TÉMOIGNAGE. Quimper : Handicapé, il n’a pas reçu ses allocations depuis 4 mois…

Porteur d’un handicap de naissance, Bernard Tastet bénéficie d’une allocation pour payer l’aide à domicile.

Mais il ne la touche plus depuis le 1er mars, à cause de la lenteur administrative.

Quimper : Handicapé, il n'a pas reçu ses allocations depuis 4 mois

Il vit dans une jolie maison, perchée dans un vallon de Plonéis, près de Quimper (Finistère), entre la ville et la campagne. Mais Bernard Tastet, 60 ans, ne peut vivre seul : depuis qu’il est petit, l’homme souffre d’une infirmité motrice d’origine cérébrale. Seul, il ne peut pas s’habiller, manger ou se déplacer hors de chez lui. C’est à ce titre qu’il bénéficie d’une allocation pour financer l’aide à domicile : l’allocation compensatrice pour tierce personne, ACTP. « Tous les cinq ans, on doit faire une demande de renouvellement », explique-t-il.

Six mois en avance

Accoutumé aux délais de l’administration, il commence à faire se demande six mois avant la fin de ses droits. Nous sommes en septembre 2017. « La commission (de la Maison départementale des personnes handicapées, qui étudie chaque dossier) s’est réunie le 15 mars dernier. C’était déjà trop tard, car mes droits s’arrêtaient au 28 février. »

La commission prononce un avis favorable et transmet le dossier au Conseil départemental, pour le paiement. Nouveau contretemps : il leur faut un avis d’imposition et des justificatifs de salaire. Le Conseil départemental a égaré le dossier de Bernard. Nous sommes fin avril, cela fait deux mois qu’il n’a pas touché son allocation de 830 €.

Décidé à rester

Bien résolu à faire respecter ses droits, Bernard Tastet prend la route du Conseil départemental, accompagné de Thierry Duval, directeur de l’Association des paralysés de France, APF, en Finistère. « J’étais décidé à rester jusqu’à ce que je sois reçu », dit-il. Malheureusement, ce vendredi-là, personne n’est disponible, « et il n’y avait aucun élu ».

Finalement, lundi 11 juin 2018, il a reçu un courrier du Conseil départemental, assurant qu’une procédure d’urgence était lancée pour qu’il puisse percevoir au plus vite les 3 350 € manquants, soit 4 mois d’allocations.

Retard systématique

Bernard a une chance : celle d’avoir une compagne valide. Avec son salaire d’enseignante, elle assure les besoins du foyer et s’occupe de Bernard lorsqu’elle est là. « Ce retard est quasiment systématique, indique Thierry Duval, de l’APF. Les délais d’instruction de la Maison des personnes handicapées sont très longs. Cela met certains dans une situation embarrassante. »

« On a du retard, c’est réel, répond Delphine Bourdais, présidente de la Maison départementale des personnes handicapées du Finistère. La commission étudie 2 000 dossiers tous les quinze jours ! » Des « semaines de déstockage » ont été mises en place afin que les agents se consacrent uniquement à avancer les dossiers. En 2019, les démarchent devraient être informatisées.

Simplification administrative

Mais la présidente elle-même espère une « simplification administrative » avec, par exemple, certains droits accordés à vie pour des personnes dont le handicap n’évolue pas. « Quant aux moyens, je sais qu’on ne m’en accordera pas plus. J’espère juste qu’on ne m’en retirera pas. » C’est le Conseil départemental qui affecte des agents à la Maison départementale des personnes handicapées.

Bernard Tastet, lui, reste tenace. « Si je fais tout cela, ce n’est pas pour moi, c’est pour tous les autres. 

Source OUEST FRANCE.

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