Cancer de l’ovaire: un scandale français…

Dans de nombreux pays, la chirurgie du cancer de l’ovaire a été réservée à des centres spécialisés. Pas en France, aux dépens des malades. Agnès Buzyn veut y remédier. Il était temps.

Agnès Buzyn - chirurgie du cancer de l'ovaire.

Le sujet est passé presque inaperçu dimanche lors de l’intervention d’Agnès Buzyn devant le grand jury RTL-Le Monde. Pourtant, l’air de rien, c’est une petite bombe qu’a lâchée la ministre de la Santé. Interrogée sur l’opportunité de fermer certains services de chirurgie, elle a rappelé que « quand on ne fait pas beaucoup certains actes chirurgicaux, on les fait mal ».

Elle a notamment cité le cas de la chirurgie du cancer de l’ovaire: « Une activité qui devrait être soumise à un seuil », a-t-elle précisé. Une formule technocratique pour dire, en clair, qu’il faudrait interdire à certains services hospitaliers trop peu actifs dans ce domaine de continuer à prendre en charge des patientes.

Des chances de survie gravement compromises

Il était temps qu’un ministre de la Santé se saisisse enfin de ce dossier. Car la situation de la France en la matière est aujourd’hui scandaleuse, pour ce type de cancer mais aussi pour d’autres, comme L’Express le révélait déjà voilà un peu plus d’un an.

Or, depuis, rien n’a changé: selon les derniers chiffres disponibles, la majorité des 6000 patientes opérées l’an dernier d’une tumeur à l’ovaire l’ont encore été dans des centres trop peu spécialisés. Le problème? Il est très simple: cela compromet gravement leurs chances de survie. Dramatique, d’autant que ce constat est connu des autorités sanitaires et des experts médicaux depuis plus de dix ans, mais que les réformes nécessaires pour y remédier n’ont – jusqu’ici en tout cas – jamais été faites…

62% des patientes opérées dans des centres non spécialisés…

Une réglementation trop laxiste et peu respectée…

En France, le sujet est sur la table depuis longtemps. Depuis 2007, un volume minimal d’opération doit être réalisé pour qu’un établissement puisse maintenir certaines spécialités. Mais cette réforme avait été très difficile à faire passer auprès du corps médical et les autorités de l’époque avaient renoncé à être trop restrictives. « En gynécologie par exemple, ce plancher est de 20 opérations par an, mais cela regroupe plusieurs interventions très différentes: cancer de l’ovaire, mais aussi de l’utérus, des trompes, de l’endomètre, etc. » regrette un expert. Un dispositif qui ne permet donc pas de garantir la qualité des soins. Sans compter que ces seuils, déjà larges, ne sont même pas toujours respectés.

Il faudrait donc aller plus loin. « En instaurant un plancher à 10 opérations minimum, on passerait déjà de 568 établissements à 116. Mécaniquement, l’activité augmenterait dans ces structures. Ce serait déjà une première amélioration », plaide Jacques Meurette.

En réalité, l’Inca et la direction générale de l’offre de soins du ministère de la Santé planchent déjà sur ce sujet depuis plusieurs mois, avec pour objectif d’aboutir au plus tard pour 2019. Et pour cause: la question avait été inscrite dans le dernier plan cancer 2014-2019. Mais les résistances sont fortes, car les enjeux pour les chirurgiens comme pour les directions des hôpitaux concernés sont importants.

« Pour qu’une telle réforme puisse réussir, il faudra aussi que le tarif payé par la Sécurité sociale aux établissements ou aux chirurgiens soit réévalué, car cet acte, long et coûteux, est aujourd’hui trop peu valorisé. Et il faudra prendre garde à ne pas augmenter les délais d’accès au traitement, très délétères dans cette pathologie », avertit pour sa part Bertrand de Rochambeau, le président du syndicat des gynécologues et des obstétriciens de France. Une chose est sûre: une volonté politique forte sera nécessaire pour faire aboutir cette réforme.

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Source L’EXPRESS.

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