Angers : Théo Moreau, sélectionné pour le championnat du monde d’Ironman « Ma surdité me permet de rester dans ma bulle »…!

Son handicap l’a poussé à aller toujours plus loin.

Théo est sourd depuis ses deux mois, suite à une méningite. Ses études lui ont demandé beaucoup d’efforts.

Aujourd’hui, il met son énergie dans sa passion : les courses extrêmes.

Il ira aux championnats du Monde Ironman en 2021.

Théo Moreau a découvert la course à pied il y a seulement six ans, il aime aussi la natation et le vélo.

« La surdité, c’est dur à vivre » dit son père qui, lorsqu’il appelle son fils en vidéo, peine parfois à se faire comprendre. Même si Théo lit sur les lèvres.

Mais Serge est tellement fier de son garçon. Il est un peu son agent aujourd’hui et il le soutient tant qu’il peut. Alors, quand Théo a voulu participer à un Ironman, une course de l’extrême, il l’a suivi.

Pourtant, ce défi semblait bien présomptueux. Théo n’a découvert la course à pied qu’en 2014 en participant à une épreuve, à Chemillé, dans le Maine-et-Loire. Ça lui a plu. Vraiment.

Une volonté hors du commun

Né à Angers il y a 26 ans, Théo a survécu à une méningite lorsqu’il avait deux mois. Il en a gardé une surdité profonde et sans doute une volonté hors du commun.

Ça lui a servi pour son parcours. « J’ai beaucoup travaillé pour mes études, explique-t-il sur son site internet, avec mon handicap, cela me demandait plus d’heures de travail, c’est peut-être là que j’ai appris que la persévérance payait. »

Quant au sport, il a essayé d’abord le judo puis s’est mis au foot. « Il en faisait à Champtocé-sur-Loire, raconte son père. Mais il n’entendait pas les coups de sifflet de l’arbitre ni les consignes de ses coéquipiers. » Gênant.

Théo aurait pu se mettre aux échecs. Mais échec n’est pas dans son vocabulaire. Alors, Théo s’est tourné vers le sport individuel. La course. La course extrême.

Ironman, le but

Licencié à l’ASPTT Angers, il participe à ses premières compétitions. Les résultats arrivent vite, ils sont prometteurs. 2018, les premiers podiums. Théo termine 5 ème en course en ligne et 5 ème en contre la montre lors des championnats de France handisport .

Mais il veut aller encore plus loin et rêve de la course mythique des fondus de l’extrême, l’Ironman. Une compétition de triathlon très longue distance qui exige un bon niveau dans les trois disciplines, natation, vélo et course à pied.

« C’est la diversité de ce sport qui m’a plu, explique Théo, le dépassement de soi. »

Pour cela, il s’est adjoint les services et le soutien de « Méch », Antoine Méchin, un triathlète licencié aux Sables d’Olonne, champion du monde Ironman des 25/29 ans en 2018 , aujourd’hui devenu coureur professionnel et entraîneur de quelques jeunes motivés. En septembre 2019, Théo prend le départ de l’Ironman 70.3 (moitié de la distance d’un Ironman) de Cascais au Portugal. Il termine 56ème au général sur 3 000 participants. Et dire qu’il y allait juste pour tenter de finir la course !

On ne se refait pas. Théo a quand même une petite (grande) déception, il a raté de peu une qualification pour le championnat du monde des 25/29 ans. Ce ne sera que partie remise.

Le 6 septembre dernier, lendemain de ses 26 ans,  Théo est au départ de l’Ironman 70.3 des Sables d’Olonne et termine 4ème des 25/29  ans. Qualifié pour le championnat du monde Ironman 2021 à St George (Utah USA) !

Antoine, son entraîneur, lui a concocté un programme pour se mettre à niveau, le défi est ambitieux.

Théo Moreau à l'arrivée de la course Iroman des Sables d'Olonne en septembre 2020.

« C’est un gamin assez rigoureux, dit-il de Théo, et ce qu’il fait, il le fait avec beaucoup d’envie et de volonté. On travaille à distance, je lui donne toutes les séances qu’il doit faire chaque jour dans chacune des disciplines. »

« S’il termine dans les 40 premiers, ce sera vraiment bien ! »

Pour cet Ironman 70.3, Théo devra enchaîner 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21 kms de course à pied ! Il s’entraîne donc 15 à 20 heures par semaine.

« Le niveau de sa catégorie d’âge est très élevé, confirme Antoine Méchin. S’il termine dans les 40 premiers de sa catégorie, ce sera vraiment bien ! »

Théo avoue que son premier plaisir c’est de prendre le départ d’une course dans cette période d’annulations du fait du contexte sanitaire. « J’essaie de faire les séances d’entraînement dans des endroits que je ne connais pas, poursuit-il, pour les visiter en même temps, surtout en vélo. 150 kilomètres, tu vas assez loin ! »

« Ma surdité me permet de rester dans ma bulle »

Quant à sa surdité, Théo a réussi à en tirer une force. « Elle me permet de rester dans ma bulle, raconte-t-il, de rester concentré longtemps. Mais d’un autre côté,  je n’entends pas l’ambiance qu’il y a sur la course. Je regarde les gestes des spectateurs pour ressentir l’ambiance et trouver d’autres sources de motivation, de coups de boost. »

Pendant qu’il court, nage ou pédale, Théo dit ne penser à rien sauf à l’effort qu’il fournit. Il se focalise sur chacune des disciplines.

« Je ne pense pas qu’il va aller aux USA pour faire de la figuration » dit son père.

Faire de la figuation, ce n’est effectivement pas ça qui fait courir Théo.

Source FR3.
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