poursuit Anne-Laure Allain-Palero. Et mes charges ont été multipliées par deux ou trois. » Bien sûr, les assurances « vont me verser une indemnisation », note-t-elle. C’est « l’équivalent de quinze ans de Smic », convient la jeune femme.

Une somme qui n’a pas beaucoup de sens quand, à 27 ans, « on se dit qu’on risque de passer le restant de ses jours en fauteuil ». À cause d’un accident de la route.

Source ETUDIANT/ OUEST FRANCE.

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