«Gilets roses»: les nounous protestent contre la réforme de leur indemnisation chômage…

Les assistantes maternelles redoutent de voir diminuer, ou de voir disparaître, leur allocation de retour à l’emploi. Quelques centaines d’entre elles ont manifesté ce samedi.

«Gilets roses»: les nounous protestent contre la réforme de leur indemnisation chômage

C’est une première pour Sandrine. Assistante maternelle depuis 11 ans à Sète, elle a prévu d’aller manifester ce samedi matin à Montpellier, avec sa poussette et un gilet rose, devant la permanence du député LaREM de l’Hérault. Comme de nombreuses autres gardes d’enfants à domicile, elle redoute de voir diminuer, pire, de voir disparaître son allocation de retour à l’emploi. «Cette indemnisation chômage est précieuse, car elle permet de compenser la perte d’un contrat lorsque l’un ou plusieurs des quatre enfants dont je m’occupe entre à l’école ou déménage. Ça me permet de ne pas mettre la clef sous la porte, le temps de retrouver un autre enfant à garder», confie cette mère de famille divorcée.

Actuellement, Sandrine, comme tous les salariés en situation de multi-emplois telles que les femmes de ménages, les assistantes de vie, ou encore les employés familiaux, peuvent, lorsqu’ils perdent un emploi, bénéficier d’une allocation-chômage (de 57 à 75% du revenu perdu) qui s’ajoute aux revenus des autres emplois conservés. Rien que pour les assistantes maternelles, sur près de 159.000 d’entre elles travaillant en 2015, selon les derniers chiffres de l’Unedic disponibles, les deux tiers cumulaient salaire et allocation. Leurs revenus mensuels, qu’elles cumulent ou non leur salaire et l’indemnisation Pôle emploi, étaient assez proches, autour de 1400 euros brut. «Aujourd’hui je vis tout à fait correctement de ce métier que j’adore, mais je m’inquiète pour la suite», avoue Sandrine.

Une pétition qui a recueilli plus de 62.000 signatures

Car cette indemnisation cumul emploi-chômage pourrait être minorée voir supprimée. Cette perspective alarme en tout cas les assistantes maternelles. Dans le document de cadrage envoyé aux partenaires sociaux en octobre dernier pour la négociation sur l’assurance chômage, le gouvernement a en effet estimé que «les règles de l’activité conservée peuvent conduire, dans certains cas, les personnes à bénéficier d’un revenu global très proche d’une activité à temps plein en cumulant revenu d’activité et revenu du chômage». Cette situation «mérite d’être corrigée, afin d’inciter davantage les personnes à privilégier les revenus d’activité», selon le document.

À l’heure actuelle, les négociations sur l’assurance chômage sont entre les mains des partenaires sociaux. Mais le syndicat FO redoute que l’État reprenne la main sur le dossier assurance-chômage, alors que le Medef a claqué la porte des négociations, avant de revenir à la table des discussions. «Le Medef veut déjà diminuer cette ARE. Mais, avec l’État qui veut réaliser 3 milliards d’économies sur trois ans, ça risque d’être pire. Il pourrait la supprimer», redoute Véronique Delaitre, du syndicat national des assistantes maternelles FGTA-FO, qui a lancé en octobre dernier une pétition contre ce point de la réforme. Elle a recueilli, à ce jour, plus de 62.000 signatures.

Vêtues de gilets roses ce samedi, les manifestantes arboraient des pancartes proclamant «Assmat en colère, non à la réforme du cumul emploi-chômage», ou «la précarité, c’est pas notre métier»

À l’appel de ce même syndicat, auquel se sont joints la CGT services à la personne ainsi que le collectif d’assistantes maternelles en colère, une vingtaine de rassemblements étaient programmés dans plusieurs villes de France ce samedi.

La mobilisation a rassemblé une centaine de personnes à Paris, devant le ministère des Solidarités, et une centaine à Rennes, où les manifestantes scandaient «Assmats en colère, on ne va pas se laisser faire!», selon des journalistes de l’AFP. Vêtues de gilets roses, les manifestantes arboraient des pancartes proclamant «Assmat en colère, non à la réforme du cumul emploi-chômage», ou encore «la précarité, c’est pas notre métier». À Bordeaux, quelques dizaines d’assistants maternels, beaucoup en gilet rose, ont formé une chaîne sur une place de la ville, a constaté l’AFP.

Source LE FIGARO.

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