HAS: un avis sans concession contre le remboursement de l’homéopathie…

Sans surprise, la Haute autorité de santé a rendu un avis négatif quant au bien-fondé de la prise en charge des médicaments homéopathiques par la Sécurité sociale.

HAS: un avis sans concession contre le remboursement de l’homéopathie

Très attendu, le verdict est enfin tombé: mandatée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour évaluer le bien-fondé du remboursement par la Sécurité sociale des médicaments homéopathiques, la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) «donne un avis défavorable», selon l’avis publié ce vendredi. À la charge d’Agnès Buzyn, désormais, de décider de mettre fin ou non à une exception bien française, notre pays étant l’un des seuls au monde à prendre en charge ces produits via l’assurance maladie obligatoire (à 30% en France). La ministre a indiqué à plusieurs reprises, pendant l’évaluation, qu’elle suivrait l’avis de la HAS.

«Le premier message que je veux adresser, c’est un message de respect aux personnes qui utilisent l’homéopathie. Il n’est pas question de contester leur expérience», a souligné Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS, en présentant l’avis vendredi matin. «La question dont nous avions à juger était: la démonstration de l’efficacité est-elle suffisante pour justifier du remboursement?» Cinq critères ont été pris en compte par les experts: la gravité des affections ou symptômes visés, l’efficacité des produits étudiés, leur intérêt pour la santé publique, leur place dans la stratégie thérapeutique, et leurs effets indésirables. À l’exception de sa non-dangerosité, l’homéopathie ne satisfait à aucun de ces critères. Après avoir très largement analysé la littérature scientifique disponible (21 revues systématiques de la littérature et méta-analyses, 10 essais contrôlés randomisés et 6 études concernant la consommation médicamenteuse, sélectionnées parmi plus de 1000 publications publiées depuis vingt ans, liste le rapport), et reçu les contributions de 29 parties prenantes (associations de patients, de médecins, Ordres nationaux, syndicats de soignants…), les experts estiment que l’homéopathie n’a pas démontré son efficacité.

«Aucune étude robuste n’a démontré la supériorité des médicaments homéopathiques par rapport à des traitements conventionnels ou au placebo»

C’est un tableau sévère que dressent les experts de la HAS: les principes de l’homéopathie «ne sont pas soutenus par les données actuelles de la science» et «aucun mécanisme d’action complémentaire à celui de l’effet placebo n’a été démontré», écrivent-ils. Pour 24 affections ou symptômes cibles étudiée, «aucune étude robuste n’a démontré la supériorité en termes d’efficacité (morbidité) des médicaments homéopathiques par rapport à des traitements conventionnels ou au placebo», ni «aucun impact en termes de qualité de vie». L’étude EPI3, fréquemment brandie par les pro homéopathie, présente «plusieurs limites essentielles» qui ne lui permettent pas d’apporter des arguments en faveur du remboursement. Quant à un supposé risque de report vers d’autres médicaments plus chers et plus dangereux, «la Commission souligne qu’aucune donnée française n’est disponible pour documenter ce phénomène ou un effet délétère d’un éventuel déremboursement sur l’état de santé de la population française».

Ils rappellent d’ailleurs qu’un certain nombre d’affections ou symptômes, bénins et spontanément résolutifs, ne doivent pas appeler au recours systématique à un médicament, qu’il soit ou non homéopathique. De façon générale, l’avis «recommande de sensibiliser la population (prescripteurs et patients) à l’intérêt de l’abstention médicamenteuse dans les situations où ces mesures sont les plus adaptées, et de favoriser le recours aux approches préventives ou thérapeutiques ayant démontré la meilleure efficacité».

«Sensibiliser la population (prescripteurs et patients) à l’intérêt de l’abstention médicamenteuse»

Seule grâce accordée à l’homéopathie: «aucun effet indésirable grave n’a été identifié». Quant à ses vertus en tant que placebo, et à celles d’une prise en compte du patient dans sa globalité, les experts notent que «le temps d’écoute accordé au patient durant la consultation pourrait occuper une place prépondérante dans l’effet de l’homéopathie décrit par les patients et usagers. Par ailleurs, l’intérêt de l’utilisation d’un support thérapeutique tel qu’un médicament pour médier l’effet placebo n’a pas été démontré.»

Source LE FIGARO.

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