Consommation – Gaspillage alimentaire. Les dates de péremption sont-elles dépassées ?…

Mal comprises, les dates de péremption encouragent le gaspillage. Une pétition demande de les revoir.

Les dates de certains yaourts ont été allongées sans incidence pour leur qualité et d’autres, carrément supprimées.

En 2014, l’UFC-Que Choisir avait reproché à certains fabricants de raccourcir les dates de péremption sans raison sanitaire, uniquement pour accélérer les rotations en rayon . Photo Julio PELAEZ

Chaque Français jette en moyenne de 20 à 30 kilos de nourriture par an, dont sept kilos d’aliments encore emballés. C’est comme si un repas par semaine finissait à la poubelle et cela représente une perte de 160 euros à l’année.

Les dates de péremption sont dans le collimateur des anti-gaspi à l’occasion de la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire qui se tient demain. Mal comprises par le consommateur, elles sont la cause de 20 % du gaspillage alimentaire dans les foyers. L’application sur smartphone « Too good to go » qui aide les consommateurs à faire des économies en achetant des invendus, lance une pétition pour que les fabricants et la grande distribution changent leurs pratiques.

En 2014, l’UFC-Que Choisir avait reproché à certains fabricants de raccourcir les dates de péremption pour accélérer les rotations en rayon. La qualité sanitaire restait parfaite longtemps après la date indiquée pour un tiers des produits frais testés. Beaucoup de consommateurs confondent également la DLC (date limite de consommation) et la DDM (date de durabilité minimale). Les mentions « à consommer jusqu’au… » et « à consommer de préférence avant… » sur l’emballage ne veulent pas dire la même chose. Les Français jettent encore trop de produits alimentaires parce que la date « à consommer de préférence avant… » est dépassée, alors qu’ils sont encore consommables même si leur goût ou leur aspect risque de ne plus être parfait.

La pétition #ChangeTaDate propose d’ajouter la mention « mais toujours bon après ». En France, Coca Cola teste sur une de ses marques de jus de fruit l’étiquette « Ce produit est bon jusqu’au… mais vous pouvez le consommer après ». Aller plus loin nécessiterait une révision de la législation européenne qui réglemente les inscriptions des DLC et DDM sur les emballages.

« Le consommateur veut décider lui-même »

Dans la grande distribution, Carrefour revendique une longueur d’avance dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. L’enseigne a supprimé la mention « à consommer de préférence avant… » sur une centaine de produits de marque Carrefour, comme le sucre, le sel ou le vinaigre. « Elles n’étaient pas utiles, surtout au moment où le consommateur cherche à prendre le pouvoir sur son alimentation. Il ne veut plus déléguer aux autres la date limite pour consommer un produit. Il veut pouvoir le sentir, le goûter et décider lui-même s’il est bon ou pas », explique Bertrand Swiderski, directeur du développement durable du groupe Carrefour.

L’enseigne a également allongé de sept à dix jours la date limite de consommation (DLC) de ses yaourts natures et celle de ses brioches. « Il faut allonger les dates de péremption pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le changement s’est fait sans modifier la recette. Les tests faits avec les consommateurs montrent que les yaourts étaient toujours aussi bons », assure Bertrand Swiderski.

Les associations approuvent la démarche. « Pour que le consommateur s’y retrouve, il faut faire en sorte que les dates veulent dire quelque chose. Une DLC doit refléter un risque sanitaire. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas pour certains produits comme le yaourt », déplore Anne Legentil, conseillère technique à Familles Rurales.

Source EST REPUBLICAIN.

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