Catline, harcelée par ses “amies” jusqu’à la tentative de suicide, va dans les classes pour raconter son calvaire…

Selon les chiffres de l’Éducation nationale, environ un enfant sur dix serait victime de violences. Une association thionvilloise intervient dans les classes pour combattre le harcèlement.

Catline, 15 ans, une adolescente de Villers-la-Montagne, a été harcelée pendant 3 ans.

Elle témoigne.

Catline une adolescente de Villers-la-Montagne, raconte le harcèlement dont elle a été victime. / © Benoît-de-Butler, France 3 Lorraine

Devant des élèves de seconde du lycée Hélène Boucher de Thionville (Moselle), mardi 10 décembre 2019, une demi-heure durant, Catline, 15 ans, raconte son calvaire. Pendant trois ans, du CM2 à la 5e, elle a été la souffre-douleur de deux filles qui avaient une totale emprise sur elle – aujourd’hui encore, elle dit « mes amies » pour parler de ses tortionnaires…

« Je recevais des coups de pieds, des coups de poings, on me tirait les cheveux.  »
– Catline

Et puis elle subit les insultes et les moqueries, sur son physique.
« Elles disaient que j’étais grosse, que j’étais moche et que j’avais rien à foutre dans ce monde, clairement ». 

Une torture qui a commencée à l’école, et s’est poursuivie au collège. Elle y a retrouvé les mêmes « amies », auxquelles se sont joints d’autres élèves.
Quand vous entendez les mêmes insultes, les mêmes moqueries tous les jours, ça finit par rentrer dans votre tête, et au final on commence par y croire.
« Je me suis regardé dans une glace et je me suis dit, oui ils ont raison, je suis grosse et suis moche. Je n’ai rien à faire ici dans ce monde ».

En fin de 5e, Catline ira jusqu’à se taillader les veines. Ce n’est qu’à ce moment-là que ses parents découvrent la réalité de sa souffrance. Depuis, elle est scolarisée en Belgique. Les deux « meneuses » ont été exclues du collège mais d’autres ont échappé aux sanctions.

Les élèves de seconde qui l’écoutent ce matin là ont 15 ans, comme elle. Son histoire leur parle.
Certains ont connu la même solitude dans la honte et le silence. Pour un ado harcelé, il est très difficile de se confier à un adulte. Et l’effet de groupe fait que les élèves témoins de harcèlement choisissent, le plus souvent, de regarder ailleurs.

« La première fois que j’en ai parlé on m’a répondu ça va passer, et on n’ose pas en parler par peur que ça dégénère et que ça aggrave la situation », dit Ophélie, élève de seconde.

« Parlez de votre souffrance »

C’est pour briser cette mécanique du silence qu’une association de Thionville a invité Catline à venir témoigner dans les classes.
« Si j’ai un message à faire passer aux victimes de harcèlement c’est vraiment parlez-en, c’est très important et ne vous laissez pas faire. Surtout parlez en, que ce soit à vos proches, ou même à un adulte de l’établissement ».

Pour Catline, ces interventions sont une sorte de revanche. Une manière de se reconstruire aussi. Elle a toujours du mal à s’intégrer dans un établissement scolaire, souffrant d’une véritable phobie. Elle est suivie par un thérapeute.

Un jour Catline ira mieux. Elle pourra enfin commencer une autre histoire. En attendant, témoigner de son calvaire lui semble utile.
A 13 ans, elle a écrit un livre « Dans les yeux d’une harcelée » aux éditions Edilivre.

Pour aller plus loin :

Trois éléments caractérisent le harcèlement :

  • L’intention de nuire, de faire mal ;
  • La répétition dans le temps, parfois pendant plusieurs années ;
  • Le déséquilibre de la relation. C’est une relation d’emprise entre un dominant et un dominé. Déséquilibre amplifié quand les harceleurs se mettent à plusieurs. L’effet de groupe entraîne la « majorité silencieuse » dans une complicité active ou passive.

Des associations interviennent dans les classes pour expliquer aux élèves comment combattre le harcèlement. Apsis-emergence à Thionville propose des actions de prévention, de protection de l’enfance sur le département de la Moselle. L’association dispose d’un point d’accueil et d’écoute pour les jeunes en souffrance, rue de la Vieille-Porte à Thionville.

Un numéro de téléphone à retenir, le 3020, numéro d’écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes.
Le site du ministère de l’éducation nationale.

Source FR3.

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